Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Paolo Amodio a décidé de redonner du peps au FCD03 en lui donnant une couleur bien plus offensive que sous son prédécesseur. Differdange attendait ça depuis le 10 novembre et la 11e journée. Le FCD03 a remporté son derby 2-0 contre Niederkorn, samedi.
L’objectif de Differdange était déjà de jouer de manière cohérente. Comme il le faisait pendant tout le début de saison. Solide derrière (il n’avait plus fini un seul match officiel sans prendre de but depuis la 12e journée), chirurgical devant (il marque deux buts au Progrès en trois occasions seulement). Cela a suffi au bonheur de son président, Fabrizio Bei : «On était en place, il y avait de la volonté, de l’abnégation. Avec tout ce qu’on a bouffé ces derniers temps, on en avait bien besoin.»
À en croire les joueurs, ce dont cette équipe avait besoin, c’était peut-être d’une autre idée directrice. Et c’est avec ça qu’est arrivé Paolo Amodio dans ses valises, la volonté de faire jouer un football plus offensif que celui prôné par Arno Bonvini.
L’idée est éprouvée cette saison depuis qu’à Pétange, Carlos Fangueiro a lâché les chevaux en reprenant ce Titus défensif de Baltemar Brito et en lui faisant réaliser de petits miracles (jusqu’au flop de samedi soir à Mondorf). Prouvant que jouer au ballon, quand tout va mal, n’est pas finalement une si mauvaise idée, contrairement aux idées reçues.
« Changement de philosophie et de style »
Alors pourquoi pas transposer le concept à Differdange ? Peut-être parce que la force de frappe offensive y est plus douteuse ? Forcément Jordan Oukache, auteur d’une jolie passe décisive sur l’ouverture du score (une tête plongeante de Caron au premier poteau), n’est pas d’accord : «Il y a un changement de philosophie et de style de jeu. Le coach nous a tout de suite dit qu’il voulait qu’on joue, qu’on soit dominateurs, pas qu’on subisse. Et ça a fait beaucoup de bien au groupe, qui a un vrai potentiel pour jouer comme ça.» Amodio n’a pas non plus pris cette option à la légère. Et l’assume, car «peut-être certains ne croyaient-ils plus en leurs qualités».
Amodio a donc rendu une partie de leur honneur aux attaquants du club, regardés avec condescendance au vu de leur expérience cumulée toute relative au début de la saison et de leurs statistiques de la première partie de championnat. Il a également rendu au moins pour 90 minutes la défense à son imperméabilité.
Cela ne tiendra que si l’effet dure au-delà du derby, mais c’est déjà ça de pris pour des joueurs qui avaient pris l’habitude d’affronter les micros en cherchant des excuses ou en baissant la tête. «On a vu un bloc, de la cohésion, sourit Almeida. J’espère qu’on est en train de revoir le Differdange du début de saison. Mais c’est à confirmer.»
«On a retrouvé la solidité défensive qui permet d’avoir du succès, analyse pour sa part le capitaine, Mathias Jänisch. Et on a enfin gagné un match en 2019, en prenant plus de risques de jeu vers l’avant.» Pétange l’a fait et cela lui a plutôt souri. Differdange est prêt à marcher sur les traces d’une équipe qui compte encore trois points d’avance sur lui. C’est dire si le chemin vers l’estime de soi est encore long. Sur l’Europe, on n’en parle même pas… Et depuis dimanche, il y a un Rumelange rasséréné par son succès à Hamm qui se dresse sur la route…
Julien Mollereau
