Le gardien de but differdangeois, qui affronte Mondercange ce week-end dans un match extrêmement déséquilibré, n’a aucun égal sur cette planète en termes de rendement.
On est sur du 0,238 but encaissé par match. Vous avez déjà vu ça, vous? En 2008, le F91 avait fini sa saison avec 12 buts encaissés en 26 matches. En 1997, la Jeunesse avait fait 11 buts en 22 matches. Et en 1957, le Stade Dudelange n’en avait pris que 14 en 22 journées. Felipe Ventura est loin, très loin, à des années-lumière : avec ses 5 minuscules buts subis en 21 journées, il brise tous les codes du genre. Et Differdange risque bien de finir non seulement champion, mais aussi littéralement hors catégorie au petit jeu de l’imperméabilité.
On parle beaucoup de la défense. Mais là, il s’agit aussi d’un gardien, âgé de 41 ans, qui a fréquenté les deux Ronaldo, est arrivé avec des envies de Ligue des champions et réalise un nombre de clean-sheets tel qu’on n’en a jamais vu au pays. Il ne pointe paradoxalement qu’à la cinquième place du classement des meilleurs gardiens de DN, mais après tout, c’est normal, se dit Pedro Resende : «Felipe, on ne le voit pas beaucoup à cause de la défense. En fait, nous, c’est surtout à l’entraînement qu’on le voit. Là, il est extraordinaire. Il fait des choses que tu penses des fois impossibles.»
Ses poursuivants ont (beaucoup) moins joué
Vu de l’extérieur, c’est sa moyenne de buts encaissés par match qu’on imaginait impossible. En fait, à la lumière des statistiques des gardiens des clubs professionnels du monde entier, il est même unique. Personne ne lui arrive vraiment à la cheville. Finn Dahmen, le gardien remplaçant d’Augsbourg, est le plus proche : 3 buts en 11 matches, soit une moyenne de 0,27. Mais sur moitié moins de rencontres. Vasko Vasilev (Gostivar, 4e de D1 macédonienne) pointe à 4 buts en 13 matches, soit 0,3 but pris. Munir El Kajoui (Renaissance Berkane, leader de D1 marocaine), 8 buts en 24 matches, c’est 0,33. Et ainsi de suite. Ventura a quelques concurrents disséminés un peu partout sur la planète, mais la plupart des garçons (souvent en Afrique, dans le Golfe ou en Amérique du Sud) qui gravitent dans le même nombre de rencontres jouées que lui sont au double de buts pris.
C’est bien simple : à l’heure actuelle, il est le meilleur au monde. Personne n’est aussi imperméable que lui et bien entendu, son coach attribue cette réussite «au bloc». Sans se mouiller sur ses chances de le voir rester au-delà de cette saison, puisque lui-même arrive en fin de contrat.
Mais voilà qu’arrivent les rencontres qui ont coûté non pas des points, mais des buts au FCD03, lors de la phase aller. Curieusement, contre des équipes de la deuxième partie de tableau. Mondercange, Hostert, Rodange, Wiltz… Ventura a des choses à montrer contre ces équipes-là, alors que sa défense devrait, d’une façon très humaine, desserrer l’étreinte dès que le titre sera acquis, ce qui devrait arriver dès la fin avril si tout continue de rouler de la sorte. «Mais on ne va pas se mentir, relève Marc Depienne, le coach de Mondercange confronté à «la bête». Ce serait déjà exceptionnel qu’on prenne un point.»