Tout le monde commence à être lassé par l’affaire Wiltz-Progrès. Et pourtant, le positionnement des uns et des autres pose toujours question. Tout le monde est-il à la hauteur de ce désagréable événement?
La communication de crise, c’est un boulot dans lequel la moindre erreur peut se payer comptant. Paul Philipp l’a, un peu, expérimenté à ses dépens ces dernières 24 heures. Depuis qu’une lettre ouverte signée de sa main, «un cri du cœur» dit-il, a commencé à être débattue par beaucoup d’acteurs de BGL Ligue pour savoir s’il était pertinent de pointer le rôle des coaches dans les coups de tensions qui n’en finissent plus de jalonner les rencontres de l’élite. Et alors qu’à aucun moment, dans le rapport de l’arbitre Morais au sortir du controversé Wiltz-Progrès de samedi, il n’est question des staffs.
Pourquoi mettre en cause la responsabilité des techniciens plus que celle des joueurs ou des dirigeants et en exemptant d’ailleurs totalement l’éthique parfois douteuse des spectateurs (mais devant leur supposée désaffection, interdiction d’y toucher, semble-t-il)? Pourquoi là, maintenant, quand le président de la FLF aurait pu le faire bien avant? Pourquoi le faire à un moment où le club de Wiltz tente de pointer les responsabilités dans toutes les directions, en mouillant tout le monde, même des acteurs qui ne sont pas au centre du débat ?
Dans notre édition d’hier, nous spéculions comme tout le pays sur l’éventualité que Paul Philipp ait pu vouloir envoyer un message très précis, à une ou des personnes très précisément. Or non, jure-t-il : «On m’a aussi beaucoup posé la question. Apparemment, les gens l’ont compris comme ça, mais non. Tous les coaches sont une partie du problème, mais je ne visais personne en particulier. Ils sont nombreux. Je l’ai fait en ce début de semaine parce que Wiltz-Progrès, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mais il y a eu deux expulsions et plus de dix avertissements sur le choc du week-end dernier entre Differdange et le Swift, ainsi que de lourdes sanctions prononcées contre des coaches depuis le début de saison. Je voulais juste dire que souvent, les tensions naissent là, sur les bancs, et que les coaches ont un devoir d’exemplarité. Je sais que beaucoup de gens ont fait le raccourci, mais je ne visais personne.»
«Le foot luxembourgeois est un modèle d’intégration»
Ils sont nombreux à avoir applaudi sur le fond (grosso modo, la situation est un peu trop tendue en ce moment et il faudrait peut-être penser à redescendre), mais beaucoup moins sur la forme (après des échauffourées ayant incriminé deux joueurs Wiltzois et deux joueurs Niederkornois, mais aussi prétendument des insultes à caractère raciste, était-il bien nécessaire de s’épancher sur un sujet qui semblait a priori moins pertinent?) L’incompréhension est là et certains techniciens se sont logiquement braqués d’être ainsi pointés du doigt.
Paul Philipp a tenu à redresser la barre, y compris en disant que la lutte contre le racisme, qui aurait peut-être dû se trouver au centre de son courrier, fait partie de son appel aux dirigeants à se saisir de tous les problèmes d’incivilité, à leur niveau. «Et pour ce qui est du racisme, chacun doit faire sa police! Je ne veux pas commencer une guerre, cela dit. Je veux juste qu’on évite de casser notre jouet. Au niveau de l’intégration, j’estime que le football luxembourgeois est un modèle.»
Il l’est moins quand il s’agit de trouver des solutions concertées. Même sur la question du comportement des coaches, qui mérite d’être débattue, mais qui aurait aussi pu intervenir plus tard. Elle paraissait hier tellement incongrue qu’elle a semblé entretenir la confusion plutôt qu’éclairer le sujet sous un jour neuf. Parce qu’il en a déjà par-dessus la casquette de cette affaire, Thomas Gilgemann, président du Progrès, s’est borné à indiquer qu’il avait lu ce courrier comme «un appel au calme». C’est déjà ça de pris.