Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Décisif contre Mondorf (2-1) dimanche, Samir Hadji reste vital pour le F91, à 34 ans. Et ses statistiques sidérantes.
Les plus grands joueurs ne sont-ils pas ceux qui résistent aux modes ? En mai dernier, personne n’a fait attention aux 20 buts et 8 passes décisives de Samir Hadji. Tout le pays en était tout naturellement à s’exciter sur les 32 buts et 24 passes de l’Hesperangeois Rayan Philippe, qui s’en est allé en 2e Bundesliga escorté de l’admiration de ses collègues de boulot, mais aussi de cette phrase du défenseur eschois Julien Klein : «C’est la continuité qui fait toute la différence. Pas une seule saison. Je pense que les gens se souviendront plus d’un Dan Huss qui a inscrit 20 buts pendant des années que d’un Pierre Piskor qui en a mis 30 sur une saison.»
Hadji est du métal d’un Huss, pas d’un Piskor, c’est désormais une évidence. Il est dans sa dixième saison, en a fini neuf à plus de dix réalisations, quatre à plus de vingt, mais n’a jamais terminé meilleur artilleur du pays.
Son frère, Zachary, l’a été avec le Fola, en 2021, façon Rayan Philippe (33 buts inscrits). Le cadet avait eu droit aux honneurs de ses pairs (élu meilleur joueur) et de son père («Il m’a dit : « C’est bien, fils« et c’est plutôt rare»), mais il semble de plus en plus évident que s’il reste dans l’histoire de la DN, c’est son aîné, Samir, qui a le plus de chances de rester dans les mémoires.
Mondorf, c’était son 23ᵉ doublé
Dimanche, contre Mondorf, le Franco-Marocain a inscrit un doublé. Son 23e au Luxembourg (plus 9 triplés et 2 quadruplés). Il vaut trois points et le calcul est vite fait : Samir Hadji, grâce à ses buts, a déjà rapporté 6 points cette saison à son club.
C’est déjà autant que sur la saison 2021/2022 (le F91 avait été champion avec… cinq points d’avance) et plus très loin des neuf points arrachés grâce à lui en 2022/2023 (le F91 finit européen avec… huit points d’avance). Bref, Hadji pèse. Énormément même.
Et il commence à s’inscrire dans une forme de panthéon du millénaire. Désormais à 155 buts inscrits, il vient de rejoindre Théo Scholten et il ne lui reste plus que deux buts à inscrire pour rejoindre Dan Da Mota. Sixième buteur de l’histoire du pays, il peut même ouvertement postuler pour intégrer le cercle très fermé des joueurs à plus de 200 buts marqués, celui des Armin Krings, Dan Huss et Patrick Morocutti.
D’ailleurs, chez les buteurs encore en activité, il plane haut au-dessus de la concurrence. Le Niederkornois Dave Turpel, qui pèse 120 buts, ne joue presque plus. Dominik Stolz, qui a presque le même âge, est à 110 réalisations et Dejvid Sinani en a presque mis deux fois moins qu’Hadji (84).
C’est le prix de la longévité et de la régularité. À 34 ans et avec 250 matches de BGL Ligue au compteur (il entrera bientôt dans le top 100 des joueurs les plus capés), le patron a peut-être encore quelques différences fondamentales à faire.
Pourquoi pas contre Differdange, samedi, dans un match sur lequel il sera très attendu face à deux autres «vieux routiers» du championnat, Geoffrey Franzoni et Romain Ruffier. Il sera là. Sur le front de l’attaque. Obligé : la seule fois où il a été laissé au repos pour reposer la mécanique, à Käerjeng, le F91 a perdu des points…
