La Commission européenne s’est alarmée mercredi de la dette publique italienne, un risque qui pèse, selon elle, sur toute la zone euro, mettant sous pression un gouvernement qui doit affronter des législatives au printemps prochain.
« Le niveau de la dette publique rend l’Italie particulièrement vulnérable. (…) Étant donné la taille de son économie, c’est une source d’inquiétude pour la zone euro dans son ensemble », a mis en garde la Commission dans une lettre adressée mercredi au ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoan.
La troisième économie parmi les 19 pays qui ont adopté la monnaie unique affiche en effet une dette publique extrêmement élevée: la deuxième plus importante de l’ensemble de l’Union européenne après celle de la Grèce.
Ainsi, selon les prévisions d’automne de la Commission européenne, présentées le 9 novembre dernier, la dette publique italienne culminait en 2017 à 132,1% du Produit Intérieur Brut (PIB), pour baisser légèrement à 130,8% en 2018, puis 130,0% en 2019. Un niveau bien supérieur à ce qui est stipulé dans les règles européennes: un ratio inférieur à 60% du PIB.
A titre de comparaison, la moyenne pour les pays de la zone euro s’élève à 89,3% du PIB en 2017, 87,2% en 2018 et 85,2% en 2019.
« Nous avons signé (avec le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, ndlr) une lettre il y a quelques minutes à Pier Carlo Padoan pour demander des clarifications », a précisé le commissaire européens aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse consacrée aux différents projets de budget des États membres de la zone euro.
Tout en soulignant « l’esprit de dialogue » de la lettre de la Commission, ce dernier a insisté sur le fait que « des écarts devaient être comblés ».
Dans leur missive, les deux hommes affichent leur intention « de réévaluer le respect du critère de réduction de la dette par l’Italie au printemps 2018 ».
« Un tel niveau de dette publique limite la marge de manœuvre pour faire des investissements plus productifs en faveur des citoyens », insistent les deux représentants de l’exécutif européen.
Fragilité du système bancaire
Réagissant à cette lettre, une source proche du ministère italien des Finances, se voulant rassurant, a déclaré: « Le gouvernement est confiant sur le fait qu’à travers un dialogue constructif avec la Commission européenne, les différents points de vue pourront être clarifiés, sans la nécessité d’avoir recours à des interventions ultérieures ».
Plombée par l’incertitude politique et les fragilités du système bancaire, l’Italie s’est moins bien remise que les autres pays de la zone euro de la crise financière.
Certes, la croissance économique est repartie, mais les prévisions de la Commission ne restent pas très bonnes: l’Italie devrait partager avec le Royaume-Uni le taux de croissance le plus faible de l’UE ces prochaines années.
En 2017, elle devrait en effet s’élever à 1,5%, puis retomber à 1,3% en 2018 et 1,0% en 2019. A titre de comparaison, dans la zone euro, la croissance est attendue à 2,2% en 2017, 2,1% en 2018 et 1,9% en 2019.
La semaine passée, des déclarations à Strasbourg d’un autre vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, sur « la situation italienne qui ne s’améliore pas » avaient enflammé la classe politique de la péninsule.
« Tous les Italiens devraient savoir quelle est la situation économique actuelle, quels sont les défis devant nous », avait averti le Finlandais, semblant mettre en doute la la sincérité du gouvernement de Rome.
Dans une interview au quotidien Corriere della Sera, un conseiller économique du gouvernement italien, Yoram Gutgeld, s’était indigné des propos de Jyrki Katainen, affirmant n’avoir « pas de leçons (à recevoir) de la part d’un monsieur qui insinue que les hommes politiques italiens mentent, qui nie une évidente amélioration des comptes et de l’économie dans une situation franchement pas facile ».
« L’Italie s’améliore selon tous les points de vue: déficit, croissance, dépense publique, créations d’emploi », avait plaidé le conseiller économique.
Le Quotidien/ AFP