Le FCD03, quasiment irrésistible, peut enterrer pour de bon les espoirs du Swift de conserver son titre. Et prendre une option sur le tout premier de son histoire.
Avec neuf points d’avance sur le champion en titre et réception dans son stade à suivre, la seule question qu’on aurait envie de poser aux deux coachs est la suivante : «Si le Swift ne gagne pas samedi soir, c’est fini ?». Mais si le football est «un sport simple que certains s’amusent à rendre compliqué», c’est pareil pour la communication dans le football. Ni Pedro Resende ni Roland Vrabec n’ont voulu y répondre frontalement. Parce que ce serait accepter une pression à laquelle ils se sont pourtant tous les deux préparés depuis des semaines.
«On pourrait dire « oui« », a murmuré le technicien differdangeois, mais il ne l’a pas dit. À la place, il a commencé par faire le service habituel. «Vu la qualité de l’adversaire, c’est un match difficile qui nous attend.» C’est à ce moment qu’il a décidé de couper le robinet d’eau tiède en voyant une opportunité en or de mettre, justement, toute l’urgence du résultat sur les épaules de ce Swift qui vient de lâcher cinq points contre Mondercange et Mondorf lors de ses deux derniers matches à domicile et ne respire déjà pas la confiance : «Oui, après, on pourra dire que pour eux, c’est terminé s’ils perdent ici. Ce sont clairement eux qui vont entrer sur le terrain sous pression.»
«Je doute qu’ils puissent lâcher le titre»
Roland Vrabec n’est pas un perdreau de l’année. Plutôt que de montrer qu’il ne tombera pas dans le panneau, il déplace le curseur des exigences. Le titre. Le train est déjà passé. Ce n’est pas ce que vient jouer Hesperange, ce samedi. En tout cas pas explicitement. Le coach allemand louvoie. Joue sur les mots. Dit qu’il regarde la situation avec pragmatisme (un autre mot pour «fatalisme») mais qu’«on ne sait jamais». Autrement dit, que tout est déjà perdu… mais pas vraiment. «C’est que si on gagne, on revient à six points et on connaît leur calendrier derrière. Il n’est pas facile.»
Certes mais celui du Swift lui offre la réception du F91, dimanche de la semaine prochaine, et ce n’est pas ce qu’on peut appeler une simple visite de courtoisie. «Oui mais voilà, on n’abandonne pas. On veut se qualifier pour la Conference League (NDLR : vous aurez bien entendu remarqué que Vrabec n’a dit ni «Ligue des champions» ni «Coupe d’Europe») et on sera compétitifs. Mais il est dur de parler en ce moment avec toutes les incertitudes.»
Après le 1-1 de l’aller et alors qu’il vient d’enchaîner neuf victoires consécutives à la maison (dont les cinq dernières sans encaisser de but), Differdange ne pourra pas fuir le statut de nouveau favori de ce genre de rencontre. L’impression de calme et de puissance qu’il dégage renvoie le Swift à ses propres insuffisances du moment. Resende admet qu’il voit des joueurs «tranquilles, en confiance et de bonne humeur qui semblent ne pas trop se préoccuper de l’importance de cette rencontre». Sans doute la force de l’évidence. En face, Ricky Delgado lit ce bras de fer comme ça : «L’avance du FCD03 est assez confortable. Allez, si on ne veut pas dire confortable, disons que tout est entre leurs mains, même si on les bat. Je doute qu’ils puissent lâcher le titre.» Dit autrement, le bâton de maréchal pourrait changer de mains, samedi.
Si Differdange a un avantage sur le Swift, c’est la multiplicité de ses sources d’approvisionnement offensif. En 2024, le joueur le plus efficace s’appelle en effet Raphael Holzhauser. L’Autrichien, auteur de 9 buts et 4 passes décisives, parvient ainsi à faire mieux que Jorginho Monteiro avec ses 9 buts et 2 passes décisives.
Léger avantage pour le Swift dans la dangerosité supposée, d’autant qu’avec 5 buts et 4 passes décisives, Dominik Stolz ne traîne pas loin derrière en valeur sûre de la DN? Eh bien non parce que cette force de frappe offensive qui ne repose que sur deux garçons côté hesperangeois, elle se démultiplie en face. Protéiforme, l’attaque differdangeoise s’appuie sur plein de garçons dont on ne sait pas lequel sera en forme le jour J, rendant difficilement lisibles les contours de la menace. Admirez plutôt : Kenny Nagera pèse 3 buts et 3 passes depuis février, Guillaume Trani en est à 3 buts et 4 passes, tandis qu’Artur Abreu pointe à 3 buts et 2 passes. À eux trois, de manière composite, ils se hissent largement à hauteur de Stolz et même le dépassent avec 9 buts et 11 passes. L’union fait la force, côté FCD03…