Le FCM et son directeur sportif, Eric Breckler, travaillent à reconstruire un groupe. Mais avec quatre joueurs «chipés» à Sarre-Union, il y a de la friction.
Sur les réseaux sociaux du FC Mondercange, viennent déjà pleurer certains supporters de l’US Sarre-Union, septième du dernier championnat de N3 française. Comme Laeti Becker, inconsolable après le départ de Jordan Swistek : «Jordan est un très bon joueur, il est fort et il va nous manquer». Dernier épisode en date, ce 28 juin, Jérémie Branca est venu poser pour la photo d’intronisation, passant de l’USSU au FCM. Il est le quatrième en quelques semaines.
Sarre-Union, ce n’est pourtant pas la porte à côté. On est déjà dans le Bas-Rhin, à 150 kilomètres, mais on est aussi dans une histoire récente assez complexe avec la Division nationale. Les joueurs passés par là sont assez nombreux à s’ébrouer ou à s’être ébroués au Luxembourg. C’est là que Mondorf était allé chercher Koray Özcan (Strassen) en 2017.
C’est là que le Progrès avait débusqué Ulysse Barthélémy en 2021 avant de le rendre quelques mois plus tard, ou avait arraché Stéphane Léoni en 2020, afin qu’il devienne son coach. C’est de là que vient aussi Amine Naïfi, le nouveau meneur de jeu du FCD03, arrivé l’hiver dernier. Mais la liste est longue… Amadeu à Hamm en 2021, Mfa à Rodange et M’Barki à Mondercange en 2020. En un mot, c’est un fournisseur officiel de la Cour.
«Vous découvrez dans quel merdier on vit»
Sauf que là, on franchit un cap. Et alors que Differdange a attiré Ludovic Rauch, milieu de terrain, Mondercange fait lui un carton plein : il vient de signer son quatrième élément du mercato en provenance de Sarre-Union : le buteur Elvis Delgado (17 unités la saison passée en N3), le récupérateur Jordan Swistek (déjà connu en DN), le latéral gauche Souleymane Baldé et le défenseur central Jérémie Branca.
Qu’on arrête de me dire qu’il n’y a plus d’argent au Grand-Duché. Ils ne vont pas là-bas pour sucer les glaçons !
Au moins deux joueurs de trop pour Julien Lampert, qui s’occupe des transferts dans ce petit coin d’Alsace et avait «adoré travailler avec Jean-Philippe Caillet et Thomas Gilgemann, deux gars qui ont beaucoup de respect, ce qui devient rare dans le milieu». Mais là, la coupe est pleine.
«Déjà qu’ils sont correctement rémunérés chez nous, alors j’imagine assez facilement qu’ils ne vont pas à Mondercange pour « sucer les glaçons« . Vous pouvez me raconter ce que vous voulez mais entre un club qui joue les premières places en N3 en France et un autre qui joue contre la relégation au Luxembourg… ils ne les ont pas attirés avec une merguez et un Ice Tea après le match ! Qu’on arrête de me dire qu’il n’y a plus d’argent au Grand-Duché, sauf peut-être au Racing, qui a même essayé de nous refiler des joueurs. Branca vient même de « mettre une crampe« à Thionville alors qu’ils ont un projet qui pourrait les amener à terme en N1 et qu’il rêve de devenir pro. Tout ça pour aller à Mondercange. Je ne comprends pas. Au moins, vous découvrez ce merdier dans lequel on vit!»
L’agacement est à la mesure des difficultés qui se profilent pour Sarre-Union, littéralement dépouillé et qui sera tenu à un nombre de joueurs transférés sur la feuille de match, la saison prochaine. Julien Lampert a beau «savoir» que, par exemple, un Barthélémy n’avait pas non plus doublé son salaire en partant à Niederkorn, pourtant une bonne adresse, il peste contre la différence de moyens. «J’ai de moins en moins foi en les footballeurs. Huit sur dix n’ont aucun respect. Aucun ou presque ne nous a prévenus qu’ils partaient là-bas. Par contre, pour râler s’il y a un jour de retard dans les salaires, ça…»
«Ils ne font rien pour se protéger»
Surtout, ne pas croire que Mondercange soit insensible au trou que son propre recrutement cause au club de National 3. Quatre joueurs, c’est énorme mais les prendre au même endroit garantit déjà un savoir-vivre ensemble en dehors du terrain et des automatismes dessus. Et Eric Breckler entend aussi protéger une certaine idée de la façon de construire une équipe et de faire grandir un club.C’est-à-dire sur le long terme.
Car justement, l’époque des «merguez-Ice Tea» lui semble révolue depuis longtemps : «Je comprends leur réaction. Elle est normale depuis le temps qu’ils se font piller et pas seulement par nous. Mais le problème vient aussi de leur politique. On dirait qu’ils font tout pour ne pas garder leurs joueurs, en ne leur parlant que le plus tard possible dans la saison et alors qu’ils n’ont plus de contrat. Ils ne sont pas assez vigilants et ne font rien pour se protéger. La première fois, je comprends, mais quand ça arrive deux ou trois années consécutivement…»
Sarre-Union vient donc de perdre quatre joueurs et Mondercange d’en gagner autant. Des efficaces. Déjà prêts. Compétitifs. Qui ne coûtent rien, qui plus est. Avec un Elvis Delgado appelé à prendre la suite d’un autre «Sarre-Unioniste», El Hassan M’Barki.
«Ce n’est pas du tout le même style, lâche Julien Lampert. C’est un besogneux qui travaillait peut-être même trop pour l’équipe et manquait parfois de lucidité devant le but. Mais ça peut être une très bonne surprise de cette saison.» C’est bien pour ça que Mondercange a fait 1 h 30 de voiture pour aller le chercher. Et comme il y avait encore de la place dans la voiture…