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[BGL Ligue] Turpel à la retraite parce qu’«ils vont me casser le tibia»


Fini le ballon de foot. (Photo : luis mangorrinha)

L’un des buteurs les plus excitants de ces quinze dernières années a annoncé hier la fin d’une carrière frustrante.

«J’aurais aimé que vous m’appeliez pour me parler du fait que je dépassais les 300 matches en DN, ou les 200 buts, mais une carrière doit toujours composer avec les blessures. J’étais sur le bon chemin pourtant…» Dave Turpel n’a pas la voix cassée du joueur ému, mais plutôt celle, rigolarde, qu’on lui a toujours connue, celle du bon vivant sarcastique pour qui le foot est un jeu, qui n’empêche pas l’ambition certes, mais un jeu quand même.

C’est que le garçon vient d’annoncer officiellement à son club de Bissen qu’il ne reprendrait jamais plus, que cette fois-ci, il fallait se résoudre à tirer le rideau pour de bon : trop dangereux pour sa santé de s’acharner, lui à qui un médecin avait déjà dit, il y a quelques mois, qu’il ferait mieux de choisir le vélo ou la natation, mais qui déteste et l’un et l’autre («si encore, il m’avait dit le basket…») et s’est donc acharné tant qu’il pouvait encore s’illusionner.

Mais Turpel, 32 ans, 51 sélections (6 buts), 22 matches européens (6 buts) et 186 rencontres de DN (122 buts), quatre titres de champion, quatre Coupes, un titre de meilleur buteur de DN (32 réalisations) en 2018, aura donc plié les gaules, de guerre lasse, au bout de deux saisons blanches avec le club nordiste, qui espérait pourtant fort parvenir à le remettre en selle.

La crainte du fauteuil roulant

Et il y avait matière à tenter le coup puisque ce garçon, véritable force de la nature, était quasiment programmé pour devenir l’un des meilleurs buteurs de l’histoire du pays. Il lui aura manqué la longévité, coupé dans son élan qu’il a été par un accident de la route en octobre  2020 qui l’a laissé plusieurs mois à l’hôpital, la colonne et la hanche en charpie. Il dira d’ailleurs à cette occasion : «Si je n’avais pas été jeune et sportif de haut niveau, j’aurais fini en fauteuil roulant» et ce n’était pas une vue de l’esprit. Il lui en a fallu, de l’acharnement pour se remettre en position de jouer au foot.

Mais finalement, sorti d’une grosse demi-saison à 11 bouts de match et deux buts (un doublé symbolique face au F91) avec le Progrès, lors de la saison 2023-2024, il n’aura plus jamais été que l’ombre de lui-même depuis ce drame personnel. Sans qu’on sache d’ailleurs si l’accumulation de pépins qui s’est ensuivie n’était pas une suite de conséquences directes de ce violent traumatisme. Une rupture des croisés juste avant la reprise en 2024, un genou qui gonfle mystérieusement avant celle de 2025 : finalement, Turpel aura ramé pendant cinq ans pour presque rien. «Et peut-être, oui, que tout découle de cet accident de voiture…»

Peut-être que oui, peut-être que tout découle de cet accident de voiture

Passons sur sa disparition logique de la sélection et sur le fait que les Rout Léiwen auraient eu bien besoin de lui pour épauler Gerson Rodrigues, voire pour le suppléer. Dans cette version conquérante du Luxembourg des dernières années, il serait sûrement devenu centenaire et pourrait facilement approcher la quinzaine de pions à l’international. «Mais je n’ai pas de regrets», assure-t-il.

C’est un problème de jambes arquées

Et maintenant? Rideau sur tout? L’ancien joueur d’Ettelbruck, où il explosé, du F91 où il passé un cap (allant jusqu’à marquer un but d’anthologie à San Siro contre le Milan AC, qui avait permis à Dudelange de faire un temps la course en tête face aux Rossoneri), l’éphémère Virtonais (6 buts en 25 matches de D2 belge, quand même), n’a jamais eu la tête du type qui allait rester aux affaires. Et il le confirme à demi-mots :  «Je me suis toujours dit que le coaching, ce n’était pas un truc pour moi. Aujourd’hui, j’imagine surtout le temps libre que je pourrai avoir. Un coach, c’est le premier arrivé et le dernier parti, c’est donc pire que joueur. Pourtant, j’en ai parlé avec un ami, récemment, pour une équipe en divisions inférieures. Mais je suis trop ambitieux pour ça. Je ne pourrais pas me satisfaire de ça.» Pour lui, ce sera donc… simple spectateur.

Mais avant les mains courantes, une bière à la main, il doit penser à sa santé. L’opération était fixée au 23 décembre. Dave a beau avoir multiplié les tête-à-tête avec les chirurgiens depuis son accident, il ne s’y habitue pas encore au point de sacrifier son Noël et son jour de l’an. Il a donc décidé de repousser à début 2026. On le comprend : «Ils vont me casser le tibia pour visser une plaque de titane et soulager mon genou. J’ai un problème de jambes arquées qui partent trop vers l’extérieur. La jambe gauche était déjà limite, mais la droite est encore pire. L’opération en elle-même fait un peu peur, mais ce que je voulais le plus éviter, c’est la suite : encore deux mois à marcher sur des béquilles.» Direction sa retraite bien méritée.

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