BGL LIGUE (29e JOURNÉE) En pleine célébration et remise de la Coupe, le FCD03, qui venait de prendre son premier but en 2025, a vu l’alarme du stade retarder les célébrations. Ce fut quand même très beau.
«Attention, attention, pour des raisons techniques et de sécurité, nous vous prions de bien vouloir quitter sans délai le bâtiment.» Il est 18 h 30, Differdange est en train de faire monter ses joueurs sur le podium pour recevoir le saladier des mains de Paul Philipp et voilà que se déclenche la sécurité incendie du Parc des Sports d’Oberkorn, qui demande aux quelque 1 000 personnes présentes de se diriger vers la sortie. Comme ça, sans raison. Décidément, il y a toujours un petit truc pour gâcher le plaisir total de ce club, lui qui avait été contraint d’écourter sa célébration sur la pelouse du voisin niederkornois, la saison passée, parce qu’un joueur avait éteint les projecteurs, jugeant indécente la fête que le FCD03 était en train de mener sur la pelouse du Jos-Haupert.
Pins C1, fumée et écran géant
Cela a duré cinq minutes. Avec avertissement en luxembourgeois, en français, en allemand, en anglais… en boucle surtout. Les gens ont gardé leur calme. Fabrizio Bei, bras croisés, qui venait d’exhorter la tribune à faire plus de bruit pour accueillir «ses» joueurs, se serait fait gâcher le moment par bien plus qu’une alarme vite maîtrisée. Lui qui avait, en secret, enregistré en voix off les commentaires de la vidéo de 16 minutes diffusée sur écran géant, savait que rien, décidément, ne pourrait gâcher le plaisir.
Le président avait d’ailleurs débarqué en tribunes, trois heures plus tôt, avec le badge de la Ligue des champions à la boutonnière. «En attendant le deuxième, celui qu’on nous donnera au tirage à Nyon», sourit-il. C’est jour de fête au Parc des Sports d’Oberkorn, clairement. On n’en est pas à la ferveur populaire qu’espérait le comité du FCD03, mais entre 1 000 et 1 500 spectateurs sont tout de même venus rendre hommage au champion statistiquement le plus impressionnant de ce siècle. Sous les yeux de Paul Philipp mais aussi du patron de l’arbitrage, Alex Kruger, Differdange a prévu un programme aux petits oignons, avec deux chansons de Joël Marques, DJ, vidéo sur écran géant et, à l’occasion de la remise du trophée… «fumée + étincelles», dixit le déroulé de la cérémonie, imprimé sur papier glacé.
En pleine période où les clubs de DN se font assaisonner par le tribunal fédéral pour utilisation de matériel pyrotechnique, la provocation est à la fois drôle et extrêmement revendicative. Le FCD03 vient de prendre 1 500 euros d’amende pour son déplacement à Wiltz en championnat, il risque de voir la note s’alourdir après la venue de… Wiltz en Coupe, et voilà qu’il revendique tout haut le droit de faire la fête comme il l’entend? C’est culotté et plaisant.
Les claquettes roses d’Abreu portent bonheur
Reste qu’il y avait un match à disputer, avant de faire la fête. Pedro Resende et son président avaient exhorté les joueurs à profiter de l’après-match sans calculer, mais aussi à faire le boulot sur la pelouse contre un RFCU en course pour l’Europe et seul adversaire à l’avoir battu jusqu’à présent au fil de cette saison de folie. Un débordement d’El Idrissi pour un plat du pied de Gustavo, en retrait, buteur avec l’aide du poteau (1-0, 9e) aurait dû faire l’affaire, mais cette défense quasi parfaite malgré l’absence de Brusco depuis quelques semaines, a fini, «enfin», par plier. Pina Gomes a fait la différence sur le flanc gauche pour offrir un ballon parfait à Amiri à l’entrée de la surface pour une lucarne qui a, pour une fois, laissé Ventura sans réaction (1-1, 80e).
Cela, pas plus qu’une alarme incendie, ne pouvait gâcher la soirée. Les joueurs differdangeois se sont résolus à ne pas pouvoir, mentalement, aller jusqu’au bout sans casse. Impossible, mentalement, de maintenir ce degré d’exigence surhumain. Autant, donc, faire la fête. Geoffrey Franzoni, capitaine toujours aussi relax, a piqué les claquettes… roses d’Artur Abreu (qui a pris une béquille en fin de match et quitté ses partenaires en boîtant sans que cela n’inspire trop de crainte avant la finale) pour aller soulever le trophée. En s’interrogeant : «Vu les derniers mois, j’espère que je ne vais pas me blesser avec elles.» Réponse : non. Stabilité optimale au moment de soulever le saladier au son du «We are the champions».
D’aucun ont remarqué que Resende, qui ne sera pas conservé, n’a pas tapé dans la main des membres du comité comme l’ont fait tous les joueurs avant de monter sur le podium. Le technicien, qui écrit la plus belle page de l’histoire du club, a le droit d’être triste de voir la fin arriver. Il devait quand même y avoir, en lui, une grosse envie de lâcher les chevaux, hier soir.