Dudelange a rendu hommage, dimanche, aux volontaires des Brigades internationales, avec son habituelle commémoration devant le monument «No pasarán», sur les quais de la Gare-Usines.
Il faisait froid, dimanche matin, sur les quais de la Gare-Usines, 4 °C, tout au plus. Et le vent qui soufflait donnait une sensation thermique encore inférieure. Heureusement, le temps était sec et le soleil au rendez-vous, au-dessus du discret monument «No pasarán», réalisé par Lucien Wercollier et inauguré le 8 novembre 1997.
C’est là, depuis lors, tous les mois de novembre, qu’on rend hommage aux volontaires des Brigades internationales. Composées d’antifascistes ayant rejoint l’Espagne lors de la guerre civile pour se battre du côté des républicains, ces brigades ont attiré quelque 35 000 volontaires – dont 500 femmes – en provenance de 53 pays. Parmi eux, 102 Luxembourgeois, 27 Dudelangeois.
Le bourgmestre de la Forge du Sud, Dan Biancalana, est présent à la cérémonie, tout comme ses prédécesseurs à l’hôtel de ville, Alex Bodry et Mars Di Bartolomeo, et la majeure partie de son collège échevinal. Également présents, les drapeaux du KPL et celui des Combattants volontaires luxembourgeois des maquis de France (composés, à l’époque, par d’anciens des Brigades internationales et dont il ne reste que trois survivants). Et puis, surtout, de nombreux Espagnols.
C’est Paca Rimbau qui s’est principalement exprimée, lors de la cérémonie, en sa qualité de présidente des Amis des Brigades internationales Luxembourg. «On commémore toujours le départ des Brigades internationales vers l’Espagne, souligne-t-elle. Là, cette année, c’est un peu spécial, car on pense à la dissolution des Brigades il y a 80 ans. Car, parmi les personnes parties du Luxembourg, et en particulier de Dudelange, beaucoup ne sont jamais rentrées.»
«Sacrifiés pour la paix et la liberté»
«Ces gens étaient animés par l’esprit de liberté et d’espoir, ils ont rejoint le front avec d’autres camarades, femmes et hommes courageux, pour défendre, dans un esprit internationaliste, la République légitimement élue, après le coup d’État militaire», a noté pour sa part le bourgmestre. Des gens «armés du désir de justice» qui «se sont sacrifiés pour la paix et la liberté». «Par notre présence, nous perpétuons cette mémoire et cette aventure des Brigades internationales, leur quête de solidarité, d’humanité, de fraternité et de tolérance», poursuit l’élu qui n’hésite pas à rappeler que, malgré les 80 ans qui sont passées depuis lors, l’Espagne n’a pas encore totalement dépassé les déchirures nées de sa guerre civile, comme l’a prouvé la récente demande du gouvernement espagnol de déplacer la tombe de Francisco Franco de la «Vallée de ceux qui sont tombés».
Quatre-vingts ans après la dissolution des Brigades internationales, il reste donc fondamental, selon Paca Rimbau, «de garder l’esprit de résistance, l’esprit de solidarité, l’esprit d’internationalisme». D’autant que, semble rebondir Dan Biancalana, «leur enseignement reste d’actualité». «Si ces valeurs sont certes bien ancrées en nous, elles ne sont pas partagées et vécues nécessairement dans d’autres pays : la Hongrie, la Pologne et l’Italie d’aujourd’hui en témoignent.»
Pablo Chimienti