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[BGL Ligue] Differdange : «On est dans un trou noir»


André Rodrigues et ses coéquipiers ont le masque. (Photo Julien Garroy)

Differdange est aujourd’hui 7e avant d’aller à Dudelange. L’heure de se dire que l’Europe, en fin de saison, peut être menacée ? Un historique du club, André Rodrigues, n’y pense pas encore.

Fidèle à son habitude, André Rodrigues la joue cash et emboîte le pas de tous ceux qui, avant lui, dans l’équipe, ont dressé un constat peu rassurant de dysfonctionnements anormaux au fur et à mesure que la saison s’embourbe. La défaite 2-1 à Hostert n’en est qu’un nouvel exemple. Ça l’inquiète, mais ça ne le désespère pas encore.

On va comment quand on est 7e et qu’on comptabilise déjà cinq défaites en onze matches ?

André Rodrigues : Ça me fait chier. Le club n’est pas habitué à ça. Ça fait quasi dix ans qu’on est tout le temps en haut. On se doutait bien que ça arriverait un jour, une saison sans réussite, mais bon…

Qu’est-ce qui peut encore être fait pour tenter d’arranger les choses ?

Je ne sais pas. Aucune idée. On a déjà presque tout tenté, je crois. Maintenant, c’est le président qui doit voir, décider de ce qui va se passer cet hiver.

À quel genre de décision pensez-vous ?

Doit-on recruter ? Faut-il discuter avec certains joueurs ?

On entend parfois que l’ambiance est moins bonne qu’auparavant à Differdange. Ou en tout cas plus aussi excellente qu’elle ne l’était fut un temps. C’est une vision de l’esprit du genre de celles qui accompagnent toujours les équipes en difficulté ? Ou cela a une réalité concrète ?

L’ambiance… elle est là. Mais sur le terrain, on ne va pas se mentir : il nous manque quelque chose, c’est vrai. Il y a de l’ambiance, mais moins qu’avant et si même de l’extérieur cela commence à se voir… Je me rappelle quand je suis arrivé à 17 ans en équipe 1, c’est logique vu l’époque à laquelle c’était, on était plus de Luxembourgeois. Je ne dis pas qu’on ne respecte pas la nouvelle donne, qui elle aussi est logique avec autant de non-Luxembourgeois que de Luxembourgeois dans l’effectif mais bon, il y a plus de turnover…

…L’identification n’est peut-être pas encore aussi forte qu’elle a pu l’être à une époque ?

L’important, surtout maintenant, c’est que tout le monde soit sincère et se pose la question de savoir : « Ai-je donné à ce club tout ce qu’il mérite depuis le début de saison ? » À l’heure actuelle, si un seul joueur ose répondre « oui » à cette question, je dis que c’est un menteur. Certains ont même joué blessés en ce début de saison et cela a une influence sur les résultats. C’est arrivé au moins sept fois. Juste parce que ces joueurs voulaient jouer. À notre niveau, ce n’est pas normal.

Quel est votre niveau actuel, d’ailleurs ?

On est dans un trou noir.

C’est très grandiloquent ça. C’est à ce point-là ?

Si je regarde le classement, oui. Ce n’est pas nous, cette septième place. Ce n’est arrivé qu’une fois depuis que l’équipe est remontée en DN (NDLR : le FCD03 n’a plus fini une saison hors du podium depuis l’été 2013, du top 4 depuis 2009, et a fini 7e seulement lors de l’édition 2007/2008, il y a… dix ans). Mais après tout, on n’est qu’à quatre points du 3e (NDLR : en fait trois) et dans ce championnat, tout peut aller très vite.

Il y a un mois, votre président indiquait qu’il était persuadé qu’en fin d’année, le FCD03 serait à sa place, dans le top 3. C’est encore possible, mais ce sera plus que compliqué.

Ces dernières années, on a toujours eu des petites phases, mais après on recommençait à enchaîner. C’est comme ça qu’on est habitués à gagner. Là, non… Alors moi je ne dis pas qu’on sera sur le podium, mais en tout cas, pas loin.

N’êtes-vous pas tout de même bien fragilisés avant de vous rendre à Dudelange ?

On va quand même tout faire pour gagner.

Mais avec cette spirale négative, vos chances d’y faire un truc sont-elles aussi grandes que les années précédentes, où vous arriviez souvent en confiance ?

Bonne question. Notre moral est quand même tout en bas, là. Physiquement, pas de doute, on est prêts, mais sans moral… Tu rates tes passes, tes contrôles… Même les choses simples te paraissent compliquées. À Hostert, on n’arrivait pas à produire de jeu.

Si vous perdez à Dudelange, avec le risque de vous embourber encore un peu plus, y aura-t-il crise ?

Je crois qu’on a le droit de perdre là-bas.

C’est vrai dans une saison normale. Mais dans votre situation ?

C’est vrai parce qu’on est devenus une équipe, au fil des ans, qui vaut un top 3. Qui est un top 3. Et pour moi, on le reste !

Entretien avec Julien Mollereau