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[BGL Ligue] Gestion du groupe à la Jeunesse : «C’est un manque de respect!»


Mickaël Garos, pas heureux de la façon dont il a «été traité». (Photo : luis mangorrinha)

Les premiers choix sportifs de Reinhold Breu, pas (totalement) illogiques sur le fond, ont-ils créé des remous sur la forme? On dirait que ça tangue, à la Frontière.

La Jeunesse enterrait un peu sa saison 2024/2025, vendredi soir, entourée de ses sponsors et dans une ambiance qu’elle voulait festive. La Vieille Dame n’est sans doute pas là où elle rêvait d’être à l’issue de la saison, mais elle est en tout cas là où elle «pouvait» être, vu son budget. Une saison sans éclat, mais solide. Une saison de renforcement, quoi. Dans la foulée, le comité vient de se choisir une orientation sportive claire et lisible en la personne de Reinhold Breu, le budget est paraît-il revenu à l’équilibre et il était question, après une conférence de presse d’intronisation, de remercier les joueurs qui ont marqué la saison.

Mais le temps s’est un peu gâté avant de sortir les flûtes à champagne. C’est qu’à la lecture de notre article de début de semaine consacré à la fuite des cerveaux et qui ne peut concerner, fatalement, que des francophones, certains réflexes conservateurs de ce club de tradition, construit dans sa proximité avec la frontière et la France, ont resurgi.

«Avec mon salaire, il fera venir un attaquant»

Est-ce que la nouvelle direction sportive serait tentée de passer l’histoire des Bianconeri par pertes et profits pour germaniser l’équipe? Ce qui, en soi, n’a rien de répréhensible. Si ce n’est que cela peut heurter les sensibilités conservatrices si ce n’est pas fait avec ordre et maîtrise. Or c’est là que le bât blesse. Contactés par nos soins, certains joueurs ont eu l’impression d’un manque de respect, ces derniers jours. Avec plusieurs discours menés de front. L’un issu des dirigeants qui auraient indiqué à certains éléments vouloir les garder. Mais qui ont appris de but en blanc, de la bouche du nouveau patron du vestiaire… qu’il ne souhaitait pas les garder.

C’est le cas de Mickaël Garos, qui devait recevoir une petite récompense vendredi soir, lors de la cérémonie avec les sponsors. À l’issue d’une saison plus que complète qui l’a vu postuler au titre de meilleur défenseur central de la saison dans nos colonnes, le Français a failli zapper la cérémonie et pour cause. «J’avais reçu un vocal de quatre minutes du président me disant qu’on voulait absolument me prolonger. Moi, à la base, pas mal de choses m’avaient déplu dans la nomination du nouveau coach. Pas parce qu’il est allemand. J’ai travaillé avec Dino Toppmöller. Mais je me sentais quand même de faire remarquer qu’il serait curieux, par exemple, de voir un Français nommé à Rosport. À cause de l’intervention de joueurs formés au club dans cette nomination, qui n’a pas plu à certains – sinon, ils arrêtent de jouer et font directeur sportif! –, je me disais qu’à 80 %, je n’allais de toute façon pas prolonger. Mais bon, je vais quand même à l’entretien avec Breu, et là, je tombe des nues : il m’annonce que non, il ne veut pas me garder, qu’avec mon salaire, il fera venir un attaquant ou deux Luxembourgeois. Ce n’est pas que je suis déçu, je m’en fous, mais c’est un manque de respect.»

«Tout cela n’a rien à voir avec les nationalités»

Ce manque de respect a atteint, à en croire l’ancien joueur du Progrès, du F91, de Differdange, du Swift ou du RFCU, son paroxysme quand il a appris que Breu, assisté pour la traduction d’un des membres du comité, jouait franc-jeu avec absolument tous les garçons qu’il ne comptait pas garder. «Il a même demandé à Tarek Nouidra, un des meilleurs joueurs de la saison, s’il souhaitait continuer. Entre les lignes, il ne verrait aucun souci s’il lui annonçait qu’il voulait arrêter. C’est un sketch? Parce qu’à Tarek aussi, on lui a dit qu’on voulait le garder.»

Mais le mode opératoire ayant fait des vagues et les interrogations sur la méthodologie commençant à interroger en interne, voir le président Marc Theisen revenir vers certains avec l’argument du «malentendu» a achevé d’écœurer un Garos : «Maintenant, j’ai l’impression qu’ils veulent me garder pour ne pas passer pour des antifrancophones. C’est depuis l’article qu’ils font le forcing pour me conserver. Le président m’a même retéléphoné vingt minutes pour me convaincre. Je me sens utilisé. Pas question de rester! Vendredi, je vais à leur cérémonie pour leur dire que je ne resterais pas!»

Marc Theisen, soucieux de trouver la voie du consensus dans cette cacophonie, appelle à l’apaisement. Trouvera-t-il une voie qui permettra de réconcilier certains joueurs cruciaux (Garos, Nouidra, mais aussi Drif, entre autres) de cette saison avec le club et sa nouvelle direction sportive? En a-t-il vraiment besoin d’ailleurs, puisqu’il garantit qu’il ne s’immiscera pas dans les choix de Breu et que celui-ci semble avoir été clair avec ces garçons-là? «On a choisi Breu parce que beaucoup de jeunes croient en lui et que c’est autour d’eux qu’on veut construire, lâche le président. Tout cela n’a rien à voir avec les nationalités. On n’a pas pris un entraîneur allemand. On a pris un entraîneur compétent. Pour le groupe, rien n’est décidé. On va lever les malentendus.»