BGL LIGUE Deuxième meilleur buteur de D2 puis de D1 belge, le Guinéen Ebrahima «Ibou» Sawaneh (32 ans) est l’homme dont on espère qu’il dynamitera l’attaque d’un Pétange qui a peu marqué durant la phase aller.
Vous devez avoir faim de foot. Cela fait près de dix mois que vous n’avez pas joué un match officiel, non?
Ebrahima «Ibou» Sawaneh : Oui! Ma dernière rencontre doit dater de mai dernier, en Belgique, avec mon ancien club de Tubize. Là, j’ai déjà rejoué quelques amicaux avec Pétange, secouant les filets à quelques reprises. Cela s’est bien passé, mais ça n’a rien à voir avec la compétition. Je me sens de mieux en mieux. Je bosse bien.
Et votre premier sentiment sur votre nouvelle équipe?
Le groupe est bon, tout comme le niveau des séances d’entraînement. Il y a beaucoup d’engagement. Honnêtement, avec ce je vois, il y a moyen de réussir quelque chose. L’important sera de bien commencer cette deuxième partie de saison. On affronte Hostert et Hamm à la reprise. On doit faire quelque chose pour être lancé pour la suite.
Quand on regarde votre CV, on remarque forcément cette saison 2012/13 où vous avez fini deuxième meilleur buteur de D1 belge, à égalité avec le Congolais Dieumerci Mbokani (ex-Anderlecht, Kiev, Monaco, Norwich…) et à quelques longueurs du Colombien Carlos Bacca (Villarreal, ex-Séville et AC Milan). Mais par la suite, vous n’êtes pas parvenu à « exploser » comme ces deux joueurs…
Cette saison-là, j’ai même été plus décisif qu’eux, vu que j’avais réalisé davantage de passes décisives… Je suis quelqu’un de simple et, surtout, de très croyant. Je considère que le destin de chacun est écrit quelque part. Et ce qu’il s’est passé, c’était juste ce qui devait m’arriver. Et je n’ai aucun regret.
Mais on peut penser que vous avez quand même raté un virage dans votre carrière cet été-là. Vous aviez apparemment des touches avec des clubs comme Saint-Étienne et Leverkusen. Et au final, vous avez signé au Qatar…
Je vous le répète : il devait être écrit qu’il en soit ainsi. À l’époque, il y avait encore d’autres clubs intéressés. Cela ne s’est pas fait pour diverses raisons. Mon club, Louvain, demandait notamment beaucoup. Mais vous savez, après être né en Gambie, j’ai grandi en Allemagne, à Francfort, dans un quartier qui n’était pas très riche. Je faisais partie d’un groupe de dingues de foot. On jouait dès qu’on en avait l’occasion. Et parmi ces garçons-là, il y en avait de plus talentueux que moi. Devenir pro était un rêve. Et j’ai réussi à le devenir, à avoir le plus agréable des métiers du monde. Puis à me faire repérer lors d’un tournoi par le club polonais du Lech Poznan. Avant d’arriver en Belgique, à Beveren, où j’ai fini deuxième meilleur buteur de D2 en 2007/2008. Bref, je n’ai pas à me plaindre.
Et le Qatar, vous y êtes allé pour mettre votre famille à l’abri du besoin?
Oui. Cela s’était fait tard, après le mercato européen. En septembre. Comme je le disais, j’ai vécu dans un quartier pauvre. Du coup, mettre ma famille dans de bonnes conditions, c’est un vrai cadeau à mes yeux. Comment ne pas être content que ma petite carrière ait pu apporter cela? Le championnat là-bas était court et après 6mois là-bas, je suis revenu en Belgique dans le club de Louvain. Mon club qatarien, Muaither SC, avait d’autres envies de transferts…
Puis vous avez signé à Waasland-Beveren, où vous avez évolué aux côtés d’un certains Laurent Jans…
Oui. On a été équipiers pendant un an et demi. On est d’ailleurs toujours en contact. Le fait que l’on parle tous les deux allemand et français, cela nous a rapprochés. Et ça a aidé à son adaptation dans le club, je pense. C’est un super gars et un joueur top.
Derrière, vous avez connu une longue blessure au genou en 2015. Et quand on regarde vos stats, on se dit que vous n’avez plus vraiment tellement « performé » ensuite…
J’ai été écarté quatre mois. C’est la première fois que j’ai été absent aussi longtemps dans ma carrière. Cela a pris du temps pour que je retrouve mon niveau, du fait que lorsque je suis revenu, la saison était presque finie. Par la suite, je suis parti à Roulers, en D2, où j’ai joué une bonne première saison (2016/2017), même si je n’ai pas autant marqué qu’avant. On a même été jusqu’à la finale pour la montée, où on a dû céder face à l’Antwerp. Malheureusement, l’année suivante, j’ai connu une autre blessure, au talon. Cela m’a handicapé, tout comme le fait que l’on change… trois fois d’entraîneur. Bref, c’était compliqué pour tout le monde. Ensuite, il y a eu Tubize, où toute l’équipe était un peu malade et où ça n’a pas marché pour moi. Tout cela fait que je suis surtout très content de retrouver un club stable et un nouveau challenge à Pétange!
Vous avez aussi été testé par le club belge de D1 amateurs (D3) du Lierse Kempenzonen en novembre…
Ce n’était pas vraiment un test. Un de mes anciens coaches exerce là-bas. Il me voulait, mais cela ne me convenait pas trop. J’ai préféré attendre. J’ai l’impression qu’il est mieux d’évoluer en D1 luxembourgeoise qu’en D3 belge. Surtout Pétange a montré qu’il me voulait absolument, qu’il comptait sur moi.
Entretien avec Julien Carette