Un road trip pour Michel Wolter et ses copains, une visite au Brésil pour le couple Wiseler. La diaspora a été flattée cet été et c’est assez nouveau comme phénomène.
Quelques députés ont ainsi décidé de passer quelques jours de vacances, à leurs frais, en compagnie de la diaspora luxembourgeoise aux États-Unis et au Brésil. C’est le cas de Michel Wolter (CSV) parti avec tout un groupe à la rencontre des Américano-Luxembourgeois en s’offrant un road trip de 4 000 kilomètres en bus à travers cinq États fédéraux. Au menu, figurait la grande fête des Luxembourgeois à Belgium dans le Wisconsin, à considérer comme le clou du séjour. D’autres politiques, comme la ministre des Finances, Yuriko Backes, ou le député pirate Sven Clement, se sont rendus également à la grande fiesta luxembourgeoise de Belgium, un véritable pèlerinage, aussi populaire que celui de Fatima à Wiltz pour la communauté portugaise du Grand-Duché, quelques soutanes en moins.
Si l’on pouvait voir Claude et Isabel Wiseler sur l’une ou l’autre photo, leur participation a été de courte durée et ne faisaient pas partie du groupe. Le couple se trouvait aux États-Unis dans le cadre d’un voyage privé et en ont profité pour faire un crochet dans le Wisconsin avant de se rendre au Brésil, invités par l’association des citoyens luxembourgeois du Brésil, l’Associação dos Cidadãos Luxemburgueses no Brasil (ACLUX). Il y a quelque 28 000 Brésiliens qui possèdent la nationalité luxembourgeoise contre un peu plus de 3 000 Nord-Américains.
Un premier déplacement à Florianópolis
Ce n’est pas la première fois que les députés partent à la rencontre des communautés lointaines d’origine luxembourgeoise. En avril dernier, déjà, un groupe de députés avait fait un déplacement à Florianópolis, la capitale de la province brésilienne de Santa Catarina, déclenchant aussitôt un flot de critiques sur les réseaux sociaux en raison du coût économique et écologique du voyage. Les députés s’étaient tous empressés de déclarer que cette rencontre avec les néo-Luxembourgeois du Brésil était totalement justifiée, ne fût-ce que pour corriger quelques idées reçues sur leur pays d’origine.
Pour Claude Wiseler, cette visite à la diaspora établie au Brésil et aux États-Unis était une première. L’association avait réservé au couple un programme chargé de visites, de conférences, de rencontres avec les Luxembourgeois et élus locaux. «Je découvre à quel point ces descendants d’immigrés luxembourgeois portent un intérêt énorme à leur pays d’origine, au point d’écrire des livres sur leurs origines ou de retracer le parcours de leur famille», témoigne Claude Wiseler depuis la localité de Rio Negro où il achève ce voyage de quatre jours au Brésil.
Aucune obligation de vote
Il a pu observer que ces compatriotes lointains ont généralement «des bonnes situations» et sont «terriblement liés au Luxembourg». Pour le député chrétien-social qui découvre cette réalité tant aux États-Unis qu’au Brésil, ces rencontres sont enrichissantes à plus d’un titre. Accessoirement, avant les élections, ça ne fait pas de mal non plus. «Ils ne sont pas tous intéressés par les élections chez nous en revanche», assure Claude Wiseler. Pour les inscriptions par correspondance, la visite est un peu tardive, il faut le reconnaître. Les Luxembourgeois de l’étranger n’ont aucune obligation de vote, contrairement à leurs compatriotes au Grand-Duché.
Cela étant dit, ceux qui votent depuis le Brésil, veulent savoir ce que les politiques ont à leur dire. «Ils veulent surtout s’informer sur tout ce qui se passe au Luxembourg», explique le député qui a eu «des discussions politiques intéressantes avec des gens qui avaient faim de nouvelles».
130 000 Luxembourgeois vivant à l’étranger
Au programme figurait une rencontre à l’université de Rio Negro avec 200 jeunes, dont un certain nombre de Luxembourgeois, pour aborder l’histoire de la migration des Luxembourgeois vers le Brésil et vice versa. Le couple y a croisé des Weber, des Schmit et «une cinquantaine de noms de famille très luxembourgeois avec des prénoms très brésiliens».
Si aux États-Unis les descendants des immigrés luxembourgeois ont érigé un musée en l’honneur de leur pays d’origine, au Brésil, une association essaie de les réunir. «C’est drôle de voir des lions rouges partout dans des cafés et de répondre aux gens qui nous demandent si on est luxembourgeois, comme eux.»
Le député trouve matière à se réjouir au milieu de ces communautés éloignées qu’il découvre sur le tard. «Toutes les autres nations s’occupent de leur diaspora et nous avons quand même 130 000 Luxembourgeois qui vivent à l’étranger, que ce soit à Bruxelles ou à Brasilia», rappelle Claude Wiseler. Un chiffre suffisamment impressionnant pour que les politiques s’y intéressent de plus près.
«C’est une réalité et après les élections d’octobre, il faudrait qu’on en discute car cette diaspora peut apporter des richesses et ouvrir des portes et il faudrait valoriser ces atouts», conclut Claude Wiseler.
En revanche, son épouse Isabel, eurodéputée, a eu plus de fil à retordre pour faire briller les étoiles européennes dans son discours. Ses interlocuteurs n’avaient d’yeux que pour le Luxembourg et leurs racines. Le projet de paix européen était plus difficile à faire passer avec la guerre qui fait rage en Ukraine.