Parcourez la ville au son de la voix des «mémés» de la communauté portugaise et découvrez leurs histoires au fil d’une promenade immersive, entre art et documentaire.
Lancé en avril dernier, le projet «Lovo» du Centre pour l’histoire contemporaine et digitale (C2DH) est désormais prêt à se dévoiler ! Combinaison des mots «love» et «avó» (grand-mère en portugais), il est dédié à la mémoire vivante des «mémés» portugaises et à la façon dont elles ont contribué à l’identité d’Esch-sur-Alzette au cours des 50 dernières années.
En effet, ces grands-mères jouent un rôle essentiel en tant que porteuses du patrimoine culturel immatériel, transmettant à la fois leurs connaissances, leur savoir-faire, mais aussi les pratiques traditionnelles, le folklore et la gastronomie à travers les générations. Dès samedi et jusqu’au 28 septembre, le public va pouvoir suivre une promenade commentée dans les rues de la Métropole du fer, à la découverte de ces récits à la fois personnels et universels.
À l’origine de cette création artistique pour la Biennale 2024 d’Esch – Capitale culturelle, la chercheuse Myriam Dalal : «À la suite de notre appel au printemps pour rencontrer des grands-mères lusophones, nous avons eu quelques retours, et le bouche à oreille a fait le reste», se réjouit cette passionnée d’histoire contemporaine. De quoi diversifier les profils des témoignages qui seront mis en scène durant toute une semaine entre le Brill et la Gare.
Tous les soirs, une visite d’environ une heure (inscription en ligne) mènera les participants sur les traces d’une poignée de «mémés» aux âges et aux parcours différents. Les confidences des grands-mères seront mises en lumière par les artistes visuels Duarte Perry et Marieke Leene dans six installations.
Leurs voix, captées lors des rencontres, guideront les spectateurs à travers le parcours nocturne, parsemé d’éléments clés évoqués en entretien et librement réinterprétés. «Je voulais absolument ajouter des extraits vocaux, pour que toutes les émotions soient vraiment restituées», précise Myriam, qui jouera le rôle de conteuse et de passeuse d’histoires en langue française.
Augusta, le Portugal dans la voix
Les grands-mères portugaises et cap-verdiennes qui se sont portées volontaires pour partager leur parcours jusqu’à Esch et raconter leur intégration, réussie ou non, ont entre 47 et 85 ans. «Certaines ont vécu ici, d’autres sont reparties. Il y en a qui disent s’être tout de suite senties chez elles, quand d’autres rapportent des difficultés, voire du racisme. C’est ce qui rend le projet intéressant : chacune a sa propre expérience du chez soi», souligne Myriam Dalal.
Parmi toutes ces histoires uniques, l’une l’a particulièrement touchée : celle d’Augusta. Originaire de Coimbra, elle a 19 ans en 1972 lorsqu’elle se marie. À peine deux mois après, la voilà qui débarque au Luxembourg. «Elle s’est rappelé à quel point elle s’était sentie seule à ce moment-là, avec le mal du pays. Elle trouvait que tout était si sombre ici, elle avait du mal à trouver ses marques», relate la jeune chercheuse.
«Elle a monté un groupe de musique et s’est mise à chanter.» C’est ainsi qu’elle a fait le tour de l’Europe, et toute la communauté portugaise s’est rassemblée autour d’elle. «Après avoir mis au monde son petit garçon, Augusta a voyagé partout dans le monde avec lui et son mari qui composait ses chansons. Son Portugal à elle était dans sa voix», sourit Myriam Dalal. Aujourd’hui, cette grand-mère ne chante plus que pour ses petits-enfants, mais le public aura la chance d’écouter ses belles mélodies lors de la visite.
Super chouette comme projet!