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Bike Day : la promotion du vélo chassée par ses défis


Des deux-roues de tout type ont arpenté l’ancien abattoir de Hollerich où se trouvaient des ateliers, des discussions et de la sensibilisation autour du vélo. (photo Julien Garroy)

L’évènement Bike Day organisé ce dimanche 1er juin dans l’ancien abattoir de Hollerich a réuni de nombreux acteurs locaux qui font état d’un engouement mais aussi de nombreuses problématiques.

Hormis deux voitures, le parking de l’ancien abattoir de Hollerich est vide en ce dimanche après-midi. Heureusement, pourrait-on dire, puisque la festivité du jour au Schluechthaus concerne un moyen de locomotion aux antipodes : le vélo. Depuis 10 h ce matin, de nombreux acteurs du milieu participent au Bike Day afin de promouvoir cette mobilité douce, de plus en plus mise en avant par le gouvernement et appréciée des Luxembourgeois. L’occasion également de parler vélo entre connaisseurs.

Les plus jeunes ont pu s’entraîner sur un parcours d’obstacles afin d’apprendre les règles et dangers de la route.

C’est le cas de Sophie*, habitante de Bonnevoie, venue avec ses enfants qui s’essayent sur le parcours d’obstacles encadré par les clubs de cyclisme SaF Zéisseng et La Pédale Mühlenbach. À deux-roues au quotidien «depuis toute jeune», elle «essaye d’inculquer aux enfants le goût du vélo», en allant par exemple dans des jardins de circulation aménagés afin qu’ils se familiarisent avec l’éducation routière. Les règles et les risques, Sophie connaît trop bien leur importance puisqu’elle a été victime d’un accident étant enceinte, percutée par un automobiliste qui voulait la doubler.

Bien qu’elle reconnaisse que les infrastructures soient «mieux aujourd’hui, sans être parfaites», elle déplore surtout le manque de civisme toujours d’actualité des automobilistes qui ne respectent ni le sas devant les feux rouges ni les couloirs dédiés aux vélos.

«Avoir un réseau sécurisé et complet»

Membre du bureau de l’ASBL ProVelo.lu dont il tient le stand, Tim Eastwood fait aussi état de failles dans le réseau cyclable national. «Les gens des Pays-Bas ou de Belgique disent toujours que l’infrastructure est horrible ici au Luxembourg mais si on demande à quelqu’un des pays du sud ou de l’est de l’Europe, ils sont très contents», sourit-il. Toujours est-il que l’association qui promeut le deux-roues est «beaucoup en contact avec le ministère de la Mobilité, les communes et les Ponts et Chaussées» afin de satisfaire tout le monde avec comme objectif en tête «d’avoir un réseau sécurisé et complet». La sécurité des usagers est notamment menacée par les nombreuses pistes qui s’arrêtent soudainement ou reprennent quelques mètres plus loin.

Afin d’y remédier, ProVelo.lu propose un catalogue de «quicks wins», des mesures simples et efficaces pour renforcer la sécurité des deux-roues, améliorer la qualité de vie des habitants et réduire le trafic automobile. Tim Eastwood salue par exemple l’instauration d’une zone limitée à 30 km/h dans tout le Limpertsberg à partir de juillet prochain. «C’est une bonne chose et nous aimerions que ce ne soit pas que dans un quartier mais dans toute la capitale et d’autres villes et villages du pays.»

En attendant, «nous encourageons tout le monde à faire du vélo, que ce soit au quotidien ou pour le loisir». De quoi faire les affaires de Pierre Linden, gérant de la boutique de LS-Sports à Schieren, qui constate que «depuis 2015 il y a une augmentation régulière du nombre de ventes, avec un pic durant le covid».

Des vélos pas tous écologiques

Le vendeur de vélos reconnaît notamment l’impact sur son chiffre d’affaires de la densité du trafic routier au sein et autour la capitale : «Ici, tu te déplaces plus vite à vélo qu’avec autre chose et l’avantage c’est qu’une fois arrivé, tu te gares devant la porte et il n’y a pas à tourner en rond pour trouver une place de parking». Qu’il soit classique, électrique ou cargo, le vélo se vend donc bien selon les dires de Pierre Linden.

Voici les pièces détachées du premier vélo conçu par Fuks à partir de matériaux récupérés.

Malgré l’envie de bien faire, acheter un vélo neuf n’est pas pour autant synonyme de geste écologique. «Il y a des études qui démontrent que pour certains vélos neufs, il faut environ deux ans et demi d’utilisation plusieurs fois par semaine afin de le rendre écologiquement neutre» prévient Fuks, fondateur de la société d’impact sociétal (SIS) UpCycle.earth. Cela s’explique par l’empreinte carbone de vélos souvent conçus à Taïwan, leader en la matière, ainsi que par l’utilisation de l’aluminium aux dépens de l’acier. «L’aluminium est une matière qui n’est pas organique et donc si elle se désintègre, elle intoxique l’eau et la terre autour, ce que l’acier ne fait pas.»

Motivé par l’envie de concevoir un vélo «propre», Fuks, de son nom d’artiste, a commencé il y a cinq ans en concevant son deux-roues à partir d’un cadre en acier des années 90 et des matériaux récupérés. Depuis, il fabrique sur demande des cargos avec sa SIS après avoir constaté «un manque de solutions locales et à partir de matériaux sains». «On ne réinvente pas le cadre, mais on réinvente la façon dont il est produit», dit-il modestement, tout en alliant recyclage et mobilité douce, soit «deux mouches d’un coup de tapette».

* Le prénom a été changé.

La Maison du vélo appelle aux dons

Situé dans le hall de la gare Belval-Université, la Haus vum Vëlo (Maison du vélo) est un lieu où ses bénévoles proposent des ateliers de réparation, prodiguent des conseils d’entretien, guident vers le meilleur achat et donnent des cours de vélo ou de vélo-cargo. Une partie recyclage existe également et permet à la Maison du vélo de revendre à petits prix des vélos remis en état. Sur ce point, l’association fait face à forte demande à laquelle ne peut répondre, faute de vélos suffisants. Elle en appelle donc à la générosité et aux dons de ceux qui conservent des vélos inutilisables.

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