Malgré les incidences mathématiques qu’aurait un succès du RFCU à Niederkorn ce mercredi soir, Yannick Kakoko et Jeff Strasser refusent de voir ce match en retard de la 8e journée de BGL Ligue comme un tournant.
Pour pas mal de coaches, dont Jeff Strasser, le foot, c’est un peu comme le cheval ou le vélo : à la moindre chute, mieux vaut vite se remettre en selle. Pour le Progrès, battu dimanche à Dudelange «contre le cours du jeu» et sur un but venu d’ailleurs (un retourné acrobatique) d’Evan Rotundo (1-0), le replay ce soir de son match de la 8e journée de BGL Ligue face au RFCU, interrompu après une demi-heure de jeu (à 0-0) le 30 septembre, car la pelouse du stade Jos-Haupert était gorgée d’eau par endroits, tombe ainsi à point nommé.
«On aurait mérité au minimum un nul, estime l’entraîneur niederkornois, mais c’est bien de rejouer trois jours après, pour se prouver que le score ne reflétait pas la physionomie de la partie et faire en sorte de prendre des points.» Dans le meilleur des mondes, Jeff Strasser aurait aimé que ce choc en retard se dispute non pas trois, mais quatre jours après ce déplacement frustrant au Jos-Nosbaum, ce qui aurait supposé que le F91 accepte d’avancer l’affiche de la 11e journée à samedi, mais après tout, «le Racing est dans le même cas».
D’un point de vue athlétique, seulement : pourtant mené 0-2 à l’heure de jeu par Mondercange, le club de la capitale a renversé la lanterne rouge en 22 minutes chrono (cinq buts, dont trois de Yann Mabella, entre les 63e et 85e minutes) pour signer son 7e succès de la saison, déjà, lui qui n’en a compilé que 11 sur l’ensemble de l’exercice 2023/2024, et ravir la 4e place (23 pts) de BGL Ligue… au Progrès (5e, 22 pts). En cas de succès ce soir au Jos-Haupert, le RFCU reviendra même à hauteur du Swift (2e, 26 pts), dauphin de Differdange qui lui a infligé son premier revers il y a dix jours (1-0, 10e j.).
Son entraîneur Yannick Kakoko se voyait-il si vite si haut, lui qui expliquait à son arrivée cet été que l’ambitieux projet du Racing, dont il est l’une des incarnations, prendrait du temps? «Je n’imaginais pas du tout ça, mais parce que je ne regardais pas si loin, explique le technicien de 34 ans. À la fin de la préparation, je ne voyais pas plus loin que le match à Rodange (1-1, 1re j.). C’était comme ça il y a deux mois et ce sera pareil dans deux mois.»
«L’analyse, on la fera quand on aura joué 15 matches»
C’est justement parce qu’il ne voit jamais plus loin que le match à venir, un mantra dont il était déjà adepte à Pétange (2022-2024), que l’ex-coach du Titus considère, malgré ses enjeux mathématiques, ce déplacement à Niederkorn au mieux comme «un gros challenge». Mais certainement pas comme un tournant. «C’est un match qui vaut trois points, désamorce-t-il, et qu’on voudra absolument gagner, mais la saison est tellement longue… Si on bat le Progrès et que derrière, on perd contre la Jeunesse, ça ne sert à rien.»
Concéder une seconde défaite consécutive, la troisième en championnat cette saison (en comptant celle subie dans le derby à Differdange début septembre), ferait en revanche plus désordre du côté du Progrès, pointé ce matin à neuf longueurs de son rival differdangeois, intouchable leader déjà crédité de 31 unités. Mais quand bien même les chances de titre de son équipe s’amenuiseraient déjà fort avec un nouveau revers, Jeff Strasser refuse lui aussi de prendre la réception du RFCU pour autre chose que ce qu’elle est : «un match de haut de tableau, entre deux très bonnes équipes».
«Si tu veux être dans les trois premiers, ce sont ces confrontations directes qu’il faut gagner», reconnaît le technicien niederkornois, pour qui il est bien trop tôt pour juger de l’impact potentiel du duel de ce soir. «L’analyse de la première partie de la saison, on la fera quand on aura joué 15 matches, recadre-t-il. Il reste 15 points à prendre d’ici à la trêve, et le but est d’en prendre le plus possible.» Avec trois de plus demain matin, son équipe sera de nouveau à égalité avec le F91 (3e, 25 pts). Un excellent moyen de se remettre de sa chute.