Le Luxembourg fait partie des 20 pays de l’UE qui ont validé, ce lundi, le cadre légal qui impose la restauration des écosystèmes abîmés. Les ONG jubilent après un long combat.
Ils sont montés au front dans l’espoir d’enfin pouvoir crier victoire. Lundi matin, l’association natur&ëmwelt et le Mouvement écologique ont mené, au nom de la coalition paneuropéenne #RestoreNature, une action symbolique devant le centre de conférences du Kirchberg où étaient attendus de pied ferme les ministres européens de l’Environnement. À l’ordre du jour figurait notamment un vote visant à adopter définitivement le règlement sur la restauration de la nature, un des éléments clés du Green Deal. Avant la réunion, un résultat positif était encore peu probable au vu de l’opposition de huit États membres.
Le Luxembourg ne faisait pas partie des pays récalcitrants, même si les eurodéputés du CSV avaient activement participé à l’édulcoration du cadre législatif, validé par le Parlement européen en février. «Le temps est venu pour les ministres de prendre leurs responsabilités. La grande majorité des citoyens européens souhaite voir cette loi adoptée», a clamé lors d’un premier tour de table le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes (CSV).
Volte-face décisive de l’Autriche
Auparavant, le représentant luxembourgeois s’était «explicitement» engagé en faveur du règlement européen auprès du collectif d’ONG, avec ses homologues espagnol, irlandais, lituanien, roumain et tchèque. «Avec succès», se félicitent natur&ëmwelt et le Mouvement écologique dans un communiqué. Il aura cependant fallu une volte-face de la ministre autrichienne, Leonore Gewessler, pour que le texte soit finalement validé. Elle a voté pour le texte alors qu’au départ son pays se trouvait dans la liste des opposants.
Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, n’a pas tardé à qualifier d’«illégal» le vote et a annoncé l’introduction d’«un recours en annulation» devant la justice européenne. Le Belge Alain Maron, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a estimé qu’il s’agissait d’une «querelle interne» à l’Autriche, seul comptant le vote des ministres. En fin de compte, une majorité de 20 pays représentant 66,07 % de la population a officiellement approuvé le règlement européen. Le minimum aurait été 15 pays représentant 65 % de la population.
De son côté, le collectif #RestoreNature évoque, dans un communiqué, «une grande victoire pour la nature européenne et les citoyens qui demandent depuis longtemps des mesures immédiates contre le déclin alarmant de la nature». Désormais, les États membres sont appelés à «mettre en œuvre correctement et sans délai cette législation dans leur pays, en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes».
Car, rappelle l’alliance, le règlement «a connu l’un des voyages les plus tumultueux de l’histoire de la législation européenne. Après avoir survécu à une campagne de désinformation absurde et sans précédent visant à faire échouer» ce cadre réglementaire. Pourtant, au cours des dernières années, «plus d’un million de signatures et de messages de citoyens, des appels répétés de plus de 6 000 scientifiques, de plus de 100 entreprises, d’organisations de jeunesse et de la société civile de nombreux secteurs ont été recueillis pour défendre le droit et l’intégrité du Green Deal européen», rappelle #RestoreNature.
Wilmes et Metz défendent le texte
L’impact du texte en milieu rural avait suscité une violente bataille politique l’an dernier. Les eurodéputés de droite y voyant une menace pour la sécurité alimentaire. Cela avait nourri la colère agricole début 2024 malgré les vastes flexibilités introduites. «On ne peut pas nous dicter d’en haut comment gérer notre exploitation : si on croit aider la nature sur ordre, ça ne marche pas», a réagi lundi le principal syndicat agricole allemand.
«Des écosystèmes sains sont importants pour le climat, la biodiversité et l’agriculture. Ils contribuent à prévenir les sécheresses, les incendies et les inondations et sont essentiels à la sécurité alimentaire à long terme. Sans biodiversité, il n’y a pas de sol fertile, pas d’air pur et pas d’eau potable», rétorque dans un communiqué l’eurodéputée luxembourgeoise Tilly Metz (déi gréng). «Cette loi est plus que jamais essentielle d’un point de vue environnemental, économique et sociétal», renchérit le ministre Serge Wilmes.
Sont concernés les terres,
la mer et les habitats naturels
Le règlement européen, dont l’adoption est qualifiée de «victoire historique» par l’ONG environnementale WWF, impose d’instaurer d’ici à 2030 des mesures de rétablissement des écosystèmes sur 20 % des terres et espaces marins à l’échelle de l’UE, et de restaurer 30 % des habitats (zones humides, forêts…) en mauvais état.
D’autres dispositions visent à améliorer les critères mesurant la santé des forêts, à retirer des barrages sur les cours d’eau, à stopper le déclin des abeilles.
«Nous n’avons plus de temps à perdre. Actuellement, plus de 80 % de la nature en Europe est en mauvais état», rappelle Tilly Metz (déi gréng).