Treize ans après son début de carrière, Andrea Deidda devait enfin devenir titulaire indiscutable, cette saison. Au lieu de ça, il passe sur le billard aujourd’hui.
Avec les footballeurs, la vie est souvent une petite garce. Andrea Deidda a 30 ans et on ne va pas se le cacher, depuis ses débuts avec la Vieille Dame, en août 2010, à 17 ans seulement, il attend sa chance de devenir titulaire potentiel. Un espoir éternellement déçu. Pour faire court, il a passé sa carrière dans la peau de l’éternel joker, ce que traduisent les chiffres : l’attaquant pèse 93 titularisations (pour 71 sorties en cours de jeu) et 118 entrées.
Dans ces conditions, l’arrivée aux affaires d’Arnaud Bordi, qui se trouve être enfin LE coach (son seizième à titre personnel) prêt à miser sur lui et à en faire un homme de base, était une aubaine qu’on n’espérait plus pour l’un des «formés au club» les moins utilisés de la dernière décennie. Et voilà qu’au beau milieu de la préparation, à deux semaines de la reprise, patatras, son genou gauche se dérobe contre Thionville. Les croisés.
«On dirait que ce genre de trucs n’arrive que quand ça va bien», enrage Deidda, qui avait fini la dernière saison en boulet de canon après avoir perdu six kilos, et se préparait studieusement à prendre en main le secteur offensif sans même chercher à cacher qu’il en avait l’ambition et l’aplomb : «J’avais vraiment l’intention de porter l’équipe, offensivement. Cette blessure, là, ça ne m’aide pas. Mais de bons joueurs ont été recrutés et ça va le faire.» Dans le discours, c’est comme si Andrea ne doutait déjà plus du standing qu’on entendait lui offrir et qu’il l’acceptait comme un acquis après des années de galère.
J’avais vraiment l’intention de porter l’équipe, offensivement!
Il devrait être en train d’envisager avec gourmandise le choc sur la pelouse du Progrès, qui s’annonce problématique pour les Bianconeri (Klica se marie, Lapierre sera en vacances, Todorovic se soigne toujours après sa déchirure…
Mais aujourd’hui, il a rendez-vous avec la table d’opération pour qu’on s’occupe de son ménisque et d’une partie de son cartilage. Puis il y retournera, le 1er octobre, en l’absence d’autres disponibilités de son chirurgien, pour s’occuper concrètement des croisés. Avec beaucoup de chance, il reviendra donc pour le dernier mois de compétition. Ce devait être sa grande saison.
Ce seront neuf mois de vide. Les premiers depuis très longtemps puisque la dernière fois qu’un tel malheur lui est tombé dessus, c’était il y a douze ans, au moment où l’on se posait déjà la question de savoir si le cadet d’Ilario ne pourrait pas devenir la nouvelle petite pépite de la Vieille Dame.
«À l’époque, je m’étais fait les croisés de l’autre genou. Depuis, je n’ai plus aucun souci sur celui-là.» Mais cela lui avait coûté, déjà un peu, la possibilité de s’installer. Et il a sans doute traîné ça comme un boulet sur toute sa carrière.
L’homme aux 18 buts en 211 apparitions concède qu’il a quand même pris un sacré coup au moral, le temps que ses autres coéquipiers (Kevin Sommer, Maxime Deruffe), touchés par cette curieuse épidémie, viennent lui taper la causette alors qu’ils sont, eux, plus sur la fin de leur convalescence.
«C’était vraiment l’année des croisés, tente de plaisanter Deidda. Ils m’ont dit de surtout prendre mon temps. Donc, je vais le prendre.» De toute façon, il attend d’être l’un des patrons de ce club depuis tellement longtemps qu’il n’est plus à une année près. Dommage, pourtant. Cette fois, il semblait mûr…