TOUR DE COLOMBIE Le champion national a fait fort vendredi lors de la 4e étape. Il a remporté l’étape en finisseur et s’est porté en tête du classement général. Il reste deux étapes et la haute montagne, dimanche.
Très fort depuis le début de l’épreuve où il s’était mis au service de ses coéquipiers, Bob Jungels a pensé à lui, vendredi, et ses efforts ont porté leurs fruits. Le voilà leader du Tour de Colombie!
Non, ce n’était pas l’arrivée de… Liège-Bastogne-Liège, mais la foule, immense, était bien là, massée derrière les balustrades. Bruyant, passionné, ici le public est connaisseur et totalement épris de ces innombrables champions, qu’ils soient grimpeurs ou sprinteurs.
Le soleil cognait fort et comme lors de son succès dans son premier monument, en avril dernier, le champion national s’est retourné dans la dernière ligne droite pour constater que personne ne viendrait lui contester son succès. Il pouvait croquer de toutes ses dents dans une victoire prometteuse pour la suite de saison. Bob Jungels n’a pas boudé son plaisir! Toujours ça de fait…
Premier succès luxembourgeois en Colombie
Il s’agissait hier de son premier succès en Colombie, qu’il découvre cette année, le premier succès d’un coureur luxembourgeois dans ce pays, mais c’est évidemment purement anecdotique.
Ce qui ne l’est pas, c’est la force avec laquelle Bob Jungels s’est extirpé des griffes du peloton à partir du moment où il a joué son va-tout. On l’avait vu fringant et puissant depuis le début de la course, dès le chrono par équipes. Encore impressionnant lorsqu’il s’est mis au service d’Alvaro Hodeg (qui remporta la deuxième étape), puis de Julian Alaphilippe (troisième jeudi), avec à chaque fois un très gros travail sur le final des étapes.
Comme il le racontera après coup, il avait été décidé que Bob Jungels puisse justement jouer sa carte personnelle à l’issue de cette quatrième étape où le peloton évoluait en circuit avec une côte de quatrième catégorie à gravir.
Les attaques fusèrent. Longtemps la course restait incontrôlée mais souvent on pouvait repérer le maillot tricolore du champion du Luxembourg, qui reniflait le bon coup à prendre.
« Mes coéquipiers ont bien contrôlé les choses »
Lorsqu’il bondit, nous étions à l’amorce du dernier kilomètre et Bob Jungels a pris un malin plaisir à avaler le dernier attaquant. La tactique était bonne. Le physique du Luxembourgeois fit le reste. Il fonçait tête baissée vers l’arrivée. Il apprendra dans la foulée qu’il venait également de prendre le maillot de leader par le biais des bonifications accordées aux arrivées.
«Je suis heureux que l’équipe se porte si bien et j’ai remporté ma première victoire dans ce beau pays. Cela m’a surpris de voir cette étape décrite « pour sprinteurs », car elle comprenait une dure montée de 1,5 km que nous avons gravie à six reprises. Pour rendre les choses encore plus difficiles, l’échappée contenait des gars dangereux pour le classement général. Mes coéquipiers ont bien contrôlé les choses et m’ont assuré que je pourrais réussir sur le final, quand il ne restait plus beaucoup d’hommes rapides dans le groupe de tête», expliquait ainsi le coureur de Rollingen.
«C’est un bonus»
Bon, il sait qu’il ne doit pas s’illusionner en prévision de la grande étape de montagne de dimanche, où tant de grimpeurs colombiens rêvent de s’imposer. Ce ne serait peut-être pas la même chose en pleine saison, mais la raison lui impose de rester réaliste. Pas la peine de faire l’inventaire de tous les grimpeurs colombiens qui sont présents. Qu’ils s’appellent Uran, Martinez, Quintana, Lopez ou encore Bernal, lequel par-dessus le marché bénéficiera du soutien d’un certain Chris Froome, voici les noms les plus clinquants!
«Le maillot de leader est un bonus tellement spécial et je suis fier de le porter. Le plan est de l’honorer et de faire de notre mieux pour le défendre, mais ce sera difficile car les prochaines étapes sont très difficiles et de nombreux coureurs sont des grimpeurs plus forts que moi. Mais je me sens bien et, comme je l’ai dit, nous ferons de notre mieux», poursuivait-il ainsi.
Habitué des bons débuts de saison
Ce n’est pas le première fois que Bob Jungels s’exprime aussi bien en début de saison, puisqu’en 2016, il avait remporté la première étape du Tour d’Oman (qui débute samedi) alors qu’il s’agissait alors de son sixième jour de course. L’an passé, il avait terminé cinquième par exemple du Tour d’Algarve. C’est évidemment très encourageant et prometteur pour la suite de sa saison, où le coureur luxembourgeois visera à la fois Paris-Nice (10-17 mars) puis les classiques flandriennes, qu’il attaquera dès le Het Nieuwsblad (le 2 mars), puisqu’il rêve du Tour des Flandres (7 avril) avant de songer au Giro (11 mai-2 juin).
La 5e étape, samedi autour de La Union, fait 176,8 kilomètres. Le profil est montagneux, un avant-goût musclé du gros morceau, dimanche, avec une dernière étape qui arrive au sommet et dessinée pour les puces colombiennes. Mais, on le répète, ce qui est pris n’est plus à prendre. Bob Jungels n’aura pas fait le voyage pour rien!
Denis Bastien
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