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Blessures : enfants ou seniors, attention à la chute !


Les spécialistes estiment que, pour tous les hôpitaux du pays, 71 779 traumatismes sportifs ont été pris en charge entre 2013 et 2020. (Photo d’illustration : adobe stock)

Les traumatismes représentent une part importante des activités des services d’urgence luxembourgeois. Un rapport de la direction de la Santé et du Luxembourg Institute of Health (LIH) souligne les tendances de ces blessures qui peuvent se révéler mortelles.

Une mauvaise chute, un accident de la circulation ou encore un faux mouvement pendant une séance de sport, pas moins de 526 381 cas de traumatismes ont été traités dans les services d’urgence luxembourgeois entre 2013 et 2020. Le 10 avril, la direction de la Santé et le Luxembourg Institute of Health (LIH) ont publié le «Rapport sur les tendances des traumatismes et accidents au Luxembourg». Un document de 120 pages qui analyse en profondeur ces blessures du quotidien, leurs causes et leurs conséquences pouvant parfois aller jusqu’au décès. Objectifs de cette étude? Améliorer les stratégies de prévention et renforcer les mesures de sécurité publique au Grand-Duché.

Pour créer et alimenter cette conséquente base de données, la direction de la Santé a créé un système de surveillance nommé RETRACE. Celui-ci est implanté dans les quatre hôpitaux du pays disposant d’un service d’urgence. Inspiré de la base de données européenne sur les blessures (EU-IDB), il recueille des informations détaillées sur les causes et les
circonstances des traumatismes. À noter que les chiffres présentés ne sont pas des chiffres réels mais des estimations au niveau national.

Entre 2013 et 2019, les traumatismes représentaient la quatrième cause de mortalité au Luxembourg (7 %) derrière les maladies de l’appareil circulatoire (30 %), les tumeurs (28 %) et les maladies respiratoires (8 %). Durant cette période, leur nombre a globalement augmenté, avec un taux d’accroissement d’environ 14 %. Avec l’impact du Covid-19 en 2020, cette tendance a chuté brusquement avec une diminution du nombre de traumatismes admis dans un service d’urgence de 16 %.

Les 25-69 ans épargnés

Parmi la population, certains groupes sont plus touchés par les traumatismes que d’autres. Le rapport met en évidence la vulnérabilité des enfants, des adolescents, des jeunes adultes et des personnes âgées. Toutes ces catégories sont 1,4 à 1,8 fois plus à risque que les adultes de 25 à 69 ans.

Si l’on zoome sur les traumatismes subis par les enfants de 0 à 14 ans, on observe des différences quant aux lieux où se produisent ces blessures. La maison est l’endroit principal où se déroulent les traumatismes des 0-4 ans alors que ceux des 5-14 ans surviennent majoritairement dans une structure scolaire. Dans les deux cas, les chutes sont la cause numéro une des traumatismes (65 % chez les 0-4 ans et 49 % chez les 5-14 ans). Ces derniers entraînent majoritairement des lésions à la tête chez les enfants de moins de 4 ans et des contusions chez les 5-14 ans. Le rapport souligne que les traumatismes des 0-14 ans sont peu graves et engendrent peu d’hospitalisations.

Une diminution des visites aux urgences en 2020

Du côté des adolescents et des jeunes adultes (15-24 ans), les données laissent à voir que les hommes subissent plus de traumatismes que les femmes. Blessures durant une séance de sport, au travail, sur la voie publique ou encore à la maison, le genre masculin est 1,5 fois plus à risque de traumatismes que les femmes du même âge pour la période 2013-2020. Seules exceptions : les traumatismes auto-infligées (les suicides et les tentatives de suicide) concernent les femmes 1,3 fois plus souvent. Outre les genres, les 15-24 ans sont principalement touchés par des blessures dues au sport ou à des accidents domestiques et de loisirs.

Les personnes âgées représentent le dernier groupe de population vulnérable. Comme chez les enfants, ce sont les chutes qui sont le principal risque. Ces dernières se produisent, dans la majorité des cas, à la maison lors de soins d’hygiène corporelle (par exemple, glisser sous la douche ou dans la baignoire), lorsque la personne va aux toilettes ou encore quand elle dort. À noter que le taux d’hospitalisation à la suite d’un traumatisme chez les 70 ans et plus est très élevé et augmente avec l’âge.

Si 2020 a marqué une diminution des visites aux urgences pour toutes les catégories d’âge, les personnes âgées font ici figure d’exception. Pendant la pandémie, elles ont continué à se rendre aux urgences du fait, selon la direction de la Santé et le LIH, «de la gravité de leurs traumatismes qui peuvent être compliqués par un tableau clinique préalable de polypathologie nécessitant une consultation aux urgences contrairement au reste de la population».

Traumatismes mortels, les ados en première ligne

Représentant 7 % de tous les décès, les traumatismes tuent. Ils sont même la principale cause de décès entre 10 et 34 ans, hommes et femmes confondus. Les suicides représentent 22 % de ces traumatismes mortels. Vingt et un pour cent sont des chutes accidentelles et 14 % sont des accidents sur la voie publique.

Dès l’âge de 10 ans, les hommes sont plus à risque de décès par traumatisme que les femmes.  Dans l’ensemble, 61 % des victimes de blessures sont de sexe masculin. Les suicides sont responsables de 27 % des décès d’origine traumatique chez les hommes, suivis des accidents de la voie publique (18 %) et des chutes accidentelles (17 %). Des causes que l’on retrouve dans des proportions différentes chez les femmes, chez qui les chutes accidentelles sont à l’origine de 28 % des décès causés par un traumatisme. Suivent ensuite les suicides (15 %) et les accidents affectant la respiration (8 %).

Parmi toutes les catégories d’âge, ce sont les jeunes adultes et les adolescents (15-24 ans) qui sont les plus touchés par ces décès par traumatisme. De même que pour les 10-14 ans, il s’agit de la première cause de décès dans cette tranche d’âge. Les données pointent 74 % des décès des 15-24 ans causés par blessure. La direction de la Santé et le LIH expliquent ce chiffre par «des comportements à risque qui les exposent plus aux traumatismes».

Le foot, sport causant le plus de traumatismes

Si faire du sport apporte de nombreux bénéfices pour la santé, cette pratique peut également être synonyme de blessures. Dans ce rapport, la direction de la Santé et le Luxembourg Institute of Health (LIH) s’attardent sur les traumatismes causés par les activités physiques.

Le football arrive en tête des sports causant le plus de traumatismes au Luxembourg. Entre 2013 et 2019, 29 % des accidents de sport, tous sexes confondus, se sont produits en tapant dans la balle. Chez les hommes, ce pourcentage grimpe à 38 %, soit 18 500 cas. Chez les femmes, les accidents sportifs les plus fréquents sont liés à la pratique d’un sport équestre (11 % soit 2 471 cas) suivis de peu par la pratique du vélo (11  % soit 2 349 cas).

Derrière le football, se placent, hommes et femmes confondus, le vélo (14 % des accidents de sport), le basket (7 %), les sports d’hiver (6 %) puis les sports acrobatiques (4 %).