BGL LIGUE (12e JOURNÉE) Dudelange, revenu à une formule tactique pas éloignée de celle de l’an passé, sous le technicien portugais, refait du chiffre avant de recevoir le Swift.
Carlos Fangueiro est de retour au Nosbaum. Là où le technicien portugais a insufflé un truc fou dans l’après-Becca (au point que le «boss» est venu le débaucher l’été dernier), conquérant un titre, accrochant une finale de Coupe, envoyant plusieurs joueurs dans le monde pro (Bettaieb, Van den Kerkhof, Cools…), multipliant les tours de Coupe d’Europe passés, évitant ainsi au club de s’empêtrer encore un peu plus dans des problèmes financiers devenus depuis assez manifestes. En 2020, on s’attendait à un hiver nucléaire du côté de Dudelange, on a finalement eu droit à un bel été indien.
Qu’est-il resté de trois années de «fangueirisme» chez le club le plus titré du siècle ? Malgré la nouvelle dégradation des moyens financiers, reste-t-il un patrimoine sur lequel vit encore ce F91 au pied du podium et qui ne demande qu’à y monter ? Les réponses – car il ne peut y en n’avoir qu’une – sont venues des résultats récents. Après trois victoires et trois défaites en forme de montagnes russes en début de saison de DN, les cadres restants ont demandé à Jay Shoffner un plan pour resserrer les boulons et pérenniser le projet.
«Ce n’est pas le système que « Jay » préfère»
Et l’on en est plus ou moins revenu à ce que les «héritiers» des trois dernières saisons savaient faire quasiment les yeux fermés. Un système à trois centraux et deux latéraux dédiés. «Ce n’est pas illogique, défend Samir Hadji. Le coach est très a l’écoute dès qu’il sent que cela peut aider l’équipe. Là, on ne pouvait manifestement pas tout révolutionner en quelques mois. On est donc revenus au 5-3-2 ou 5-2-3 et ça va mieux : on a retrouvé notre solidité défensive.»
Il serait là, l’héritage Fangueiro. Dans le système. Malgré l’évidence que les couloirs sont un peu moins bien outillés que ces trois dernières années, les automatismes sont demeurés chez beaucoup et le club peut vivre là-dessus. «Effectivement, ils y sont revenus, remarque le nouveau patron du Swift, sans aucune trace de fierté dans la voix. Je crois que ce n’est pas le système que « Jay« préfère, mais tant que ça marche. Ils ont même repris le pressing sur l’adversaire avec le n° 10 qui monte pour faire une ligne à trois…» Oui, ça marche. Sous Fangueiro, le F91 avait pris 2,12 points en moyenne par rencontre au fil de 108 matches. Avec un retour à cette version, il vient de signer cinq matches sans défaite en BGL Ligue et même trois succès consécutifs avec une élimination en Coupe contre Differdange (0-2) qui aurait sans doute mérité une autre issue.
«C’est une variation, il y a notre saveur»
«Mais c’est qu’on a essayé de mettre nos idées à cette base !, tempère Jay Shoffner. C’est une variation. Il y a notre propre « saveur« .» Le coach américain, il faut dire, manquait aussi de quelques éléments en Coupe d’Europe pour se pencher plus avant sur son projet de jeu, qui aurait pu rester d’emblée fidèle à celui de son prédécesseur : Bojic et Stumpf n’ont pas pu faire la campagne européenne et participer à l’émergence immédiate d’une voie nouvelle, même si basée sur l’ancienne.
«Bon, après, il n’y a pas que ça, admet encore Hadji. Quand on travaille deux ou trois ans avec un coach, on garde des réflexes conditionnés. Comme les réactions en perte de balle. Les replis défensifs exigés, ils sont entrés en moi maintenant (sic). On réagit encore comme Fangueiro le souhaitait. Mais cela aussi, cela allait à Shoffner.» Que Carlos Fangueiro se rassure : si jamais il devait lâcher des plumes sur son ancien terrain de jeu et face à ses anciens joueurs (70 % des titulaires dans le champ, dimanche dernier, avaient évolué sous ses ordres), il pourra se consoler en se disant que c’est en partie par ses propres principes et sa capacité à baliser le terrain qu’il aura été battu.