La police a dévoilé son rapport d’activité pour l’année 2024. Si les vols avec violence et les cambriolages diminuent, la tendance s’inverse pour les coups et blessures ainsi que pour les vols de véhicules.
Inauguré en fin d’année dernière, le nouveau commissariat Syrdall de Nierderanven a reçu lundi la visite de Léon Gloden, ministre des Affaires intérieures, venu présenter le rapport d’activité annuel de la police. Accompagné de Pascal Peters, qui a pris les rênes de la direction générale en juin dernier, de Kristin Schmit, directrice de la police judiciaire, et de Thierry Fehr, à la tête de la police administrative, il a dressé le bilan de l’année 2024.
Le premier constat se veut positif puisque les vols simples, de loin la plus importante catégorie d’infractions, est en baisse de 3,42 % avec 12 214 cas en 2024. Une tendance similaire est observée dans les vols avec violence (-11,12 % par rapport à 2023) et les cambriolages (-5,34 % pour les maisons vides et -3,75 % pour les logements habités).
Les escroqueries sur internet, «un vrai fléau»
En revanche, les coups et blessures volontaires (+ 5,46 %) ainsi que les escroqueries (+ 3,89%) sont en hausse. Pascal Peters nuance néanmoins cette évolution par le fait que les victimes sont de plus en plus enclines à se manifester. «On encourage les gens à porter plainte.» La situation est en revanche plus alarmante sur les vols de véhicules particuliers, alimentés par la criminalité d’approvisionnement, qui ont explosé de 37,56 % en un an. Les vols dans les véhicules, plus difficiles à combattre que les cambriolages, sont également en forte augmentation (+ 33.65 %).
Au total, le nombre d’affaires pour 100 000 habitants connaît une stagnation (6 005 en 2024 contre 6 018 en 2023) après plusieurs années de hausse ces dernières années. Le taux d’élucidation (47,3 %) conserve lui aussi des chiffres équivalent depuis 2022 (45,9 %) même si une baisse est à noter par rapport à 2020 (56,7 %). «Ce qui nous préoccupe aussi, ce sont les escroqueries par internet. C’est un vrai fléau depuis 2-3 ans, ajoute Pascal Peters. Une fois que l’argent est parti, il est difficile de le retrouver.»
Enfin avec 207 arrestations en flagrant délit et 37 % d’affaires traitées en plus, la lutte contre le trafic de stupéfiants a été renforcée au cours de l’année précédente.
Des bodycams à partir du 1er juillet
Léon Gloden a profité de la présentation du rapport annuel pour annoncer que les premières bodycams seront opérationnelles au mois de juillet prochain. Celles-ci se déclencheront automatiquement à partir du moment où un policier dégaine son arme à feu mais elles pourront aussi être activées par un agent afin de filmer une intervention si celui-ci le juge nécessaire.
L’IA bientôt au service des policiers
Pour mener à bien ses missions, la police grand-ducale a vu son budget augmenter de 12 % entre 2023 et 2024 pour atteindre les 437 millions d’euros (environ 1,63 % des dépenses de l’Etat). Un financement qui a notamment permis de continuer la modernisation des services qui se sont dotés, au cours de l’année dernière, d’un nouveau bateau, de drones et d’une nouvelle application facilitant les démarches. «En 2025, nous allons commencer à utiliser l’intelligence artificielle. C’est encore en projet mais elle devrait aider les agents dans leur travail au quotidien. Cela répondra à toutes les normes de protection des données», assure Pascal Peters.
Ces efforts de modernisation ont aussi pour but de favoriser les contacts avec les citoyens. Le projet pilote de police locale, déployée à Esch et dans la capitale, s’inscrit dans cette évolution. Satisfait de cette première expérience, qui a permis plus de 2 000 contrôles entre juillet et décembre, Léon Gloden compte la généraliser à d’autres communes. «Je viens de déposer le projet de loi. Cette fois, le projet pilote sera testé sur toute une région.» Cette présence supplémentaire a pour but d’offrir une meilleure accessibilité des agents au public tout en développant le sentiment de sécurité. «Une présence policière renforcée rassure les citoyens. Proximité vaut prévention.»
«L’un des principaux employeurs du pays»
Au 1er janvier dernier, 3 241 personnes travaillaient au sein de la police. Parmi eux 2 505, soit 77,29 % des effectifs, sont policiers dont 1 651 en contact direct avec la population. «La police est l’un des principaux employeurs du pays», précise le ministre des Affaires intérieures qui compte bien poursuivre les efforts de recrutement réalisés ces dernières années. L’embauche de nouveaux policiers et cadres civils reste l’une des grandes priorités du gouvernement qui a lancé une campagne afin de recruter près de 200 personnes. En 2024, le service a connu une augmentation nette d’environ 90 agents. Ce renforcement des équipes constitue, selon Léon Gloden, l’un des trois piliers qui doivent composer la police d’aujourd’hui aux côtés d’un équipement moderne et d’infrastructures adéquates.