Rosport n’avait jamais pris autant de points aussi vite en début de saison. Et il le doit à des paris tactiques audacieux.

Rosport est en train de casser tous ses codes et de sérieusement perturber notre train-train. Onze points fin août, après seulement cinq journées de championnat? En ayant déjà joué le Progrès et Strassen? Mais où va le monde?

Faut-il rappeler qu’en 2022, à l’arrivée de Martin Forkel, le Victoria comptait deux petits points début septembre et qu’il n’atteindrait pas les onze unités avant… fin novembre? Faut-il rappeler qu’en 2023 et 2024, après cinq rencontres, son équipe en était à seulement six points engrangés? «C’est un début de saison parfait, et on n’a même pas eu besoin d’avoir de la chance», se réjouit Forkel, qui semble déjà avoir réussi son coup. Fin juillet, il disait vouloir jouer mieux et être plus efficace devant le but. Il a réussi les deux en y ajoutant une plus grande stabilité défensive. «Et si on marque plus et qu’on encaisse moins, théoriquement, on devrait être mieux placé aussi.» Le Victoria, en passe de faire encore mieux que son sauvetage ultraprécoce de 2024, quand il avait été assuré de conserver sa place dans l’élite dès la 22^e journée? En tout cas, il a déjà fait bien mieux que ses neuf points pris en… 2004, son ancien meilleur démarrage historique en DN. Littéralement enfoncé.

Kyereh, Steinbach, Vogel… quels coups!

Devant autant de questions rhétoriques, il n’y a plus le choix, il va falloir mouiller le technicien : c’est sa faute! Forkel a relancé Kyereh en BGL Ligue trois ans après son dernier passage à ce niveau, l’a recentré au lieu de le laisser dans un couloir et c’est une réussite éclatante puisque l’Allemand, venu d’Etzella, a déjà marqué quatre buts en cinq rencontres («et cinq tirs», s’amuse Forkel), c’est-à-dire autant que sur sa dernière saison parmi l’élite, en 27 apparitions. Forkel a essayé en préparation de remettre Steinbach sur un poste plus défensif avant de se rendre compte que sa qualité de jeu au pied en faisait une arme fatale en 8 ou en 10, d’où… déjà trois passes et deux buts au compteur. Forkel enfin, a fait glisser son récupérateur, Ben Vogel, dans la charnière et possède aujourd’hui la quatrième meilleure défense de l’élite.

Le coupable fait le modeste et en rigole. «Est-ce que j’ai fait du bon travail? Peut-être. Ce que je remarque surtout, c’est que mes joueurs sont très intelligents avec et sans ballon. Et puis les garçons qui sont là depuis quelques années ont franchi un pas. On est beaucoup plus expérimenté et j’en veux pour preuve la régularité désormais affichée par Ferreira.»

Sur les cinq prochaines rencontres, le Victoria va se frotter à trois promus, Bissen, Mamer et Canach. Il faut désormais se poser la question de savoir où il en sera, mi-septembre, lui qui escompte qu’avec 32 points, il pourrait être sauvé.