L’entraîneur du F91 de Dudelange ne dit jamais rien méchamment mais n’oublie jamais non plus de dire ce qu’il pense. Notamment après la défaite 3-1 de mercredi contre la Jeunesse d’Esch, leader timide du championnat.
Joe Frising est prévenu
Va-t-il y avoir une tournante à Rumelange, ce dimanche, au poste de gardien de but? Cette question paraissait totalement inopportune il y a seulement trois jours, mais après la faute de main de Joé Frising, qui coûte peut-être le choc contre la Jeunesse, la question n’a pas semblé effrayer Dino Toppmöller, alors que Joubert ne peut envisager de revenir qu’après la trêve internationale dans le meilleur des cas et que Bonnefoi ne peut pas jouer en DN avant janvier. C’est qu’il reste le jeune Esposito et que le technicien allemand ne l’exclut pas de sa réflexion : «Pourquoi pas? Esposito est prêt. Cela fait trois ans qu’il travaille avec nous. Cela peut être une solution.»
Joé Frising a-t-il perdu tellement de points en si peu de temps, alors que son coach continue de reconnaître que sa prestation contre le Milan AC a été «exceptionnelle»? A priori… oui. Car la faute de main face à la Jeunesse n’est que la répétition d’une autre, moins voyante, contre Pétange, et qu’elle interroge Toppmöller, déjà chagriné d’avoir vu son n° 1 par défaut (mais qui s’est montré très méritant au début de son intérim de Joubert) revendiquer un statut d’indéboulonnable sous la menace de l’arrivée de Bonnefoi. Là, il semble encore plus agacé : «Il faut rester concentré sur tous les matches, quel que soit le niveau. Les pros de l’effectif n’ont pas ce souci. Pour d’autres, c’est apparemment plus compliqué. Et si tu as du mal à gérer ça… Beaucoup de gens, après Milan, peuvent te dire : « Tu as fait un super match », « Tu es top », mais le problème, c’est quand tu commences à les croire et que tu ne travailles plus assez… Dans le foot, tu dois tout de suite oublier ce que tu as pu faire de bien. Joé doit vite apprendre de tout ça, sinon il ne s’améliorera pas. Or, son objectif doit être d’essayer de passer devant Joubert. Mais dans ces conditions, impossible.» Bref, ça pourrait tourner en DN. Et puisqu’il semble déjà acquis que Bonnefoi sera là à Athènes, contre l’Olympiakos, le mois de novembre pourrait être délicat pour Frising. Surtout si Joubert, en plus, revient…
La Jeunesse, ce loup qui avance masqué…
Rien à dire sur la Jeunesse, Dino Toppmöller. Pas sur sa prestation, en tout cas. Si, forcément, il a plus de mal à avaler une défaite alors qu’il voit bien qu’il n’y a pas moyen de l’éviter contre ses adversaires en Nations League, il ne minimise pas les mérites de son bourreau de mercredi soir : «Il faut bien accepter de dire que l’on n’a pas trouvé la solution dans les trente dernières minutes, qu’ils ont très bien défendu.»
Mais pourtant, un aspect de ce succès l’a dérangé à bien des égards : la propension de l’actuel leader à «ne pas assumer» sa position et, donc, à prendre certaines responsabilités. «Je n’aime pas quand ils disent que quand ils regardent les effectifs des autres clubs qui visent l’Europe, ils ne se voient pas capables de rivaliser. Peut-être pensent-ils qu’on est bêtes, parce que moi, quand je vois un Momar N’Diaye rester sur le banc, j’en viens à me dire qu’ils ont la même qualité d’effectif qu’un Fola ou qu’un Progrès. Au moins au niveau offensif. J’ai compté, ils ont six très bons joueurs pour évoluer devant.»
Alors, Toppmöller ne conteste pas que son F91 «reste favori» et a de bons espoirs «de revenir vite sur la première place». Mais cela le démange quand même : «Non, vraiment, je n’aime pas quand tu es leader et que tu joues un excellent football, et que tu ne l’assumes pas. C’est fini le temps de se cacher : ils nous ont battus chez nous. Mais peut-être ont-ils peur de dire qu’ils visent quelque chose et de ne pas réussir…»
Julien Mollereau