Alors que Käerjeng sort d’un revers frustrant au Fola et n’a plus gagné depuis octobre, son milieu Julien Fostier garde espoir, avant d’accueillir ce soir la lanterne rouge Etzella en match en retard de la 22e journée de BGL Ligue.
Battue dimanche à la 94e minute par le Fola alors qu’elle était revenue de 2-0 à 2-2 entre les 79e et 85e minutes, l’UN Käerjeng (14e, 17 pts) de Julien Fostier avait «un peu la tête dans les chaussettes» lundi. Mais dans leur malheur, les Bascharageois ont une «chance» : ils rejouent dès ce soir contre la lanterne rouge, Etzella (16e, 12 pts), et peuvent revenir à un point du premier barragiste, Mondercange, s’ils remportent cette «bataille» dont l’enjeu sera, selon le milieu, «déterminant» mais pas «final».
Käerjeng joue-t-il sa saison contre Etzella ?
Julien Fostier : Non, car il restera sept journées, mais c’est vrai que ce match va nous dire dans quelle direction on va aller. Si on gagne, on reprendra confiance en nous, il y aura plein de bonnes ondes et on regardera vers le haut. Mais si perd, on se dirigera vers une fin de saison très compliquée.
Avez-vous, vous et vos équipiers, le sentiment d’avoir perdu plus d’un point dimanche à Esch ?
Clairement, oui. On a fait une première heure pas si mauvaise, plutôt cohérente par rapport à ce que le coach a demandé, mais on a concédé deux buts sur des erreurs individuelles et ça nous a un peu plombés. Mais on a su hausser notre niveau de jeu et, à 2-2, on se disait même « dommage qu’il n’y ait pas cinq ou dix minutes en plus ». Par rapport aux efforts consentis pour revenir, ç’aurait été un point victorieux.
Ce match résume un peu votre saison, non ? On a le sentiment que vous êtes presque toujours dans le coup, mais rarement récompensés au niveau comptable.
Totalement. On prend rarement des raclées, on n’est jamais mis en difficulté du début à la fin d’un match, et on a toujours su élever notre niveau par rapport à l’adversaire, même contre Dudelange ou le Swift. Après, on a pas mal de petites lacunes qui persistent, des détails qui font la différence et quand on est dans notre position, ces détails jouent rarement en notre faveur : un poteau qui ne rentre pas, un mauvais placement sur corner qui fait but alors que six mois avant, non… Il faut vite régler ça.
À quoi pensez-vous quand vous parlez de lacunes ?
On a eu du mal à marquer. On était plutôt cohérents dans notre bloc équipe, l’adversaire déjouait souvent, mais nous, on avait du mal à multiplier les occasions nettes. On jouait plutôt les matches pour ne pas les perdre que pour les gagner.
Cette façon d’aborder les matches a-t-elle changé avec l’arrivée de Manuel Peixoto ?
Je ne dis pas que Marc (Thomé) avait cette approche, mais le coach est arrivé avec un nouvel élan, ses idées, ses principes. Il essaie de nous décomplexer et nous dit de jouer tous les matches pour les gagner, car tous les points sont importants et prenables. Il faut arrêter de calculer.
Quelles sont vos premières impressions après deux semaines sous ses ordres ?
C’est quelqu’un qui aime parler à ses joueurs, pour corriger ce qui ne va pas ou leur donner de la confiance. Il nous aide beaucoup et nous fait comprendre que pour réussir, il faut travailler, emmagasiner des courses. Ses séances sont plus rallongées, ses exercices plus longs, avec plus d’intensité et, de ce point de vue-là, ça change.
Ça va, ce n’est pas trop dur de s’y faire, à 32 ans ?
Non, j’ai eu la chance de jouer à Metz et de connaître des clubs plus ou moins pros. J’ai toujours eu cette approche. Pour d’autres, plus jeunes ou qui n’ont connu que Käerjeng ou des clubs, entre guillemets, secondaires, ça doit les changer, mais ça doit les changer positivement. Si on veut espérer quelque chose dans le foot, individuellement ou collectivement, il faut tirer dans ce sens-là.
Si on m’avait dit, cet été, qu’on ne gagnerait pas pendant 13 matches…
D’autant qu’en face, les équipes ne sont plus les mêmes qu’il y a trois ans, lors de votre dernier passage en DN avec Rumelange (2019/2020).
Quand je suis arrivé au Luxembourg (en 2016), le championnat était plus hétérogène. Aujourd’hui, il y a une homogénéité qui fait que tu peux perdre tous les matches. Les clubs et équipes se structurent, il y a de bons joueurs partout, des joueurs d’expérience aussi, comme à Etzella avec Dan Da Mota. Si tu veux réussir en BGL, ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
Vous attendiez-vous à un apprentissage aussi compliqué à ce niveau ?
Sincèrement, non, surtout qu’on avait bien commencé. Si on m’avait dit, cet été, qu’on ne gagnerait pas pendant 13 matches, je me serais posé des questions, d’autant que le club a investi dans l’effectif en termes de quantité et de qualité. Quand j’ai vu le cadre, je ne me suis jamais dit qu’on serait empêtrés là-dedans. Mais maintenant, on y est.
Vous avez pris 14 points lors des dix premières journées, puis 3 lors des douze suivantes. Qu’est-ce qui a fait basculer votre saison ?
Si je le savais… Quand on est dans une spirale négative, la moindre chose peut faire basculer votre saison. On prend un but, on loupe un face-à-face… toutes ces petites choses qui font qu’on doute. Ces matches où on n’a pris que quatre points (depuis le dernier succès, contre le Fola, lors de la 9e journée), on aurait parfois mérité de les gagner. Le gros problème, il est psychologique. Dès qu’on prend un but, on se dit qu’on va encore perdre, qu’on ne va jamais s’en sortir, alors que si on est plus haut au classement, on ne doute jamais comme ça. Il y a un enchaînement de facteurs qui font qu’on est dans le dur et le seul moyen d’en sortir, c’est de gagner un match.
Quand ce n’est pas arrivé depuis mi-octobre, à quoi se raccroche-t-on pour continuer à y croire ?
Au travail, tout simplement, et au fait de savoir qu’on a un très bel effectif, avec une bonne mentalité. On est barragistes, mais chaque week-end, on peut se permettre d’écarter six ou sept bons joueurs qui joueraient sûrement dans d’autres clubs. Notre situation n’est pas due à un manque de qualité ou de profondeur de banc, sinon on ferait un constat simple et rapide : on fait ce qu’on peut avec nos armes. Ce n’est pas le cas, c’est ça le plus frustrant, mais on sait qu’à un moment, ça va tourner. On ne va pas enchaîner indéfiniment les résultats négatifs, ça va bien s’arrêter un jour. En attendant, on se réfugie dans le travail, on s’efforce d’être consciencieux, rigoureux et de garder le sourire, car ça reste du foot et qu’il faut s’estimer heureux de pouvoir y jouer. On essaie non pas de minimiser, mais de relativiser pour évacuer cette pression.