Buteur sur le fil dimanche à Hostert (2-2), le gardien de Strassen Koray Özcan revient sur ce moment fou et évoque avec ambition la fin de saison de l’UNA, où il vient de prolonger.
La question peut sembler bête, mais votre but égalisateur de dimanche à Hostert (2-2, 90+5) était-il le premier de votre carrière de gardien ?
Koray Özcan : Une fois, en U13 ou en U14, j’avais marqué sur coup franc, mais dans le monde senior, c’est la première fois, oui! J’avais déjà failli mettre un retourné acrobatique il y a trois ans à Rodange, déjà avec Strassen, mais le ballon avait fini sur la barre! Mais j’y ai toujours cru! À chaque fois que je monte sur corner, j’y crois.
C’est si fréquent que cela?
Heureusement, non! En ce moment, on n’en a pas vraiment besoin, mais quand il le faut, je prends tout de suite l’initiative de monter! Je me dis qu’à tout moment le ballon peut venir sur moi.
Je suis très heureux d’avoir marqué et offert le point du nul, sachant qu’on revient de très loin (Strassen était mené 2-0 après sept minutes et un doublé du défenseur hostertois Rayed Derbali). Et du pied droit, en plus! C’était une expérience inoubliable et ce sera, je l’espère, un point qui va compter.
Y a-t-il un déplacement que vous avez l’habitude de faire dans la surface, sur les rares corners où vous montez ?
Pas forcément. Mais je sais qu’Alexandre Sacras a tendance à frapper les corners au premier poteau. Je me suis dit qu’il allait tirer fort et que ça allait rebondir, comme à Rodange (2-2, 16e journée), alors que je me suis positionné exactement là où le ballon était tombé.
Ce sont des choses qu’on sent, un peu comme quand on est gardien et qu’on arrête un penalty. J’ai contrôlé, enchaîné vite, et c’est rentré avec un peu de réussite, barre rentrante! Le ballon n’est entré que de 20 ou 30 centimètres, mais l’arbitre l’a vu.
Derrière, je ne savais pas quoi faire, alors j’ai couru, couru, par réflexe (il rit)! D’abord dans les bras des autres joueurs, puis très vite dans mon but, au cas où il y aurait une dernière opportunité!
Au-delà de ce but, vous êtes doté d’un bon jeu au pied. Avez-vous toujours été gardien ?
Non, j’ai été joueur jusqu’à mes six ans, et c’est seulement là que j’ai joué gardien pour la première fois. J’ai aussi beaucoup joué dans la rue. À partir des U13, je faisais une mi-temps comme joueur et une comme gardien. J’ai toujours été gardien malgré moi.
J’aime faire des frappes, des centres… J’ai toujours été joueur dans l’âme! Je le suis, d’ailleurs, quand on fait des five entre amis. Sinon, plus jeune, je jouais attaquant, dix… j’aimais marquer. J’avais un bon pied gauche à l’époque. Je dis ça, mais c’est toujours le même aujourd’hui!
Les équipes qui jouent l’Europe sont celles qui ne perdent pas, même dans la difficulté
Quel sentiment prédomine après ce nul miraculeux : la satisfaction d’avoir arraché un point ou la frustration d’en avoir perdu contre une équipe a priori à votre portée ?
Je dirais que c’est un mix des deux. Il y a beaucoup de frustration, car on prend deux buts en sept minutes alors qu’on était imperméables ces derniers temps (cinq buts encaissés seulement et cinq clean sheets sur les huit matches disputés sous les ordres de Stefano Bensi). On se sentait un peu K.-O. après ça, mais on prend un point quand même.
Les équipes qui jouent l’Europe sont celles qui ne perdent pas, même dans la difficulté, alors au final, on ne va pas se mentir, c’est un point qui fait du bien. Ce sont ces petits détails qui font qu’on reste en haut. Peut-être que l’an passé, on aurait perdu ce match.
Tant qu’on prend des points, on avance. Comme le disait notre président Luc Hilger, une saison, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Petit à petit, on avance nos pions.
Et vous êtes plus que jamais dans le coup* pour accrocher une qualification européenne…
L’Europe, c’est encore trop tôt pour en parler. On y pense tous dans un coin de notre tête, mais il reste 11 matches et on va les prendre les uns après les autres. Strassen émerge seulement. On n’est pas une équipe qui joue l’Europe chaque année et il ne faut pas oublier d’où on vient.
Petit à petit, le club se structure, mais il faut déjà être très heureux d’où on est aujourd’hui. On verra en fin de saison ce qui adviendra. C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens, n’est-ce pas?
Dans cette optique, la victoire semble impérative samedi face au Fola.
Il faut avoir la même mentalité contre ces équipes que face à celles du top 3. Dans ces matches-là, nos entames nous font souvent défaut. Ces équipes qui jouent leur survie ont parfois plus faim que nous.
Si on mettait ne serait-ce que 80 % de l’envie affichée face au Racing (0-1, 18e journée), où ça faisait belle lurette qu’on n’avait pas gagné contre un top 5, on gagnerait ces matches sans difficulté. C’est juste une question mentale, un petit switch à opérer. Mais les matches de Rodange et Hostert nous ont servi de leçon.
Europe ou non, vous serez toujours strassenois la saison prochaine.
Strassen (NDLR : où il vient de prolonger jusqu’en 2027, avec une année supplémentaire en option) est un club qui progresse chaque année au niveau infrastructures, ambitions. C’est aussi le seul club qui m’a ouvert les portes après mon départ de Mondorf en 2021.
Il faut dire que j’ai un profil assez atypique, un petit gabarit (1,76 m), alors c’est dur pour les clubs de me faire confiance, mais il faut me juger sur le terrain et pas sur la feuille de match. En amitié comme en amour, je suis quelqu’un de fidèle, alors si on veut encore de moi, je resterai encore longtemps ici!
J’ai vécu de très belles années à Strassen, et j’espère en vivre d’autres. Avoir joué l’Europe, l’arrivée prochaine du nouveau stade… ce sont des choses qui donnent envie de continuer.
* Encore en lice en Coupe, Strassen est 4e à trois points du Swift, 3e et dernier qualifié virtuel pour la Ligue Conférence via le championnat.