Revenu quasi miraculeusement avec un point de son déplacement à Niederkorn, mercredi, Hesperange aura du boulot durant la trêve.
«On n’a pas le droit de parler.» C’était la même rengaine dans la bouche du gardien de but Geordan Dupire au coup de sifflet final et dans celles des juniors venus finalement s’asseoir en tribunes au stade Jos-Haupert, parce que, comme l’a dit un dirigeant hesperangeois, «désormais, le club est l’otage de ses joueurs jusqu’à la fin de la saison. Si on fait encore un forfait, c’est la PH», et que leur présence était donc indispensable. Mais pas leur parole. Surtout pas leur parole, d’ailleurs.
Cela veut-il dire que l’équipe A, à partir de maintenant, sera systématiquement suivie par une garde rapprochée de jeunots de 18 ans censés sauter dans un short si l’un des seniors convoqués recule finalement devant l’obstacle? On doute que qui que ce soit puisse être au courant à Hesperange et on n’a pas pu demander l’avis des joueurs : pas le droit de parler.
Jeudi, après ce 1-1 arraché avec les tripes et la réussite au bout de dix jours, Emmanuel Da Costa, visiblement ému et agité par plein de sentiments différents, a beaucoup parlé, mais il n’en est finalement ressorti qu’une évidence : il ne sait pas de quoi demain sera fait. «J’espère un retour à la normale bientôt», «Normalement, on reprend le 6 janvier», «Je ne maîtrise pas tous les tenants et les aboutissants»… Le technicien est dans la droite ligne de ces dix jours hallucinants et il a encore plus d’inconnues en face de lui que derrière, au point de n’avoir répondu que du bout des lèvres à la question de savoir s’il serait encore là en janvier.
«Ce ne pouvait pas être une grève»
Est-ce qu’un nul arraché avec un groupe assez complet, mais pourtant très décimé et avec la suspicion (non confirmée par les dirigeants) qu’il devait y avoir quelques certificats médicaux de complaisance dans le tas, suffit-il à tout remettre d’aplomb? Bien entendu que non. Seul le versement des salaires en retard pourrait éventuellement régler l’affaire, et encore…
Mais sur ce point, les dirigeants hesperangeois ont enfin lâché des bribes d’indices, laissant entendre que «la situation dans l’immobilier rend tout compliqué» pour le sponsor. Cette seule indication tend à laisser croire que c’est moins par volonté de faire de la rétention que par impossibilité d’honorer immédiatement les contrats que les choses se sont envenimées. Et que ce serait pour cela que la grève de Mondorf ne passe pas dans le comité : «Ce ne pouvait pas être une grève, puisque aucun préavis n’avait été déposé. Ou alors, c’était une grève sauvage», souligne, glacial, un proche de l’équipe.
Les médias ont couru après Fernand Laroche toute la soirée, mercredi soir. Le président hesperangeois a, un temps, été annoncé absent par la rumeur. Il ne l’était pas et a surgi après le coup de sifflet final pour, enfin, prendre la parole dans ce contexte tendu à l’extrême qui avait vu le champion 2023 se replier sur lui-même et ne pas communiquer vers l’extérieur. Sa voix, la voix officielle du club, était donc attendue. Content que les joueurs aient «montré qu’ils avaient envie de revenir au terrain», il n’a pas pu être totalement rassurant alors qu’une première option avait été proposée aux joueurs (et validée par eux, assure le comité) avant la grève de Mondorf. «On va trouver des solutions.» Mais y aura-t-il des sanctions? Ce Swift aura-t-il le même visage à son retour à l’entraînement, début janvier? «On verra.»