Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Lentement, Niederkorn grignote son retard sur la tête et se reprend à rêver du titre, sous l’influence d’un coach qui même au Fola n’avait jamais été aussi efficace.
C’est fait! En gagnant à la Frontière contre la Jeunesse (0-1), dimanche, le Progrès a atteint son record dans ce siècle : neuf victoires consécutives en DN. La seule fois qu’il s’était offert un tel enchaînement magique, c’était en 2017 et c’était à cheval sur deux saisons. Inutile de dire, donc, que le club niederkornois surfe sur une vague comme il n’en a jamais connu avant et que sa dynamique a de quoi interroger ses ambitions, avec un tiers du championnat restant à jouer : peut-il redevenir candidat au titre?
Fut un temps, en novembre, où les Jaunards ont accusé quatorze points de retard sur le leader. Alors, parler de ce club comme d’un candidat au titre, même au passé, relevait de la blague. Mais depuis la reprise, à chaque fin de match, Jeff Strasser et ses joueurs font les comptes d’autant plus facilement que, eux, prennent tout le temps les trois points : «On regarde si on a raccourci l’écart en haut et si on l’a augmenté avec l’arrière», sans que le technicien dise vraiment laquelle de ces deux considérations l’intéresse le plus. Lui qui rappelle, à l’évocation de cette série, que son équipe «n’a encore rien entre les mains. Et gagner quelque chose, cela peut aussi… être européen». On irait donc que c’est plutôt son rétroviseur et Pétange, qu’il surveille.
Certes, mais une qualification, ça vaut un trophée? Pour un club qui n’a plus participé aux joutes continentales depuis septembre 2020, apparemment, oui. Il est quand même peu probable que ses dirigeants se contentent longtemps de cet objectif minimal au vu des courbes actuelles de forme des différents clubs du top 5.
Strasser prend plus de points qu’avec le Fola
D’ailleurs, l’homme qui porte cette énergie positive, Jeff Strasser, est lui aussi sur une «hype» à lui tout seul, telle qu’il n’en a même jamais connu au Fola, avec lequel il a pourtant conquis deux titres de champion tout en étant systématiquement européen. Son record de victoires consécutives avec le club eschois? Sept. Sa moyenne de points pris? Elle était de 2,13 lors de son premier passage entre 2012 et 2017 (166 matches) et de 2,06 entre 2018 et 2020 (49 matches). Aujourd’hui, avec beaucoup moins de recul, certes, son Progrès culmine à 2,16 points pris en moyenne. «Ah oui? C’est bien ces stats, je ne les connaissais pas toutes», sourit le technicien, qui se ressaisit vite : «Je ne veux pas me mettre en avant».
Pas même quand on constate que le nombre de départs majeurs avant ou pendant cette saison (Skenderovic, Alagbe, Ba, Ikene, Bohnert…) ne semble pas lui poser de problème et qu’il aurait le droit de se dire qu’il fait bien le travail? Pas même quand la plupart des coachs passés avant lui ont tous râlé à leur échelle quand la politique du club les privait régulièrement d’éléments majeurs et qu’ils ont, de fait, pris au moins 0,25 pt en moyenne de moins que lui (Stéphane Léoni et Paolo Amodio, les deux meilleurs, ont fait 1,91 pt)? «Mon travail, c’est de trouver des solutions, de faire en sorte que si un joueur disparaît, est blessé, est suspendu… son remplaçant soit aussi performant et maîtrise les principes de jeu. Certains aiment bien relire des mauvais résultats en parlant des absents, pas moi.»
Désormais, il faut battre Mondercange et Hostert – les deux prochaines adversaires – pour porter la série à onze et continuer à rêver d’un improbable retour pour être à la bagarre avec le F91 et le Swift au printemps. Onze victoires de rang, ce serait bien mieux, sur les dernières saisons, que le Fola et ses neuf succès consécutifs en 2021, sous Grandjean, et cela rapprocherait cette génération niederkornoise des quatorze à la suite du F91 de Fangueiro la saison passée. Pour info : il s’agit là des deux derniers vainqueurs du championnat.
