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[BGL Ligue] Ralph Schon, l’amère suspension


Ralph Schon, puni pour un une-deux avec un panneau publicitaire.

Expulsé de façon ubuesque à Canach en Coupe, le gardien wiltzois ratera la venue du RFCU dimanche lors de la 11e journée de BGL Ligue. Frustré, son président, Michael Schenk, prône une refonte des règlements.

Le FC Wiltz n’a pas perdu qu’un match qu’il avait pourtant en main, dimanche dernier à Canach (4-3 a.p.), où son aventure en Coupe s’est achevée après plus de 100 minutes disputées en infériorité numérique. Il a également perdu pour un match, celui de dimanche face au Racing en championnat, son gardien international Ralph Schon, exclu dès la 20e minute de façon aussi soudaine qu’incompréhensible après avoir reçu deux avertissements, l’un sévère, l’autre grotesque, en l’espace de… dix secondes par Antonio Ferreira. Le tout sans la moindre sommation.

Le premier a fait suite à un coup franc indirect canachois, à la tête du rond central, qu’un joueur local a immédiatement frappé pour tenter le lob. Le ballon a touché le poteau et fini en six mètres, mais il était encore en mouvement et non à l’arrêt au moment de la frappe, de l’avis du portier qui a eu le tort de s’en plaindre de vive voix à l’arbitre. Lequel aurait peut-être pu le sermonner avant de cartonner.

Le second est en revanche assez inexplicable : alors qu’il allait récupérer le ballon pour le remettre en jeu, Schon l’a envoyé, d’un coup de pied dépité mais pas bien appuyé, contre un panneau publicitaire apposé derrière son but pour le faire revenir sur le terrain, comme on fait taper une boule contre la bande au billard. Son une-deux sonore avec la main courante n’a pas été du goût de l’homme en noir qui, bien qu’il ait eu le dos tourné, a démarré au quart de tour et dégainé une deuxième biscotte synonyme de rouge.

Faut-il changer les règlements?

D’autant plus «frustrant» pour Michael Schenk, le président nordiste, que Wiltz avait déjà été réduit à dix dès la 12e minute une semaine plus tôt sur le terrain du Fola (0-1, 10e journée), où Kevin Malget avait commis une faute en position de dernier défenseur sur une action initialement entachée, d’après lui, d’une faute eschoise. Le défenseur international purgera dimanche le second de ses deux matches de suspension.

Si elle n’explique pas la défaite de dimanche selon le dirigeant, «car quand tu mènes 3-1 à cinq minutes de la fin, tu dois gagner, même à dix», cette expulsion ubuesque de Schon, dont plusieurs de ses homologues ou directeurs sportifs du pays se sont émus auprès de lui ces derniers jours, a du mal à passer pour Michael Schenk.

Pour le fond, «le manque de psychologie» de M. Ferreira sur ce coup-là («Comment un arbitre peut-il donner un rouge alors qu’il n’a rien vu et son assistant non plus?»), mais aussi la forme, l’absence de dialogue et d’explication de sa part.

Et pour les conséquences, surtout : ce jaune-rouge, reçu en Coupe, entraîne un match de suspension automatique que Schon purgera… en championnat, dimanche. «La Coupe est une chose, pose Michael Schenk, mais être puni en championnat pour un carton ridicule, c’en est une autre.»

Les joies des règlements luxembourgeois, où les suspensions relatives à une accumulation de cartons jaunes sont purgées dans la compétition où ces avertissements ont été reçus (coupe ou championnat), mais où celles consécutives à un rouge ou un jaune-rouge le sont dès les rencontres suivantes…

Ce n’est pas le cas, par exemple, en Allemagne où le Munichois Joshua Kimmich et le Luxembourgeois Mathias Olesen, tous deux expulsés samedi dernier en Bundesliga, figuraient bien sur les feuilles de match du Bayern et de Cologne en début de semaine en Coupe, et purgeront leur suspension demain en championnat. Mais s’il est une autre mesure appliquée dans les pays voisins que le président wiltzois aimerait voir importée au Grand-Duché, c’est la possibilité d’annuler ou d’aggraver une sanction après un match, en cas d’erreur manifeste du corps arbitral.

Reding ou Repan, à qui profite le crime ?

«Tout le monde peut faire des erreurs, se tromper, mais aujourd’hui, les matches sont filmés, on a des vidéos, souligne Michael Schenk, qui a renoncé à faire appel du carton rouge de Schon. Depuis l’an passé, on peut fournir des vidéos comme preuves, mais la commission de discipline se range toujours derrière la décision de l’arbitre. Alors oui, il faut reconnaître que les images ne sont pas toujours aussi claires que dans ce cas précis, et cela pourrait compliquer leur travail, parfois. Mais on doit vivre avec notre temps et avancer, surtout si on a les moyens techniques pour le faire.»

Déjà évoquée mais repoussée par une FLF qui craint des inégalités de traitement si la qualité des images se révèle trop disparate, une telle mesure, «pas d’actualité» d’après Michael Schenk, aurait peut-être joué des tours à Wiltz, allez savoir, quand Yann N’Guessan a blessé – de manière bien involontaire  – le Pétangeois Artur Abreu mi-septembre (2-0, 6e journée) en le taclant.

Mais dans le cas de Schon, cela aurait sans doute permis à David Vandenbroeck de compter dimanche sur celui qu’il considère comme le meilleur gardien de BGL Ligue… En attendant, puisqu’il faut bien que le crime profite à quelqu’un, un jeune gardien connaîtra ses débuts dans l’élite face au RFCU : le Luxembourgeois Kay Reding (20 ans), au club depuis 2021 et entré dimanche à Canach, ou le Français Anthyme Repan (23 ans), arrivé cet été de Couvin-Mariembourg (D4 belge) et auteur d’une clean sheet lors de sa seule apparition de la saison, en 32es de finale de la Coupe à Junglinster (0-4).