[BGL Ligue] Rayan Philippe, joueur de la saison : «J’étais dans l’optique de tout casser»

Sans surprise, Rayan Philippe, champion, 32 buts, 24 passes, est le meilleur joueur de la saison. Et son nom restera, même s’il n’a pas pu soulever le trophée !

Comment la fête à la maison communale de Hesperange s’est-elle déroulée, dimanche soir? Il paraît qu’elle a été écourtée pour vous…

Rayan Philippe : (il sourit) Oui, quand je suis arrivé, en fait c’était presque la fin. Parce qu’en fait, Dominik Stolz et moi avons été retenus au stade pour un contrôle antidopage. Bien entendu, ce n’était pas prévu et on a dû attendre. Malheureusement, j’ai raté la fête!

Avez-vous pu en mesurer à quel point vous en étiez l’attraction?

Bon, en arrivant, on a un peu été assaillis, mais bon, ce n’était pas incroyable non plus. Les gens se demandaient un peu où nous étions tous les deux. Mais on nous a félicités pour cette très très grande saison. Et on nous a dit qu’on était fiers de nous.

Ça signe des autographes, un Rayan Philippe?

Ça prend plutôt des photos. Les autographes, ça existe encore mais les jeunes, ils préfèrent les photos.

Franchement, être élu meilleur joueur avec de telles statistiques, c’était presque une évidence, non?

Eh bien, il y avait Dominik qui aurait presque pu revenir (NDLR : il finit à trois petits points après une saison complète, mais Danel Sinani est au même niveau). On en a parlé lui et moi. Cela nous a poussés tous les deux à être décisifs au maximum, à être en compétition l’un avec l’autre mais absolument sans égoïsme : l’un pour l’autre. Après, être élu meilleur joueur, cela ne me surprend pas non plus. Je suis un peu au-dessus de lui au niveau des statistiques, mais on a tous les deux fait une saison incroyable.

Vous étiez intouchable?

Intouchable, non. Mais j’ai repris  du plaisir cette saison. Et on se sent libre, avec moins de pression, moins de peur, moins de stress. C’est un sentiment assez fort.

Pas « assez fort » mais très fort : en moyenne, vous êtes quasiment impliqué dans deux buts par match…

Dit comme ça, oui, c’est assez énorme. Mais je trouve que ça résume surtout la belle saison de l’équipe. Et puis je marque le 100^e but de l’équipe. C’est beau que le destin ait voulu que ce soit moi.

Votre ancien directeur sportif, Sofian Benzouien, parlait carrément de revanche vous concernant. Il indiquait notamment, au lendemain du titre, qu’on avait essayé de vous pousser dehors, mais que lui avait insisté pour vous garder, indiquant qu’il vous avait ressassé que ce serait « votre saison ».

Oh! ce n’est pas une revanche parce que franchement, je n’ai rien à prouver à qui que ce soit. Mais je connaissais ma situation et je savais très bien qu’il fallait tout casser en revenant à la préparation. C’est l’objectif que j’avais : j’étais dans l’optique de tout casser. Et effectivement, cette conversation avec Sofian a bien eu lieu… et plusieurs fois! Ce n’est pas un jour précis où il m’a pris à part pour me le dire, mais très régulièrement, pour me motiver. Cela m’a donné un tout peu de forces en plus, mais je n’y prêtais pas non plus extraordinairement attention.

Ça me ferait plaisir de rester dans l’histoire du foot luxembourgeois

Ne pas avoir battu le record de 33 buts de Zachary Hadji, dans ce siècle, c’est un regret?

Oh! ce n’est pas une déception. Au dernier match, plein de gens m’ont dit que je devais être égoïste pour battre ce record. Mais moi, je ne rentre pas sur un terrain pour ça! Oui, j’aurais pu frapper un peu plus au lieu de chercher la passe, et alors j’en aurais peut-être mis 34 ou 35, mais les gens oublient souvent ce que c’est beau, une passe décisive. C’est aussi important qu’un but!

Si vous aviez frappé les penalties et y aviez réussi aussi bien que Dominik Stolz, vous auriez fini à 38 réalisations et auriez été, aujourd’hui, le meilleur buteur sur une saison de toute l’histoire du football luxembourgeois.  

Ah oui, oui, c’est sûr, mais le coach a décidé d’entrée de jeu dans la saison et c’est normal : c’est déjà Dominik qui les frappait quand je suis arrivé au club! C’était une évidence!

Après… le record de buts inscrits sur une saison (36) date de 1956. Peut-être que dans 67 ans, votre record de passes décisives sur une saison tiendra encore?

Ça me ferait plaisir de rester dans l’histoire du football luxembourgeois.

Après une saison comme celle-là, peut-on ne pas aller dans le monde pro?

Bonne question. J’ai toujours dit que c’était mon objectif principal d’y retourner et avec cette saison, je me suis ouvert des portes. Après, il faut que le projet m’intéresse : je ne veux pas aller dans un club pro pour être le cinquième choix.

Après sa saison à 33 buts, Zachary Hadji avait estimé ses chances de rester au Fola à 5 %. Et vous?

Moi? (il sourit) Je pense 5 % aussi!