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Bilan des moissons : les prix des céréales en chute libre


La production de céréales a battu des records partout dans le monde cette année. Une mauvaise nouvelle pour les céréaliers luxembourgeois. (Photo : hervé montaigu)

La moisson a été excellente, mais les céréaliers luxembourgeois subissent la loi de l’offre et de la demande. Les prix de vente couvrent à peine les coûts de production, pourtant en baisse.

Un automne humide, un hiver doux et un printemps alternant épisodes de sécheresse et de pluie. Les conditions météorologiques étaient idéales pour une récolte supérieure à la moyenne tant du point de vue de la qualité que de celui de la quantité des céréales cultivées par les agriculteurs luxembourgeois. Pas de quoi se réjouir pour autant : les moissons ont été exceptionnelles dans le monde entier cette année. Cette offre mondiale record a entrainé une baisse des prix de vente et donc des recettes des exploitants, recettes couvrant à peine des coûts de production.

Voilà en résumé ce qu’il faut retenir du bilan des récoltes 2025 effectué vendredi matin au siège de la coopérative paysanne (Bauere Kooperativ) à Hosingen en présence de la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, ainsi que de représentants des Moulins de Kleinbettingen, De Verband Group et de la Lëtzebuerger Saatbaugenossenschaft. «Les prix de vente sont misérables. Le déficit est moins creusé que les années précédentes, grâce aux coûts de production en baisse. C’est particulièrement le cas pour la production de blé», a résumé Martine Hansen. «Si les agriculteurs n’obtenaient pas de primes, ils crouleraient sous les dettes. Cette situation est la preuve que ces primes délivrées par l’Union européenne sont vitales pour que l’Europe puisse continuer à produire des aliments.»

«Nous avons besoin d’un budget européen dédié»

La ministre compte le rappeler à ses homologues européens la semaine prochaine lors d’un conseil des ministres. «Nous avons besoin d’un budget européen dédié, si nous voulons soutenir la rentabilité de la production de certains produits alimentaires en Europe», a-t-elle ajouté. «Nous avons besoin d’un politique agraire forte pour conserver notre souveraineté.»

Seule la culture des produits de niche comme le colza, l’avoine et l’épeautre, se porte bien et connaît une «évolution de prix positive» allant jusqu’à la rentabilité. Contrairement aux pommes de terre, elles aussi victimes du succès de leur rendement abondant, les produits de niche sont moins dépendants du marché mondial.

L’avoine luxembourgeois est d’ailleurs intégré à de nouvelles céréales (muesli ou granula) made in Luxembourg par les Moulins de Kleinbettingen qui vont garnir les tables des petits-déjeuners à partir du 25 septembre prochain au côté de produits boulangers manufacturés avec des farines de blé la même provenance. Le blé «panifiable» a d’ailleurs connu une augmentation de 35 % par rapport à l’année 2024 pour atteindre un rendement d’environ 12 000 tonnes.

Restent, dans ce bilan, les récoltes fourragères devant à l’alimentation du bétail. Les quantités sont moindres, mais la qualité est supérieure à la moyenne.

Diversifier la production

Crises géopolitiques, marchés volatiles, coûts de production instables et effets du changement climatique compliquent la tâche des producteurs de céréales. En attendant une amélioration de la situation qui risque de tarder, la ministre a conseillé aux agriculteurs de diversifier leur production et de souscrire des assurances contre les pertes de rendement, dont les primes sont subventionnées à 65 % par son ministère.

La diversification des productions pour créer de la valeur ajoutée et diversifier l’offre ainsi que le soutien à la commercialisation des céréales par des infrastructures de stockage comme celle de la coopérative agricole de Hosingen permettraient de valoriser les produits locaux et d’être moins dépendant des prix des marchés mondiaux. Martine Hansen en est convaincue, la Politique agricole commune (PAC) doit continuer à soutenir les infrastructures locales de stockage.

Le Luxembourg compte plus de 130 000 hectares de surface agricole, dont la moitié sont des terres arables couvertes essentiellement de céréales (26 000 ha) et de fourrages (31 000 ha). La superficie restante est principalement composée de prairies et pâturages (68 500 ha) ainsi que de vignobles (1 270 ha). Le blé (froment et épeautre) est la culture principale de céréales (près de 13 000 ha), suivi de l’orge (5 300 ha), du triticale (4 700 ha) et de l’avoine (1 800 ha).

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