Jeff Saibene a annoncé à ses dirigeants du RFCU, quelques heures après la victoire en finale de la Coupe, qu’il souhaitait résilier son contrat pour raisons personnelles.
Le technicien a surpris son monde, mais le RFCU devra lui trouver un successeur sur le banc de touche pour poursuivre le développement du club. Et cette fois, pas forcément un coach qui, comme lui ou son prédécesseur, Régis Brouard, a déjà entraîné dans le monde pro.
On devrait être en train de parler de l’avenir, d’Europe… et l’on se retrouve aujourd’hui à évoquer les raisons de votre départ pour « raisons personnelles« .
Jeff Saibene : Certaines personnes, qui me connaissent bien, ne sont pas surprises. D’autres un peu plus. Les premières voyaient bien que je n’étais pas à 100 % heureux. Et si cette annonce intervient juste après le titre en Coupe, c’est que je voulais le faire maintenant, pour laisser au club le temps de trouver un successeur. Mais attention, et ça je l’ai bien précisé à mes dirigeants, je pars sans avoir le moindre contact d’aucune sorte avec qui que ce soit. Peut-être que désormais, certains clubs, qui sauront que je suis libre, viendront se renseigner et j’écouterai peut-être. Mais je n’ai pas besoin de trouver tout de suite.
Un coach n’a pas besoin d’avoir toujours du boulot. Parfois, c’est bien aussi de prendre six mois ou un an pour soi. Ma famille et moi, on a fait construire notre maison entre Bâle et Zurich et c’est là que je veux habiter. J’aime trop la Suisse et sa qualité de vie. Pourtant, je m’étais dit que je pourrais faire trois ans au Racing. Mais j’ai 53 ans. Pas 35. Et on a constaté que voir ma famille un jour ou deux toutes les trois semaines, ce n’était pas ce qu’on voulait. J’ai d’autres priorités.
Votre directeur sportif, Iliès Haddadji, disait aussi avoir constaté que pour un coach qui a exercé dans le monde pro, comme Régis Brouard avant vous, il était visiblement très dur de revenir au monde amateur?
C’est très bien analysé. Je ne veux pas que cela ait à voir avec de l’arrogance, mais un journal suisse a établi récemment que j’étais le troisième coach qui a le plus duré sur un banc d’Axpo Super League (NDLR : en fait, le deuxième avec ses quatre ans et demi consécutifs sur le banc de Saint-Gall) et j’ai vécu de belles choses en Allemagne, sur le banc de Bielefeld par exemple, dans des clubs avec des infrastructures qui n’ont rien à voir et avec des mentalités très différentes. Ça m’a énormément tracassé.
C’est plus dur d’être entraîneur dans le monde amateur que dans le monde pro?
À 100 %! Il y a tant de trucs qui coulent de source dans le monde pro et pas dans le foot amateur… Mais je ne fais pas de reproches aux joueurs. Ils ne le savent pas, même ceux qui n’ont pas de travail à côté. J’ai quand même fait de belles rencontres avec de bons joueurs et de belles personnes : Mabella, Nakache, Ruffier, Pit Simon, Skenderovic… Des garçons exemplaires.
Le FC Metz? Oui, j’en ai aussi entendu parler
Une rumeur a circulé sur votre compte tout ce week-end : un intérêt du FC Metz…
J’en ai aussi entendu parler (il sourit).
Et?
Et c’est flatteur d’être cité dans un tel club.
Mais cela reste loin de chez vous.
On se rapproche quand même d’une heure de la Suisse. Non mais il faut voir le tout. On ne peut pas comparer un club luxembourgeois à un club français quand même.
Au moins aurez-vous fini votre seule saison de DN sur un titre.
Je repars sur cette grande satisfaction qui va apporter énormément d’argent au club. Il vaut mieux gagner la Coupe que finir quatrième! Et c’est un match dont on se souviendra dans l’histoire du club. C’était important de terminer sur ce beau souvenir.
Comment le RFCU évoluera-t-il ces prochains mois et années, selon vous?
C’est un club qui a une grande volonté de progresser. La présidente veut tout faire pour et elle dispose d’un directeur sportif très compétent d’un point de vue sportif et humain. Ils veulent construire et je suis certain que cela donnera de belles choses.
Quel coach pourrait bien prendre la succession de Jeff Saibene à la tête d’une équipe qui aimerait, enfin, se faire sa place durablement sur le podium de la BGL Ligue? Alors que les bruits de couloir laissent entrevoir la constitution d’un effectif très solide en vue de la saison prochaine, il va désormais falloir trouver l’homme qui devra mettre le tout en musique. Le RFCU a fait le constat que les anciens coachs ayant œuvré en professionnel rencontraient des difficultés multiples dans ce monde amateur et souhaiterait éviter de mettre un nouveau coach en difficulté en lui offrant les clefs d’un projet dans lequel les contingences le dépassent.
Mais qui pourrait reprendre, dès lors? Les profils de coachs ayant l’envergure mais aussi une connaissance des spécificités locales ne sont pas légion. Sébastien Grandjean vient d’arrêter au Fola par lassitude. Pourrait-il repartir immédiatement pour un tour? Jeff Strasser est lui sous contrat avec la Jeunesse même si un grand flou entoure l’avenir de cette dernière. Reste aussi Stéphane Léoni, en partance du Progrès et dont le travail était très apprécié par les dirigeants du RFCU ces derniers mois. Un tour d’horizon certainement pas exhaustif. Mais le Racing a une reprise à préparer, avec Coupe d’Europe à la clef. Il faut faire vite.