Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Impossible sur le papier, la signature estivale du Brésilien Matheus à Strassen a été facilitée par la mutation professionnelle de son épouse au Luxembourg. L’UNA s’en frotte les mains.
Comme l’an dernier, Strassen a enchaîné cinq matches sans défaite après avoir été battu en ouverture de la saison par le champion sortant (Hesperange en 2023, Differdange en 2024). Le héros de son quatrième succès, acquis dimanche sur la pelouse du Fola (0-1), est aussi l’artisan majeur de sa bonne entame de championnat : Matheus Nogueira Albuquerque de Souza, dit Matheus. Unique buteur au stade Émile-Mayrisch, deux semaines après avoir inscrit le but vainqueur contre Hostert (2-1, 5e journée), le Brésilien de 31 ans, arrivé cet été du club maltais de Floriana, totalise déjà 5 réalisations. Soit la moitié du total strassenois en BGL Ligue.
L’UNA se frotte d’autant plus les mains du rendement du natif de Salvador de Bahia, dans le nord-est du Brésil, que ce dernier était, en principe, inaccessible pour ses finances, même gonflées par une participation inattendue à la Ligue Conférence*. «Il avait un salaire beaucoup trop haut pour nous, rembobine Vitor Pereira, le coach strassenois, mis sur la piste de Matheus par une connaissance. Mais son épouse venait travailler au Luxembourg, et c’est une ex-pro de volley.» Strassen a donc fait coup double : Ashley Fantazia (38 ans) au VCS et Matheus à l’UNA, non sans une grosse baisse de salaire consentie par l’attaquant, qui disposait pourtant d’offres plus lucratives en Inde.
Déjà cinq buts, un «assist» et deux penalties obtenus
«À son âge, il ne va pas continuer à faire carrière, mais il reste ambitieux et veut continuer à jouer à un niveau acceptable», décrypte Vitor Pereira, qui lui a d’abord confié l’un des deux rôles de soutien d’attaque de son 3-4-2-1 en Coupe d’Europe, face aux Finlandais de KuPS (0-0, 5-0), avant de le déplacer en pointe «où il commence à enchaîner les buts». En l’occurrence, deux (plus une passe décisive) contre Rodange (4-0, 2e j.), un à Wiltz (0-3, 3e j.), un face à Hostert et un à Esch, qui attestent déjà que Matheus, formé à l’Esporte Club Bahia (D1 brésilienne), passé trois ans par le Portugal et notamment par la D3 locale (en 2021/2022), puis, donc, par la Premier League maltaise (11 buts et 7 passes décisives entre 2022 et 2024), «vient d’une autre réalité». Comprendre, un autre niveau.
Il comprend le jeu d’une façon différente
«Le meilleur exemple, étaye son entraîneur, c’est le jour où on va à Wiltz. Ce n’était pas facile, mais il gagne presque le match à lui tout seul en allant chercher deux penalties (transformés par lui-même, puis Zenadji). Il arrive à voir que le défenseur est en retard et a juste à ralentir pour provoquer le contact. Il ne fait pas la différence parce qu’il est plus rapide ou plus technique que les autres, mais parce qu’il comprend le jeu d’une façon différente.» Une caractéristique qui n’est pas sans rappeler à Pereira les deux «tueurs» de Differdange, Guillaume Trani et Jorginho Monteiro : «Avec ce genre de joueurs, l’erreur, tu vas la payer.» Déjà prise en défaut 9 fois cette saison, la défense du F91, adversaire samedi de Strassen, est prévenue.
* 6e du dernier championnat, Strassen a été repêché après les exclusions du Swift (2e) et la Jeunesse (5e), qui n’ont pas obtenu leur licence UEFA.
