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Brexit : May reçoit Juncker pendant que l’UE durcit sa position


Theresa May (d) et Jean-Claude Juncker (g), le 3 février 2017 à La Valette (Malte). (Photo : AFP)

La Première ministre Theresa May reçoit mercredi à Londres le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker pour des discussions sur le Brexit au moment où l’UE durcit sa position sur les conditions de sortie des Britanniques du giron européen.

Jean-Claude Juncker, invité par la dirigeante conservatrice, sera accompagné par Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne. La rencontre aura lieu à quelques jours d’un sommet des 27 à Bruxelles destiné à fixer les lignes rouges dans les négociations.

Autour d’un dîner de travail à Downing Street, les trois responsables discuteront du «processus des négociations de l’article 50», a indiqué une porte-parole de la Commission, Mina Andreeva. Il s’agira de la première rencontre entre Jean-Claude Juncker et Mme May depuis le déclenchement le 29 mars de cet article, point de départ de deux ans de négociations à l’issue desquelles le Royaume-Uni fera ses adieux à l’UE.

Depuis son activation, plusieurs hauts responsables européens se sont succédé dans la capitale britannique: le président du Parlement européen Antonio Tajani, la semaine dernière, et le président du Conseil européen Donald Tusk, le 6 avril. Ce ballet diplomatique montre que le Royaume-Uni envisage «les négociations d’une manière constructive et avec bonne volonté», a assuré mardi le porte-parole de Theresa May.

La cheffe de l’exécutif britannique a déjà indiqué qu’elle souhaitait conserver une relation «spéciale» avec l’UE, tout en optant pour ce qui est généralement présenté comme un Brexit «dur» incluant notamment la sortie du marché unique. Mais l’affaire est loin d’être pliée, comme l’a rappelé la commissaire européenne au Marché intérieur et à l’industrie, Elzbieta Bienkowska, qui a déclaré, dans le journal allemand Die Welt, que Londres ne pouvait avoir «le beurre et l’argent du beurre».

Des compromis « nécessaires »

Signe des complications à venir, l’UE a durci sa position sur plusieurs dossiers clefs -les droits des citoyens après la sortie du Royaume-Uni, l’avenir des services financiers et la facture du divorce-, comme le montre un projet d’«orientations de négociations». L’UE, qui a fait de la défense des droits des citoyens de l’UE au Royaume-Uni (et inversement des ressortissants britanniques dans le reste de l’UE) l’une de ses trois priorités, cherchera à garantir «le droit d’acquérir la résidence permanente» pour les personnes ayant vécu légalement cinq ans sur le territoire britannique, selon ce document.

Ce projet d’orientations de négociations est plus ferme également sur la question du secteur financier, que l’UE veut protéger de toute perturbation liée à la sortie de la City, principale place financière européenne, du marché unique. Quant à la facture que devra régler Londres en quittant l’UE, c’est l’un des dossiers les plus sensibles des négociations, Bruxelles ayant déjà indiqué qu’elle serait «salée». Elle a été évaluée côté européen à environ 60 milliards d’euros.

«Nous aurons des questions difficiles à régler. Des compromis seront nécessaires des deux côtés», a reconnu mercredi le ministre du Brexit David Davis lors d’un discours à Londres, tout en ajoutant: «Mais le Royaume-Uni a de bonnes raisons de se sentir optimiste». Le texte négocié à Bruxelles par les représentants des 27 Etats membres, dont une première version a été présentée fin mars, doit encore être finalisé jeudi en conseil des ministres, avant d’être signé samedi au cours du sommet extraordinaire des dirigeants, hors Royaume-Uni, dans la capitale belge.

Les États membres devront ensuite adopter des «directives» plus détaillées le 22 mai, lors d’une réunion qui confiera également au Français Michel Barnier son mandat de négociateur en chef pour les 27. L’UE espère entamer les négociations sur l’article 50 après les élections générales anticipées prévues au Royaume-Uni le 8 juin. Ce scrutin a été convoqué par Theresa May, qui espère en sortir renforcée pour négocier le Brexit.

Le Quotidien/AFP