Mercredi, un jour avant le Conseil européen, John Marshall, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Luxembourg, a plaidé pour un partenariat d’une forme nouvelle entre l’UE et son pays.
Le représentant de la Grande-Bretagne au Luxembourg a souligné le lien indéfectible entre son pays et le Vieux Continent.
Il y avait comme un symbolisme prémonitoire dans le fait qu’à la Maison de l’Europe, mercredi, un jeune homme arrivé plus tard prenne la place de John Marshall, l’ambassadeur du Royaume-Uni, quelques minutes après que celui-ci s’était levé pour présenter devant le public sa vision des négociations en cours sur le Brexit.
En effet, on ne sait pas encore qui va gagner quoi à l’issue de la future sortie britannique de l’UE, ni si les gagnants seront plus nombreux que les perdants. Toujours est-il qu’hier matin, au Conseil européen à Bruxelles, la Première ministre Theresa May, dans une lettre ouverte adressée aux trois millions de ressortissants européens installés au Royaume-Uni (lire aussi en page 10), a assuré qu’un accord serait proche sur leur statut après le Brexit, mais que la Commission européenne freinerait dans le but d’obtenir des concessions budgétaires de la part de la Grande-Bretagne.
C’était aussi le constat de John Marshall mercredi soir, qui ne voit de la part de l’UE aucun «engagement similaire» vis-à-vis des 1,3 million de Britanniques employés dans l’Union européenne. Au Luxembourg, la perspective pour bon nombre d’avocats et conseillers habitués à travailler dans un contexte transfrontalier serait arrivée «à son terme du jour au lendemain». Une situation que l’ambassadeur juge «not fair».
En effet, avant de discuter de futures relations commerciales, les 27 exigent des concessions financières plus substantielles de la part de la Grande-Bretagne. Pourtant, selon John Marshall, «la Commission sait que la Grande-Bretagne ne donnera de chiffres qu’à la fin des négociations».
Les «cerises» du partenariat à venir
Dissipant les peurs devant une éventuelle avalanche de régulations ou augmentations des taxes qu’entraînerait une sortie de l’UE, John Marshall a assuré que «cela n’aurait pas lieu», tout en estimant qu’un accord commercial serait le moyen le plus sûr pour l’UE d’éviter les «dégâts».
L’accord commercial à négocier devrait être plus profond et plus complexe que des accords similaires conclus avec le Canada, par exemple, a poursuivi l’ambassadeur. Dans le domaine sécuritaire, «les efforts ne vont pas décroître» et les sanctions communes en politique étrangère, concernant la Russie ou l’Iran par exemple, vont se poursuivre, tout comme les missions européennes ou onusiennes.
«Il n’y a pas de modèle existant», a lancé John Marshall. Par conséquent, c’est d’un partenariat «nouveau, sur mesure, et adapté à l’objectif» qu’on aurait besoin. Et ce, également dans le domaine des sciences et de l’innovation où un accord tout aussi ambitieux devrait être conclu entre l’UE et le «leader mondial» qu’est la Grande-Bretagne.
Finalement, il serait faux de parler de «cherry picking» (cueillette de cerises), a conclu John Marshall. Les cerises en question, après tout, ne seraient que les «fruits d’une collaboration excellente, savourée par tous les parties et qui devront faire partie des ingrédients du gâteau du futur partenariat».
Frédéric Braun