La Jeunesse, qui se déplace à Pétange dimanche, va observer avec attention le choc de ce samedi entre le Progrès et le F91. C’est le moment de prendre le large. Mais Marc Thomé, son coach, ne s’emballe pas.
Où serez-vous, ce samedi à 18 h?
Marc Thomé : (Il rit) Mais au match bien sûr? Il faut que je voie jouer ces deux équipes : on doit encore les rencontrer d’ici à la fin de l’année. Je dois voir ce qui a changé avec l’arrivée de Serredszum à Niederkorn!
Ce n’est pas le résultat entre ces deux cadors qui pourrait être le plus intéressant pour vous?
Un nul, ce serait bien! Mais attention, on ne se définit encore que par rapport aux trois premières places. Tout le monde sait très bien qu’une fois que l’Europa League sera terminée, le F91 ne perdra plus un point. Alors ce serait bien, là, ce week-end, de ne pas les voir revenir à trois longueurs avant notre duel (NDLR : la Jeunesse doit se déplacer à Dudelange en match en retard le mercredi 31 octobre). L’idéal serait même qu’ils soient repoussés à sept ou huit points à ce moment-là. Ça nous donnerait d’autres possibilités.
Quelles possibilités?
Ils joueraient très différemment s’ils se retrouvaient aussi loin de nous au classement et, en plus, leur terrain les désavantage. Je suis certain, en plus, qu’on a les moyens de leur mettre deux ou trois buts. Enfin, une chose est déjà certaine : si on bat Pétange, on aura au moins six points d’avance. Et nous, on veut juste que cela dure le plus longtemps possible.
On veut juste que ça dure le plus longtemps possible
Pétange est actuellement 6e et démontre une belle solidité…
… Et si vous regardez les dernières rencontres qui nous ont opposés, chez eux, on a perdu deux fois! 1-0 et 6-2. Et de ce que j’ai vu depuis le début de la saison, c’est très bon. Mais il y a deux bonnes nouvelles : la première, Bojic sera suspendu pour quatre cartons jaunes et cela c’est important. La deuxième, c’est que leur terrain, pour une fois, me semble excellent. En tout cas vu des tribunes.
Ce match va signer le début pour vous d’une fin de saison ponctuée quasi exclusivement de chocs.
Oui et ça va être décisif pour toute la saison. On a joué toutes les petites équipes et on est invaincus, alors que c’était là, avant, que nous perdions des points. Et pourtant, face à des adversaires d’un niveau plus élevé, on garde une équipe qui peut jouer en contre puisque nos attaquants vont à 3 000 à l’heure. Cela peut devenir intéressant. Si on reste en tête, on pourra jouer certains matches différemment. En plus, je n’ai pas peur : on a déjà connu notre trou au moment où l’on a enchaîné deux mauvais matches contre Rosport puis en Coupe (NDLR : victoire en prolongations à Berbourg), en tout cas j’espère que c’était notre trou, le trou traditionnel qu’on a en première partie de saison. C’était ce qui me faisait peur, mais ça y est : il est passé.
Combien avez-vous prévu de points sur votre traditionnel tableau de marche, sur ces six matches très compliqués?
Ah mais je n’en fais plus des tableaux prévisionnels, j’ai arrêté!
Pourquoi?
Je ne voulais pas être déçu. Et là, finalement (il rit), si j’en avais fait, j’aurais été au-dessus ! Non, maintenant, à la place, je dis aux joueurs qu’on prend match après match et que si on gagne celui-ci, cela va nous ouvrir d’autres perspectives. Et les gars finissent déjà par me dire : « Mais coach, vous dites ça tous les week-ends… »
Le F91 a de quoi faire trois équipes…
Le discours change si la Jeunesse finit championne d’automne, dans moins de deux mois?
Non, ce serait bien trop tôt. Le titre? On en parlera si on a six ou huit points d’avance cet hiver, mais ce ne sera pas le cas. Le F91 a de quoi faire trois équipes et le Progrès a de quoi en faire deux. De toute façon, on ne veut pas gagner le championnat, on veut finir troisièmes !
Deux acteurs majeurs du dernier titre de la Vieille Dame, Jacques Muller et René Peters, nous disaient qu’ils ont deux inquiétudes majeures : le manque de cadres et la profondeur de banc en ce qui concerne la défense.
Je ne le vois pas comme ça. Les cadres, on les a. Sommer, notre gardien, a un calme impressionnant jusque dans le vestiaire. C’est un leader qui n’a même pas besoin de parler. Steinbach, lui, c’est un leader né. Il tue ses coéquipiers même quand il perd à l’entraînement. Et puis il y a Milos (Todorovic), qui devient toujours un peu plus fort dans son rôle de capitaine. On le sous-estime en tant que capitaine. Lui, c’est du gabarit de Jhemp Barboni, Denis Scuto ou Manou Cardoni. Il passera toute sa vie à la Jeunesse. On a aussi un Lapierre et des gars comme Er Rafik ou N’Diaye, avec une carrière…
Reste le problème de la défense.
Mais si on a des blessés, je peux remettre Milos derrière. Et puis il y a Brandon Soares, qui est un vrai bon joueur de DN mais ne peut pas le prouver, le malheureux, tant la charnière fonctionne bien à l’heure actuelle. Mais je n’aurai pas peur de le mettre sur le terrain. Seulement, avoir un socle inamovible, derrière, c’est important.
En même temps, ce n’est pas un peu bizarre de parler de votre défense comme d’un souci quand vous n’avez encaissé que trois buts en sept rencontres?
On avait encaissé beaucoup trop de buts ces deux dernières saisons. Sauf que maintenant, les attaquants se sont mis au travail. Je dois encore crier parfois sur Luisi et Kyereh, mais c’est cela qui va faire la différence.
Ça et quelques renforts hivernaux? Genre le retour d’Adrien Portier?
Je ne sais pas. Il faudrait déjà que je parle avec lui. Après tout, il est expérimenté, a seulement 30 ans… Mais la saison passée, on avait eu énormément de soucis avec nos six transférés et là, on est déjà à quatre. Et je n’en veux pas forcément un de plus.
Julien Mollereau