Troisième maillot, concert, clips… Niederkorn a multiplié les annonces en fin d’année sur ce partenariat avec le chanteur messin, véritable idole des ados français.
Alors ça, ça s’appelle de la diversification ! Un club de football luxembourgeois acoquiné dans le cadre d’un projet d’envergure avec l’un des chanteurs français les plus cotés du moment, catégorie ados et préados, il faut le voir pour le croire. Mais avec ses plus de 350 000 abonnés Instagram, son 1,5 million de suiveurs sur TikTok, son 1,3 million d’abonnés YouTube, ses 800 000 écoutes-semaine sur Spotify, Yanns est un mastodonte (son tube Clic clic pan pan a fait 150 millions de vues) qui est en train d’offrir une visibilité maximale au club dirigé par Thomas Gilgemann.
3 500 personnes au concert du 25 mai
C’est tombé comme ça, par hasard, alors que les dirigeants niederkornois cherchent des solutions pour augmenter leur surface financière. En plein brainstorming, le directeur stratégique du club, Luis Ramos, laisse tomber que son épouse connaît celle du chanteur, déjà sponsor du FC Metz (il est originaire de la ville et a son nom sur le maillot du club) après avoir fréquenté l’AS Nancy-Lorraine en jeunes et de s’y faire les croisés. Des contacts sont noués.
Yanns, qui adore le foot, vient au deuxième rendez-vous en demandant combien d’argent le comité du Progrès aimerait le voir investir. Il manque de tomber de sa chaise quand on lui répond… «rien». Ce que le Progrès et son président veulent, c’est de la visibilité, même atypique («On cherchait quelque chose qui dénote»). C’est ce qu’il va trouver.
Dans un mois, à la reprise de la BGL Ligue, on devait continuer à entendre les chansons de Yanns au stade Jos-Haupert avant, pendant et après le match. Logique : c’est aussi là qu’il se produira, le 25 mai, en clôture de la saison de DN, pour son tout premier concert luxembourgeois. Façon «artiste officiel» du club.
L’opération à elle seule vaut tous les sponsorings du monde, à l’échelle du Grand-Duché : en faisant monter 3 500 personnes sur cette pelouse qui sera entièrement refaite à partir du lendemain, le Progrès va toucher le pactole. À 29 euros le ticket (sans compter les grillades et la buvette à côté), les deux partis se partageront les recettes à parts égales et cela sera un banco qui vaudra autant pour la somme engrangée que pour l’image de marque.
Le Progrès sera à la Star Ac’
Mais depuis de longs mois, c’est une lune de miel. Yanns a, par exemple, dessiné un troisième maillot au Progrès, qui ne le mettra que ce fameux 25 mai, mais qui cartonne surtout… en France après que le chanteur en fait la promotion sur ses réseaux. Il s’en est déjà écoulé 500 exemplaires sans communication outrancière. Et pour le Progrès, qui touche 25 euros à chaque exemplaire vendu, c’est un nouveau bon coup puisqu’il espère que l’opération, au final, lui rapportera 25 000 euros. Avec Yanns, ce ne sera ni le premier ni le dernier.
Autre exemple : des millions de personnes en France et en Belgique vont bientôt être sérieusement habitués au logo à l’abeille. Yanns, passé par l’émission Touche pas à mon poste le soir même de l’un des business clubs de Niederkorn, auquel il assiste désormais régulièrement, Yanns qui a chanté en finale de la Star Ac’… va participer à Danse avec les stars. Et pas n’importe comment mais en jaune et noir puisqu’il devrait participer aux répétitions avec son maillot niederkornois.
Mais allez savoir, peu de gens découvriront finalement le club à cette occasion puisque Yanns est venu au Luxembourg tourné le clip de son dernier tube, Rivoli. On y voit Thomas Gilgemann mais aussi certains de «ses» sponsors. Puisqu’on parle de sponsors, Yanns en a déjà réorienté certains de Metz jusqu’au stade Jos-Haupert. Ce qu’il y gagne, lui ? Une visibilité au Grand-Duché et un projet plus humain que celui qu’il trouverait dans un club pro.
Le Progrès va même créer une cellule de recrutement commune.
Niederkorn recherchait depuis un bout de temps les clubs qui puissent accepter des relations qui aillent au-delà même de la simple collaboration. Et la structure qui est en train de se mettre en place, à cheval sur la France, la Belgique et le Luxembourg, dessine de nouveaux horizons.
Les ambitions du triumvirat, qui s’est même doté d’un logo? La participation automatique de tous les clubs aux tournois jeunes des uns des autres, le développement de partenariats communs (des business clubs regroupant les sponsors des deux clubs devraient bientôt voir le jour), la formation des entraîneurs par échanges de compétences, les test-matches communs…
Mais aussi et surtout, alors que cela va à l’encontre de décennies de compétition entre clubs pour s’arracher les joueurs, la mise en place à venir d’une cellule de recrutement commune. «On se rancarde, on s’échange les profils, on s’appelle systématiquement dès qu’on nous propose un très bon joueur qu’on ne prendra pas parce que ce n’est pas un profil dont on a besoin», explique Thomas Gilgemann. «En bref, on crée un réseau commun, sachant qu’entre les envies de D2 de Virton, les envies de N1 de Thionville et nos ambitions à nous, on ne se marche pas sur les pieds.»
Le Progrès a accepté de se retirer quand il s’agira d’un joueur étranger issu des rangs d’un club de BGL Ligue, mais il gardera au contraire ses prérogatives quand il s’agira d’un «première licence». Une organisation transfrontalière innovante résumée par un mot d’ordre : «Ensemble, devenons meilleurs».