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Breivik va saisir la Cour européenne des droits de l’homme


Anders Behring Breivik, le 18 janvier 2017 à Skien en Norvège. (Photo : AFP)

Le néo-nazi Anders Behring Breivik, auteur d’une tuerie qui a fait 77 morts en 2011, va saisir la Cour européenne des droits de l’Homme sur ses conditions de détention après l’échec de ses recours en Norvège.

Maintenu pour des raisons de sécurité à l’écart des autres détenus, Breivik se plaint de son isolement. Il veut faire condamner l’État norvégien pour violation de la Convention européenne des droits de l’Homme qui bannit tout traitement «inhumain» ou «dégradant». Plus haute instance judiciaire du pays scandinave, la Cour suprême a éteint ses espoirs de voir sa plainte déboucher en Norvège en annonçant jeudi qu’elle refusait d’examiner son appel.

«Aucun des éléments de l’appel (…) n’a de perspective de gagner», a-t-elle fait valoir dans un communiqué. «L’affaire ne soulève pas non plus de questions sur l’interprétation de la Convention européenne qui n’aient déjà été suffisamment clarifiées par la pratique de la Cour européenne des droits de l’homme», a-t-elle ajouté.

Ayant épuisé tous ses recours devant les tribunaux norvégiens, le tueur d’extrême droite va saisir la Cour de Strasbourg, a aussitôt indiqué son avocat, Øystein Storrvik. «Nous avons toujours été préparés à ce que notre plainte devant les tribunaux norvégiens n’aboutisse pas», a-t-il déclaré. Breivik, aujourd’hui âgé de 38 ans, purge une peine de 21 ans d’emprisonnement susceptible d’être prolongée indéfiniment.

Le 22 juillet 2011, déguisé en policier, il avait traqué pendant plus d’une heure les participants à un camp d’été de la Jeunesse travailliste, piégés sur l’île d’Utøya, et abattu 69 d’entre eux, pour la plupart des adolescents. Un peu plus tôt, il avait tué huit personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo. N’ayant jamais exprimé de remords, il avait justifié ses crimes, les plus graves de l’histoire d’après-guerre en Norvège, par le fait que ses victimes embrassaient le multiculturalisme.

Soulagement

En prison, Breivik dispose de conditions matérielles confortables, avec trois cellules de 10 m2 chacune, toutes richement équipées. Mais, à la surprise générale, une juge de première instance lui avait donné raison en 2016 en jugeant que son isolement prolongé constituait une violation de ses droits. En mars, une cour d’appel a en revanche blanchi l’État, considérant que «Breivik n’est pas et n’a pas été victime de torture ou de traitement inhumain ou dégradant».

Le refus de la Cour suprême d’accorder un nouveau procès à l’extrémiste a été accueilli avec soulagement par les proches des victimes et les rescapés d’Utøya. «Bonne nouvelle aujourd’hui», a réagi le groupe de soutien aux familles des victimes. «Ses chances d’aboutir [à Strasbourg] sont microscopiques», a-t-il estimé sur sa page Facebook. «Bien», s’est aussi félicité sur Twitter l’ancien chef de la Jeunesse travailliste, Eskil Pedersen, qui avait échappé à la fusillade.

Chaque procès lié au drame est vécu douloureusement par les proches des victimes, a fortiori parce que l’extrémiste de droite tente souvent d’en faire une arène pour diffuser son idéologie et pour multiplier les provocations, à grand renfort de saluts néo-nazis ou de jérémiades sur le café froid et les plats cuisinés servis en prison. Près de six ans après le massacre, la Norvège cherche à refermer ce chapitre douloureux, et Breivik n’est plus aujourd’hui que rarement évoqué dans le débat public.

Nombreux sont ceux qui, à l’instar du groupe de soutien aux familles des victimes, taisent son nom et préfèrent le désigner comme «le terroriste», «le tueur de masse» ou encore «le tueur d’enfants».

Le Quotidien/AFP