Mobiliser habitants et communes autour de projets locaux porteurs de sens : c’est l’ambition de Boost Lokal Lëtzebuerg, initiative lancée cette semaine par le CELL dans le canton pilote de Capellen.
L’intelligence collective, voilà la clé pour amener les habitants des communes luxembourgeoises à reprendre la main sur l’économie locale et donner vie à des projets qui n’auraient sans doute jamais vu le jour sans cet accélérateur.
À travers son initiative Boost Lokal Lëtzebuerg lancée mercredi à Koerich, le Center for Ecological Learning Luxembourg (CELL) espère impulser une dynamique citoyenne en s’inspirant d’un modèle qui a fait ses preuves en Lorraine.
Depuis 2018, nos voisins français expérimentent en effet une nouvelle façon de créer du lien et de l’emploi à l’échelle locale, en incitant le grand public à concevoir ses propres solutions durables.
«L’idée est de rassembler citoyens et acteurs du territoire pour changer nos vies, là où l’on vit», résume Eric Marion, animateur au conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, invité pour présenter le concept. «La démarche vise la création et le développement d’activités éthiques, responsables et à impact, grâce à l’élan collectif.»
Et ça marche. En cinq ans, ce mouvement – appelé Start Up de Territoire côté français – a séduit de nombreuses villes de l’Hexagone, mobilisant plus de 13 000 personnes et créant 411 emplois issus de 238 projets.
«À Nancy, on a plusieurs exemples de réussite entrepreneuriale : un service traiteur qui propose des plats sains à partir de produits 100 % locaux, une coopérative funéraire transparente et engagée, ou encore une recyclerie créative», liste-t-il.
«Les nouvelles générations ont de plus en plus la volonté de s’engager»
De quoi faire rêver la vingtaine de participants présents, sensibles à la transition vers une économie plus solidaire et durable. Pour l’instant, seules les 13 communes du canton de Capellen font partie du projet, mais dès 2024, Boost Lokal Lëtzebuerg s’étendra vers l’est, du côté de Junglinster et Grevenmacher. Les autres cantons suivront dans les prochaines années, indique le CELL, qui veut ratisser large et compte pour cela sur l’appui des communes.
Certaines avaient d’ailleurs fait le déplacement pour ce premier atelier. «Dans nos petits villages, on manque de commerces, d’épiceries de proximité, alors que la population commence à vieillir.
Si un tel projet pouvait émerger, ce serait très positif pour nous», explique le conseiller communal LSAP de Hobscheid, Luca Colling, convaincu que la participation citoyenne va peser à l’avenir. «Les nouvelles générations ont de plus en plus la volonté de s’engager», constate-t-il.
«Les citoyens veulent exprimer leurs idées»
Steinfort s’intéresse aussi de près à ce nouveau concept importé de France : «Clairement, les citoyens veulent pouvoir exprimer leurs idées pour la vie locale. Et comme nos habitants viennent d’horizons culturels très divers, nous sommes toujours intéressés par ce qui peut favoriser le vivre-ensemble», explique Julie Even, responsable du service écologie de la commune.
Certains projets à impact se sont déjà concrétisés ces dernières années, comme Kilogram, un marché en ligne de produits alimentaires bios, locaux et sans emballage, conçu et géré par une habitante.
Lors des discussions, les participants ont été nombreux à pointer pêle-mêle le développement local, l’importance des petits commerces ou la nécessité de rompre l’isolement et de s’orienter vers davantage d’inclusion, parmi leurs envies pour le futur. L’emploi en milieu rural et le made in Luxembourg sont aussi ressortis.
Dès 2024, le CELL va multiplier les appels à idées pour Boost Lokal Lêtzebuerg via des ateliers dans les communes du canton de Capellen qui fait office de pilote. Puis, viendra une phase de cocréation, avant l’accompagnement concret des projets à naître.