(5e journée) C’est un match qui passionne tout le pays, coachs compris. Pour le score, mais aussi pour le jeu.
Il y a un détail qui ne trompe pas sur l’énormité de la rencontre sans absolument aucun intérêt comptable qui se dessine : en général, la plupart des coachs de DN s’offusquent quand on essaye, un vendredi, de leur parler d’un autre match que le leur. Là, à l’évocation de la vampirisation de l’actualité par le derby differdangeois, pas un qui n’ait répondu, dans une franchise désarmante «ah mais c’est bien normal».
Oui, c’est normal. Et même pour le coach du Swift, Emmanuel Da Costa, qui en a vu d’autres puisqu’il a entraîné à Saint-Étienne, il sera normal, bien au-delà de l’intérêt purement tactique du duel, d’y faire un saut après Bettembourg – Swift : «Ce sont deux belles équipes structurées, équilibrées, armées. Moi, si je peux après notre match, plutôt que de retourner à la maison, j’irai voir un vrai beau match.»
Lui refusera de prendre position sur un éventuel favori. Ils n’auront pas tous ces scrupules. Et d’aucuns ne manqueront pas d’admettre que le champion partira avec un léger avantage. Mais presque toujours avec un bémol.
Stefano Bensi, au Fola ? «Je vois Differdange un peu au-dessus. Mais Jeff Strasser, depuis sa période eschoise, sait particulièrement bien préparer ses troupes pour un derby.» Vitor Pereira, à Strassen? «Les deux attaquants de Differdange sont en train de tout ravager! Mais les équipes dirigées par Jeff strasser ont toujours été très compétentes défensivement.»
Frédéric Herinckx, à Rodange ? «C’est sur la façon de défendre de Differdange qu’on fait la différence entre les grandes équipes et les autres. Le plan de jeu du Progrès, cette saison, c’est d’aller très vite vers l’avant mais je ne pense pas que cela puisse perturber le FCD03. J’ai plus été impressionné par ce dernier, mais Niederkorn est très largement assez costaud pour jouer le titre.»
Il y en a aussi que cela intrigue que tout le monde parle tant de cette capacité quasi mystique du FCD03 à savoir surtout bien défendre, c’est Olivier Baudry, à Bettembourg : «Tout le monde dit que Differdange joue défensif, moi je ne trouve pas, pas. Pas quand on voit leurs transitions rapides. Cela va être un choc tactique, ce derby.» Un choc tactique qui a prouvé que le spectacle, souvent, en pâtissait, la saison passée. Pas étonnant pour David Zitelli, du côté de Mondorf : «Ce sont deux coachs qui veulent prendre les trois points, mais surtout ne pas un lâcher un.»
Quand Natami éteint la lumière
D’ailleurs, c’est l’une des grandes questions de la soirée de dimanche. Alors que Pedro Resende constate (ou plutôt se désole) depuis des mois que «chaque équipe joue différemment contre nous que contre les autres adversaires», le Progrès s’était de fait beaucoup adapté tactiquement lors des derbys, façon tactique miroir.
Bis repetita en 2024/2025, alors que l’identité de jeu du Progrès a pris une autre envergure ? Jeff Strasser, forcément, ne répond pas : «Il y a plusieurs façons de voir les choses. Mais nous, on essaye surtout de ramener la victoire et les points. Cela n’empêche pas que parfois, cela marche bien offensivement». Une élégante façon de dire que pour être le premier à prendre quelque chose à Differdange, il pourrait s’asseoir sur la manière et le style bien plus flamboyant de son groupe depuis des semaines ?
Si c’est le cas, alors il restera un acquis au public du Parc des sports : l’engagement. La saison passée, entre un début de bagarre générale avec des insultes qui ont fusé sur le terrain et un Omar Natami qui avait éteint les lumières du stade pour que le FCD03 aille fêter son titre de champion ailleurs que sur la pelouse du Haupert, les mentalités ont eu le temps de s’échauffer. Ça ne va peut-être pas valser, mais ça va swinguer.