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Bonnevoie : le policier qui a tué un automobiliste face aux juges


L’automobiliste avait fini sa course contre un arbre de la place Léon-XIII. (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

Un procès attendu depuis quatre ans débute ce mardi : celui du policier qui a abattu d’une balle dans la tête un automobiliste à Bonnevoie.

Le 11 avril 2018, un policier abattait un automobiliste d’une balle dans la tête à travers le pare-brise de sa voiture. La légitime défense avait été évoquée à l’époque. Un long procès qui débute ce mardi devra entre autres déterminer si ce tir était la seule réaction possible.

C’est l’histoire d’un contrôle de police qui tourne au drame. Des agents postés près de la piscine de Bonnevoie veulent contrôler une voiture immatriculée au Luxembourg. Son chauffeur refuse d’obtempérer et s’enfuit par la rue des Ardennes où la voiture percute une camionnette en stationnement avant de poursuivre sa route jusqu’à la rue Sigismond.

Là, le prévenu fait signe au chauffeur de s’arrêter. Ce dernier fait mine d’obéir, fait marche arrière et fonce sur le policier – des traces de gomme au sol le prouvent – qui a tiré au moins deux fois. Deux douilles sont retrouvées. Une des balles a atteint l’automobiliste à la tête. Ce Néerlandais de 51 ans, connu des autorités judiciaires pour diverses infractions au code de la route, est décédé. Au moment des faits, il était sous le coup d’une interdiction de conduire.

Inculpé d’homicide volontaire

L’enquête menée par l’Inspection générale de la police (IGP) a été lancée et le policier a été inculpé pour homicide volontaire et coups et blessures volontaires onze mois près les faits.

Il est très rare au Luxembourg qu’un policier fasse feu et tue un homme. La dernière fois, c’était à Ettelbruck, le 31 juillet 2021. Un policier avait abattu le suspect d’un vol de voiture d’une seule balle. L’usage par un policier de son arme de service est réglementé par la loi du 28 juillet 1973. Elle dispose entre autres que le policier n’est autorisé à l’utiliser qu’en ultime recours ou en cas de «nécessité absolue». Soit en état de légitime défense. Les articles 416 et 417 du code pénal fixent qu’«il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou d’autrui».

La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg devra débattre de cette notion durant les semaines à venir.