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[BGL Ligue] Valentin Steinmetz : «Je veux vraiment être un atout majeur»


Artisan majeur, avec trois passes décisives, du bon début de saison de Pétange (6e, 7 points) en BGL Ligue, le milieu français Valentin Steinmetz entend soigner ses statistiques pour guider le Titus vers le maintien qu’il vise officiellement. Et s’ouvrir les portes du monde pro.

Voilà une illustration parfaite d’un débat que les passionnés de football, qu’ils en soient acteurs comme Valentin Steinmetz (26 ans), ou suiveurs comme nous, peinent parfois à trancher : qu’est-ce qu’une passe décisive? Dans son esprit et celui de son club, le Pétangeois en a réalisé quatre cette saison.

Dans nos calculs, il n’en est qu’à trois, car Florik Shala a touché à de nombreuses reprises le ballon, dû fixer un adversaire et se déporter avant d’inscrire le 4e but du Titus contre Mondercange (6-0, 2e journée), le 11 août. Cela n’enlève rien à l’excellente entame de championnat du milieu français, qui a déjà presque égalé son total de passes décisives de la saison passée (4, contre 7 en 2022/2023). Et entend bien le dépasser largement, pour s’ouvrir enfin les portes du monde professionnel.

Les statistiques, c’est vraiment une chose à laquelle on prête attention quand on est, comme vous, un milieu plutôt travailleur ?

Valentin Steinmetz : J’y suis peut-être un peu plus attaché maintenant que par le passé. Je sors de deux belles saisons, où j’ai fini deux fois dans l’équipe type (NDLR : des internautes) de votre journal et eu beaucoup de consistance dans mes matches, mais il m’a peut-être manqué des stats pour aller plus haut.

Je suis ambitieux, j’ai vraiment envie de rejoindre des championnats professionnels, et je sais que ça a été un petit frein. Je dois passer un cap là-dessus. Après, ça dépend aussi de ce que le coach attend de nous. La saison dernière, on avait un trio offensif (Merk-Tekiela-Abreu) très efficace, donc j’étais plus important dans l’équilibre de l’équipe, l’anticipation de la perte de balle. Cette année, on joue avec un six et un huit plus défensifs que moi et j’ai davantage un rôle de détonateur.

Comment définiriez-vous ce rôle?

Dès qu’on me touche, c’est à moi de déclencher quelque chose, dès que c’est possible. Victor Trento, l’autre relayeur, me libère de certaines tâches défensives, ce qui me donne de l’énergie pour mieux me projeter. J’ai plus de responsabilités offensives, d’où le fait, aussi, que je regarde plus les statistiques. Lors de ma première saison avec Yannick Kakoko, j’étais un peu un pari, donc je n’en avais pas tant que ça. Mais la saison dernière, il attendait énormément de moi.

Il m’a donné beaucoup de confiance, confié les clés du jeu, mais c’est plus moi qui ai sous-performé par rapport à ce que je suis capable de faire offensivement. J’avais un blocage dans les trente derniers mètres. Cette année, les demandes de Filipe Ribeiro sont un peu similaires, mais j’ai un peu passé ce cap-là.

Les départs d’Abreu et de Tekiela ont fait mal, mais je les ai vus comme une opportunité de prendre de l’épaisseur

Après les départs hivernaux d’Abreu et de Tekiela, n’était-ce pas une obligation, justement, de devenir plus décisif?

Leurs départs ont fait mal, et j’en étais le premier déçu, mais je les ai vus comme une opportunité de prendre de l’épaisseur. Je me suis dit : « Val’, il faut que tu montres que tu n’es pas juste un lieutenant, que tu prennes tes responsabilités et portes l’équipe par moments ».

Je n’ai pas réussi à le faire lors de la phase retour, mais cette saison, je veux vraiment être un atout majeur, celui qui met les attaquants dans les meilleures conditions. Ce serait mentir de dire que je préfère une passe décisive à un but, car la sensation de marquer est toujours incroyable, mais je sais que là où je peux performer et être haut dans les stats, c’est avec les passes décisives. Vu que je suis bien parti, je me mets d’autant plus de pression dans ce domaine.

Qu’en pense Jérémy Mawatu*?

(Il rit) On n’en parle pas, mais ça dépend beaucoup de nos utilisations sur le terrain et de l’ailier avec qui on joue. Je joue « huit » à gauche, Jérémy est très offensif, et quand il faisait la paire avec Abreu, qui rentrait beaucoup, il avait l’occasion de dédoubler et de faire des passes décisives. Dans ces cas-là, c’est moi qui prenais la place de Jérémy. Là, on joue plus avec des ailiers de ligne, donc il a moins l’occasion de prendre le couloir.

Misez-vous sur les coups de pied arrêtés pour tenter de gonfler votre capital de passes décisives?

Till Hermandung a un très bon pied, Belmin Muratovic aussi, ce ne sera donc pas ma responsabilité cette saison. Mais ce n’est pas grave : j’aime aussi être dans la boîte et jouer les ballons de la tête, malgré ma petite taille (1,76 m). Ne pas les tirer me rendra la tâche plus difficile, mais si j’arrive à faire beaucoup de passes décisives, je pourrai être encore plus fier, car je ne les aurai faites que dans le jeu.

En parlant du jeu : comment décririez-vous la méthode Filipe Ribeiro?

Comme Yannick Kakoko, c’est un adepte du 4-3-3 pointe basse et du jeu de position, avec des latéraux qui rentrent à l’intérieur du jeu. Il met vraiment l’accent sur l’état d’esprit et le fait qu’à la perte de balle, la reconversion de toute l’équipe doit être immédiate. Pas question de dormir une ou deux secondes, on doit chasser tout de suite, et ça, pendant 90 minutes !

Certains coaches à la mentalité joueuse sont moins exigeants sur ce point, mais pour lui, la partie défensive est très importante. La preuve : on vient de faire trois clean sheets. Les efforts sont durs à faire et peuvent nous faire perdre en lucidité, mais on a fait une très bonne préparation physique, tout le monde a des jambes. C’est quand on a le ballon qu’on respire et qu’on récupère, grâce à des séquences de possession longues. Mais à domicile (6-0 contre Mondercange et 4-0 contre Bettembourg), on a su tuer les matches avant l’heure de jeu, après quoi on était plus en gestion.

Comprenez-vous, dès lors, qu’on ait du mal à croire que Pétange ne joue officiellement que le maintien?

Je comprends, vu nos résultats et l’attaque qu’on a, que de l’extérieur on pense ça. Mais à l’intérieur, l’objectif reste le même. On fait de bonnes choses, mais rappelez-vous de Mondercange l’an passé : ils étaient sur le podium en août et ont failli être relégués.

On a peut-être deux points de plus que prévu sur notre tableau de marche, mais la saison est longue. On a fait une bonne prépa, on a battu le Racing (1-3) et fait match nul contre Differdange (1-1) juste avant la reprise, mais Hesperange nous a rappelés à l’ordre d’entrée (4-0, 1re journée). Alors, on ne s’enflamme pas.

*Meilleur passeur du Titus et 3e meilleur passeur de BGL Ligue en 2023/2024 avec 8 offrandes.