Avant d’affronter Differdange, le coach de la Jeunesse Esch affirme avoir cessé de croire à un miracle, malgré leur excellent début d’année 2022.
La Jeunesse Esch grignote lentement du terrain. Cinq matches sans défaite en DN pour un 13 sur 15, avec une moyenne de trois buts inscrits par match depuis la fin février. Faudra-t-il compter avec elle, en cette fin de saison ? À l’avant-veille d’aller défier Differdange, Jeff Strasser se refuse à en parler, «parce qu’avec des « si« , des « si« , des « si« , on peut y rester jusqu’à demain…».
Ça y est ? La Jeunesse a-t-elle enfin trouver son rythme de croisière ?
Jeff Strasser : Je vous l’avais déjà dit durant la préparation, à propos de la phase retour : l’objectif est de prendre match après match. C’est ce qu’on a fait et c’est ce qu’on continuera à faire.
On ne peut pas faire comme si, offensivement, ça n’allait quand même pas beaucoup mieux depuis quelques semaines…
Avec plus de concentration, disons qu’on devient juste plus efficaces même si on se crée aussi plus de situations. Nous avons aussi procédé à une réorganisation du positionnement offensif. On continue à travailler et à perfectionner ce qui fonctionne déjà parce qu’il faut faire en sorte que ça perdure.
Le retour de Megan Laurent, qui n’avait quasiment plus joué depuis début mai, fait curieusement partie de cette amélioration de votre ordinaire…
Il a été longtemps blessé, a eu le covid, mais a continué à travailler pour revenir. Et quand il est revenu, il a eu la chance d’être performant mais je suis persuadé que son rendement dans les semaines à venir va devenir encore meilleur.
On a l’impression que cela ne vous fait pas beaucoup plus plaisir de parler des réussites de votre attaque que de celles de votre défense.
Ce qui me fait plaisir, c’est que mes joueurs se récompensent au travers de résultats. Mais en ce qui me concerne… je ne pense pas qu’on ait été, depuis le début de la saison, une équipe qui ait joué hyper-défensif. Non, au contraire, on a cherché à créer des choses même si à un moment, on a eu plus de réussite défensive qu’offensive. Après, c’est plus simple de travailler la défense que les relations offensives.
On a beaucoup moins de joueurs de champ que d’autres équipes qui parlent de nos soi-disant moyens
Puisqu’on parle de la défense, un autre de vos joueurs impressionne énormément, derrière, dans l’axe : Oluwotabiloba Alagbe.
Au début, il n’était pas bon du tout et il a du attendre très longtemps pour obtenir sa licence pour divers problèmes administratifs. Durant cette longue période où il a été empêché de jouer, il a progressé, progressé, progressé au point de devenir très constant malgré son très jeune âge. Mais finalement, quand on regarde l’âge des joueurs de notre défense, entre Verburgh qui a 22 ans, Besch qui en a 23, Merces qui en a 21… sans compter Brito ou Klica, qui est parti (NDLR : à l’Olympiakos), c’est plutôt encourageant. On n’a vraiment que Clayton Moreira de Sousa, comme joueur expérimenté dans ce secteur.
C’est peut-être dû aussi au manque de profondeur de votre effectif ?
On n’a repris la deuxième partie de saison qu’avec 20 joueurs de champ. Beaucoup moins que d’autres équipes qui parlent beaucoup de nos soi-disant moyens. Et là, j’en ai encore 15 à disposition. Quinze.
Avec d’évidents problèmes au niveau des joueurs premières licences. La réforme à venir, visant à passer à cinq premières licences sur la feuille de match vous fait-elle particulièrement plaisir ?
J’aimerais effectivement bien qu’elle passe et pour plusieurs raisons, mais surtout que cela intervienne très rapidement. Pour des questions de planification. Mais je trouve plus intéressante cette obligation d’aligner deux premières licences dans le onze de départ que la formule actuelle et il y a surtout que cela va réduire les frais de gestion. C’est une bonne nouvelle pour les clubs, moins pour certains joueurs qui demandaient des salaires souvent trop élevés.
Après le match nul du 6 mars dernier contre le Racing (0-0), vous disiez, pour schématiser, regarder plus vers le bas que vers le haut. Trois victoires de rang plus tard, avez-vous changé d’optique ?
J’avais dit que dans le schéma d’alors, la place de barragiste était plus proche que celle d’européen et que donc, il fallait être logique.
Justement : et maintenant ?
On va être clair : les trois équipes actuellement sur le podium n’en descendront pas et joueront la Coupe d’Europe. On est à sept points du Swift et on a un moins bon goal-average. À sept journées de la fin, il faudrait pratiquement réaliser un sans-faute et pour programmer ce genre de choses, il faudrait être stupide. C’est pour ça que je ne veux faire un point que le 22 mai.
Parce que tout le reste, c’est du blabla. Et parler de la quatrième place, cela n’a pas de raison d’être. Quand j’entends certains clubs en parler, ça me fait rire : aujourd’hui, cette quatrième place, elle ne donne rien, non ?!
Alors après, avec des « si« , des « si« , des « si« , on peut y rester jusqu’à demain. Moi, tout ce que je sais, c’est que la Jeunesse est désormais à douze points du barragiste et à sept du podium. Voyons de combien on peut encore réduire cet écart…