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Emissions de CO2 : pour le Meco, le Luxembourg n’est pas sur la bonne voie


Le Meco déplore que certains secteurs comme le bâtiment ou l’industrie ne respectent toujours pas leurs objectifs de réduction de CO2. (Photo: archives editpress/fabrizio pizzolante)

Le Mouvement écologique est revenu sur la présentation tardive du bilan climatique 2024 par le gouvernement. Avec une grille de lecture bien différente.

Au début du mois d’août, le Mouvement écologique (Meco) étrillait le gouvernement pour son action climatique, dénonçant un décalage entre les objectifs fixés par la loi climat et les actes réels. L’association critiquait notamment la publication en retard du bilan provisoire des émissions de gaz à effet de serre de 2024, finalement arrivée le 1er août, mais aussi le «pragmatisme climatique» vanté par le Premier ministre Luc Frieden.

Un mois après, le Meco revient à la charge en livrant cette fois son analyse de ce fameux bilan climatique, beaucoup moins positive que celle de l’exécutif. Pour l’association, le constat est sans appel : le Luxembourg n’est pas sur la bonne voie. «Le fait que le ministère tente une nouvelle fois d’embellir cette situation dans des déclarations récentes à la presse est irresponsable et retarde la transition énergétique ainsi que la protection du climat, pourtant si urgentes – également d’un point de vue économique.»

Industrie et bâtiment, mauvais élèves

Certes, le Grand-Duché a bien tenu ses objectifs de réductions des gaz à effet de serre pour la cinquième année consécutive. Les émissions s’établissent à 6,77 millions de tonnes équivalent CO2, en baisse de 1,5 % par rapport à 2023 et de 12 % par rapport à 2018. Le pays reste ainsi 192 000 tonnes en dessous de son budget carbone annuel.

Mais pour le Meco, cette bonne nouvelle cache un problème fondamental bien plus important : certains secteurs dépassent encore les plafonds fixés. «Seuls les domaines de la mobilité et de l’agriculture respectent leurs objectifs en matière d’émissions. Dans les secteurs centraux que sont le bâtiment et l’industrie, mais aussi dans le domaine du traitement des eaux usées, les réductions nécessaires des émissions de gaz à effet de serre sont gravement manquées.»

«Une situation absolument intenable»

Plus en détail, depuis 2021 les émissions de l’industrie ont chaque année dépassé les valeurs fixées, atteignant en 2024, selon le bilan provisoire, un dépassement de 38,5 %. La situation est similaire dans le domaine du traitement des eaux usées : en 2021, les émissions y étaient encore de 2,1 % inférieures à la valeur cible annuelle, mais elles l’ont ensuite dépassée chaque année : en 2024, elles se situaient 9,2 % au-dessus. Dans le secteur du bâtiment, des réductions temporaires avaient pu être observées les années précédentes en raison de la crise et de la météo, mais en 2024 les émissions s’écartent à nouveau de 11,6 % de la trajectoire prévue.

Les chiffres ne sont pas plus encourageants sur le temps long. Entre 2005 et 2024, les réductions sont restées très en deçà des objectifs : les émissions de l’industrie ont même augmenté de 21 %, tandis que la réduction du secteur du bâtiment, –19 %, n’atteint même pas un tiers de la valeur visée. «D’ici 2030, c’est-à-dire dans à peine 5 ans, il faudrait donc réaliser des réductions très importantes : –65 % dans l’industrie et –45 % dans le bâtiment. Une situation absolument intenable !», souligne le Meco.

Une tâche de plus en plus douloureuse

Pour l’asbl, le Luxembourg doit à moyen et long terme respecter ses objectifs sectoriels dans tous ces domaines, et non les réviser à la baisse comme l’a évoqué le ministère de l’Environnement. «Les objectifs existants sont indispensables pour la protection du climat – ils ne paraissent «trop ambitieux» que faute de conditions politiques adaptées.»

Elle appelle donc le gouvernement à mettre en place des objectifs clairs et contraignants pour respecter ses engagements européens en matière de protection du climat, notamment dans les secteurs de l’industrie et du bâtiment. «Chaque année perdue conduit en effet à devoir rattraper les réductions manquantes en un laps de temps toujours plus court – avec des coûts sociaux, écologiques et économiques nettement plus élevés. Chaque année de retard rend la tâche plus difficile et plus douloureuse», conclut le Meco.

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