Alors que Jorginho Monteiro semble plus que jamais en partance pour le Kazakhstan, Guillaume Trani aimerait aussi éventuellement pouvoir être libéré. Mais laisser filer deux garçons aussi cruciaux pour Differdange ne relancerait-il pas tout le championnat?

«Je ne pense pas qu’on laissera partir les deux sur la même période de transfert.» C’était la semaine dernière et c’était dans la bouche de Pedro Resende, entraîneur soucieux de préserver ses huit points d’avance en tête de la BGL Ligue et d’aller chercher un deuxième titre consécutif de champion, alors que se profile un départ difficilement contestable de Jorginho pour le Kairat Almaty (selon des informations émanant du club). Son meilleur buteur de la dernière saison et demie, 36 pions en 41 matches de championnat, va faire «fois six» au niveau du salaire en filant au Kazakhstan, et Rémy Manso, le directeur sportif du club, a indiqué encore mardi qu’il «pense que l’affaire se fera». Assurant du fait que le club avait marqué son accord pour la transaction.

Manso, tout autant que Resende, a ajouté, en aparté, «espérer que Trani, lui, reste». Parce que repartir sans son avant-centre est déjà très complexe à envisager. Mais casser littéralement le duo remettrait potentiellement le FCD03 à hauteur de la concurrence, obligé de reconstruire encore tout son secteur offensif comme il l’avait fait à l’été 2023 aux départs de Naïfi et Castro. «Mais c’est plus difficile à faire en hiver», avait pointé justement Resende. Il avait souligné, également, que trouver un profil tel que celui de Jorginho était hautement improbable. Et que cette improbabilité se doublait d’une certitude : soit le joueur qui viendrait serait sans club et donc sans rythme, soit il coûterait trop cher pour Differdange.

«Un à remplacer, c’est chiant, mais deux…»

C’est cette logique, implacable, qui commence à inquiéter un peu Guillaume Trani, qui se repose actuellement chez lui, à Marseille. La logique, il ne la comprend que trop bien. «Je me doute bien qu’ils préféreraient que cela ne se fasse pas pour Jorginho et moi. Un à remplacer, c’est déjà chiant, mais alors deux…». Mais il le sait, pourtant, il y a des offres sur la table, pour lui. Elles émanent de pays un peu plus exotiques que les trois à quatre opportunités de l’été dernier, qui provenaient notamment des pays frontaliers, mais elles ont aussi l’avantage d’être attirantes, financièrement parlant.

Le meilleur joueur de la saison 2023-2024 va-t-il devoir encore faire l’impasse et patienter jusqu’à la fin de son contrat, cet été? Le contexte le laisse songeur. Le dossier Monteiro étant bien plus avancé que le sien, le Français sait d’avance que son coéquipier portugais aura la préséance, mais rappelle aussi qu’il ne serait pas forcément contre le fait que son club essaye de gagner un peu d’argent sur son dos dès cet hiver, lui dont la valeur marchande atteint désormais 250 000 euros. «Ils doivent me vendre avant que je sois libre, en juin. Parce qu’en l’état, soit ils perdent de l’argent cet été, soit ils me perdent moi cet hiver. Tout ça, c’est à double tranchant. Alors tant qu’à faire, qu’ils en profitent! Qu’ils prennent de l’argent! Moi, j’espère juste que ça ne bloquera rien si cela doit se faire durant ce mercato.»

Mercato fermé, qualif’ ratée, actionnaire changé…

On le sent, le Marseillais aimerait bien ne pas être «victime» de l’évolution positive du cas Jorginho si le sien devait, lui aussi, subir une évolution majeure.

C’est qu’il a eu du mal à digérer le fait de rester au Grand-Duché l’été dernier. Ordabasy voulait en effet prendre le duo après la double confrontation qui a failli voir le petit Poucet éliminer l’ogre kazakh «mais cela ne pouvait pas se faire parce que leur mercato était clôturé», révèle Trani. Qui a eu trois à quatre autres propositions qui se sont toutes refermées, «dont aucune par la faute du FCD03», s’empresse-t-il de préciser. «Une fois, un club ne me prenait que s’ils passaient les barrages de la Conference League, mais ils ont échoué et n’avaient plus besoin de moi. Un autre club a changé d’actionnaire à la dernière minute… Il y avait toujours quelque chose et j’ai eu beaucoup de déceptions. Je ne veux pas revivre la même chose.»

On jurerait que ce que le leader et champion en titre ne veut pas revivre, lui, c’est un deuxième marché des transferts où il doit de nouveau tout repenser. Mais si Guillaume Trani devait lui aussi quand même quitter le navire, l’affaire relancerait potentiellement tout le championnat.