Le développement de la place financière de Londres va « caler », a dit vendredi à la BBC le PDG de la banque américaine Goldman Sachs, très implantée au Royaume-Uni mais qui pourrait y réduire quelque peu la voilure.
Interrogé par la chaîne publique sur la remise en cause de la prééminence financière de Londres en Europe à cause du Brexit, Lloyd Blankfein a répondu qu’il ne croyait certes pas à « un total retour en arrière ». Mais la montée en puissance de la capitale britannique « va caler, son ampleur pourrait peut-être diminuer un peu, cela dépend d’un grand nombre de choses qui sont incertaines », a-t-il souligné.
Le gouvernement britannique va prochainement entrer dans le coeur des négociations de sortie du pays de l’Union européenne avec Bruxelles. Il prévoit de quitter le marché unique mais une inconnue réside dans le type d’accès que les banques installées au Royaume-Uni conserveront auprès du marché continental.
Les banques implantées dans le centre financier mondial de Londres se demandent notamment si elles conserveront l’utile passeport financier européen, qui leur permet actuellement de vendre leurs services dans tous les pays de l’UE comme si elles y étaient directement implantées.
Prévoyant des difficultés pour conserver un accès aussi libre à l’avenir, un certain nombre de banques ont fait part de leur projet de déplacer quelques milliers d’emplois hors de Londres et vers d’autres places financières européennes comme Francfort, Dublin, Luxembourg ou Paris.
Goldman Sachs a déjà prévenu qu’elle déplacerait des emplois, évoquant la création de centaines de postes ailleurs en Europe. M. Blankfein a certes tenté de rassurer sur l’engagement de sa banque au Royaume-Uni, où cette dernière emploie plus de 6.000 personnes. « Nous n’avons pas de plan énorme dans nos tiroirs pour l’instant, nous regardons, nous essayons d’éviter » d’avoir à prendre une décision drastique, a-t-il commenté.
Mais « si vous ne pouvez plus accéder à l’UE à partir du Royaume-Uni – et personne ne sait quelles seront les nouvelles règles -, le risque est qu’il y aura des ajustements qui entraîneront une moindre présence d’un certain nombre » dans le pays, a-t-il ajouté.
L’industrie financière emploie 2,2 millions de personnes au Royaume-Uni, soit 7% des salariés britanniques, que ce soit dans la banque, l’assurance et les services associés, selon le lobby bancaire TheCityUK. Londres en regroupe 750.000 à lui seul et accueille les sièges mondiaux ou européens de nombreuses banques britanniques et internationales.
Le Quotidien / AFP