Un bon tiers des clubs de DN a voté contre le fair-play financier initié lors d’un référendum, par la FLF. Et ceux qui ont voté pour ne sont pas satisfaits pour autant. On vous explique pourquoi.
Le BIO a parlé. Parmi les quelques finalement très rares clubs à avoir voté contre la mise en place de la licence nationale voulue par la fédération pour rétablir un semblant d’équité sportive, en instaurant ce que l’on peut assimiler à un fair-play financier (entre autres), il faut relever cette évidence, au vu des résultats du référendum : un tiers des clubs de l’élite n’étaient pas pour. Pas avec ce texte ou cette méthode, en tout cas.
Differdange, le Swift, le RFCU, Pétange, Rodange ont voté contre. Hostert s’est abstenu. Et en décrochant le téléphone, au lendemain du résultat, on se rend compte que le deuxième tiers, le camp du «oui», n’était finalement pas beaucoup plus enthousiaste, même en ayant marqué son accord.
Mais qu’est-ce qui cloche ? Le fond, ou sur la forme ? Les clubs de DN ont envie de dire… les deux. Car a priori, on rencontre peu de clubs se déclarant ouvertement opposés au projet, même si certains ont des fonds propres négatifs tellement vertigineux qu’ils devraient déjà se faire du souci en vue de la mise en place de ce nouveau règlement, à compter de la saison 2026/2027.
Et c’est bien ce qui en agace certains. Comme Mondorf, où Christian Strasser assume sa sortie : «Mon club aurait aimé des critères financiers plus sévères et immédiats ! Pas dans deux ans !». C’est comme ça, les bons élèves ont du mal à digérer l’évidence qu’il leur faudra éventuellement subir cette distorsion de concurrence avec ceux qui dépendent de l’argent qu’ils n’ont pas en caisse.
Cela n’a pas empêché, dès mercredi, Marc Theisen, président de la Jeunesse, d’applaudir des deux mains après l’adoption de ces nouvelles règles, agitant la promesse «d’une influence très positive sur le football luxembourgeois et sa structuration. Cela nous apprendra à être de plus en plus sérieux». Et l’ancien président du COSL de prophétiser une nécessaire professionnalisation des gens qui s’investissent dans les clubs.
Pour quelques-uns de ses homologues, il est naïf de réfléchir de la sorte, c’est-à-dire sans remettre en cause le texte qui leur a été soumis. Parce que l’application même de ce nouveau règlement en fait monter quelques-uns dans les tours, qui considèrent qu’«encore une fois», la FLF a raté l’occasion d’intéresser les principaux concernés à ses propositions.
«C’est censé survenir en 2026 ! Il y avait donc le temps de consulter et de nous demander notre avis ! Ils ont lu les critiques dans la presse (NDLR : quand le Swift s’est vu refuser sa licence et que la question a été posée de savoir pourquoi cela n’avait pas d’implication à l’échelle nationale) et ils ont voulu aller trop vite !», enrage Jacques Wolter, le président de Hostert.
Ce n’est pas assez ambitieux et cela reste injuste
Que reproche-t-on au texte, dans les comités de la BGL Ligue ? Trop de critères, trop de flou, trop d’interprétations possibles. Et surtout, pour quelques-uns, cette évidence : les sanctions ne sont pas assez sévères. Leur côté dissuasif semble douteux.
«C’est bien simple, ironise un président qui souhaite rester discret : en présentant les chiffres que certains ont présentés à l’audit, si c’était une entreprise, elle serait déclarée en faillite ! On dit qu’on fait quelque chose pour l’équité, mais en vrai, ce qu’on fait, ce sont des tout petits pas. Ça ne va pas assez loin ! Ce n’est pas assez ambitieux et cela reste injuste. Surtout qu’avec ce texte, si on a des fonds propres négatifs de 1 euro ou de 1 million, visiblement, le résultat est le même.»
L’obligation de réduire ces dettes de 10 % par an, quand il y en a, ne convainc pas grand-monde non plus. Trop facilement contournable par un simple prêt à la banque, selon certains, pas le bon message puisque cela permet de rester dans le rouge, selon d’autres.
Bref, tout le monde s’attend déjà à ce que des amendements à foison soient apportés et qu’une grosse bagarre mette aux prises les clubs. Elle risque de fissurer la belle entente au sein de la LF. Qui ont le temps avant de commencer à se crêper le chignon : la fédération ne risque pas de toucher à son bébé avant quelques mois…