Adepte d’une défense axiale à trois dans les gros matches, l’entraîneur du Racing est totalement déplumé dans ce secteur et va donc devoir innover pour le choc face au Progrès.
Au coude à coude jusqu’à la dernière journée la saison passée, où le Racing avait finalement devancé d’une unité le Progrès pour le gain de la 4e place et de l’ultime billet européen, le RFCU et Niederkorn pourraient être séparés de dix points à huit journées de la fin ce samedi, en cas de succès des seconds à Achille-Hammerel. Et les premiers, dans le pire des cas, être relégués à cinq longueurs du podium et des places européennes si ce scénario se produisait.
Mais Jeff Saibene n’est pas du genre à dramatiser. «Je ne me pose pas de question là-dessus, assure l’entraîneur du Racing. Ça ne sert à rien de se tracasser, il faut juste se concentrer sur le match, bien le préparer, avoir un bon plan de jeu, mais je ne suis pas influencé par le reste. Je me réjouis surtout de jouer l’une des meilleures équipes du championnat, peut-être la meilleure, et d’essayer de faire un bon match avec les moyens du moment.»
Nakache vers un intérim
Les moyens du moment ? Assez limités, d’où le statut de «grand outsider» qu’octroie Saibene à son équipe dans le «grand challenge» qui l’attend face au Progrès, muselé et dominé (0-2) à l’aller au Jos-Haupert, mais avec une défense au complet, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Omrani ? Suspendu. Pit Simon ? Souffrant. Konte ? Blessé. Hennetier ? Encore trop juste.
Quatre absences d’autant plus dommageables, en particulier les trois premières, que l’entraîneur du Racing a pris l’habitude d’aligner trois axiaux dans les gros matches, comme à l’aller fin septembre ou à Dudelange (1-1, 19e journée) le 26 février.
Habitude à laquelle il ne semble pas prévoir de déroger ce samedi, quitte à devoir pour cela se montrer inventif. Qui lui reste-t-il pour escorter Delvin Skenderovic, son seul stoppeur de métier? «Moi, peut-être», plaisante-t-il. Voilà qui situe le degré d’inventivité requis.
Car six jours après l’avoir lancé dans l’élite à Hostert, Saibene devrait également être privé dans l’axe du jeune Joachim Amijekori (18 ans). Capitaine des U19 du club de la capitale, intégré au stage de reprise en Espagne cet hiver, ce produit de la formation du RFCU était cette semaine à l’essai en France, à Châteauroux, toujours en course pour la remontée en Ligue 2, et ne s’est donc pas entraîné avec le groupe.
En son absence probable, le technicien luxembourgeois devrait privilégier la «solution interne», en replaçant un voire deux joueurs «expérimentés» en défense centrale. Au vu de son gabarit (1,91 m) et de son CV (32 ans, 137 matches de BGL Ligue), Kevin Nakache, «qui peut reculer un peu et a une bonne expérience», devrait en faire partie. Mais sa reconversion implique de se passer de ses grands compas au milieu. Bref, de déshabiller Pierre pour habiller Paul…
La chance de Taber ?
Quand bien même Jérôme Simon, capable lui de redescendre d’un cran pour évoluer devant la défense, est suspendu, la contrainte n’effraie pas Saibene, persuadé de posséder en Tyler Taber, entré 20 minutes à Hostert, un diamant à polir. Et à jeter, donc, dans le grand bain, si la situation l’exige, comme c’est le cas aujourd’hui.
Non sans espoir : «Il y a des moments comme ça où on est forcé de lancer des joueurs, qui n’entraient peut-être pas dans les plans, et il y peut y avoir d’agréables surprises.»
Passé par Metz (2016-2019), Nuremberg (2019-2010) et l’université polytechnique de Virginie (États-Unis) en fin d’année dernière, ce milieu américain né au Japon est revenu cet hiver au club qui l’a formé jusqu’en 2016 et entre 2020 et 2021.
Et pour le coup, il plaît à son entraîneur, qui lui trouve un profil plus ou moins similaire à Farid Ikene (parti en janvier au Danemark, à Jammerbugt), en «moins dur mais plus créatif».
«Il est beaucoup plus petit que Nakache, mais il a un autre style, décrit Saibene. C’est un petit gabarit plutôt technique, qui a une bonne vision du jeu, une bonne qualité de passe, qui aime créer le jeu. C’est un gars talentueux, une très bonne première licence. Ce qu’il lui faut à présent, c’est des matches, de l’expérience.»
Dans cette optique, un choc face au Progrès aurait des airs d’apprentissage à vitesse grand V. Et tant pis si Jeff Saibene doit, du coup, renoncer à rechausser les crampons…