Dave Turpel a effectué, lundi soir, son premier entraînement officiel sous les couleurs du Progrès. Un retour, après son accident de la route survenu début octobre 2020, redevient enfin envisageable.
Il avoue qu’il «aurait pu rester au Swift», mais qu’il «voulait partir». L’ancien Dudelangeois Dave Turpel, rapatrié de Virton après une saison mi-figue mi-raisin, n’aura finalement jamais joué pour Hesperange, où différents entraîneurs successifs ont dit ne jamais l’avoir vraiment rencontré, alors qu’il travaillait pour lui, à l’écart, loin du stade avec pour unique souci de pouvoir remarcher. Puis recourir. Et peut-être, enfin, rejouer.
C’est un peu « bateau« comme question pour commencer une interview, mais vu ce par quoi vous êtes passé : comment allez-vous?
Dave Turpel : Ça va très bien. Mentalement, je me sens prêt. Bon, après deux ans loin des terrains, il me faudra encore un peu de temps, avoir la patience de ne pas trop forcer trop tôt. Je ne le sais pas encore avec certitude, mais peut-être aurai-je droit à des aménagements au début. Je vais voir avec le coach. De toute façon, de mon côté, je vais continuer mon travail personnel de musculation pour travailler les défauts que je peux encore avoir. Les muscles du dos, le haut du corps, les jambes… Le but, c’est de ne pas tomber directement dans une autre blessure. C’est du préventif.
Mais ces derniers temps, vos semaines, comment se décomposaient-elles? Concrètement, vous faisiez quoi?
J’ai repris un peu le ballon seul. Mais il m’a surtout fallu courir. Cinq jours par semaine, à raison de 1 h 30 par jour et parfois de deux séances le même jour, je devais faire… je ne sais pas, mais peut-être sept à huit heures par semaine. J’ai même refait des séances d’entraînement avec Niederkorn en fin de saison et je me sentais très, très bien. Le souci (il sourit), c’est que je n’aime pas perdre et qu’il est dur de se retenir d’aller mettre le pied. En tout cas, je n’aurais pas eu peur d’aller le mettre, et ça, c’est déjà bien… En fait, le plus dur, ce sera la patience.
Le Progrès prend-il un risque en vous accordant un contrat? Le risque de vous payer sans jamais retrouver le Dave Turpel décisif d’avant l’accident.
Non, le Progrès ne prend pas un risque avec moi. Pour moi, c’est sûr, je rejouerai. On ne peut pas lire dans le futur, mais c’est le but. Ce qui ne m’empêche pas de remercier Fabio Marochi et Thomas Gilgemann (NDLR : l’ancien et le nouveau président du Progrès) de m’offrir cette chance. J’ai été content qu’on s’intéresse encore à moi. Fabio m’a dit : « Je veux t’aider à rejouer. Et si ça marche, tout le monde sera gagnant.“ Quelques autres clubs m’avaient contacté, mais ils évoluaient en PH et même, pour certains, en D1. Moi, je voulais rester en DN. Je savais qu’à un échelon plus bas, voire deux, même s’il s’agissait de clubs ambitieux qui voulaient remonter, ça ne travaillerait pas comme moi je le souhaiterais. Avant, je dois bien l’avouer, je n’ai jamais été un grand bosseur. D’ailleurs, je déteste toujours. Mais je n’ai pas le choix.
C’est humiliant, à 29 ans, avec quatre titres de champion au compteur et trois Coupes, mais aussi plus de 50 sélections, d’être contacté par des clubs de PH ou de D1?
Non, ce n’est pas humiliant ni frustrant. Ce sont des clubs qui veulent se donner des moyens et qui avaient déjà recruté des copains à moi. Après, ils m’ont tous dit : « Écoute, on espère pour toi que ça remarchera en DN, mais si jamais ça n’est pas le cas, la porte reste ouverte. »
À ma meilleure époque, à Dudelange, mon poids de forme, c’était environ 84-85 kilos. Là, en ce moment, j’en suis à 86,5. On n’est pas loin
En combien de temps reverra-t-on un Dave Turpel à peu près performant?
Je ne sais pas vous le dire. Je verrai bien comment je me sens à l’entraînement. Normalement, cela devrait aller. Mon corps n’a pas beaucoup changé. Enfin si, il avait changé à un moment, parce que j’avais perdu beaucoup de muscles, mais ça revient pas à pas. À ma meilleure époque, à Dudelange, mon poids de forme, c’était environ 84-85 kilos. Là, en ce moment, j’en suis à 86,5. On n’est pas loin. Je suis le genre de type qui ne grossit pas beaucoup. Je n’ai jamais dépassé les 89 kilos. Alors, je me dis qu’avec une bonne préparation…
Cela ne nous dit pas quel genre de Dave Turpel on retrouvera, si?
J’espère qu’on va retrouver ce Dave Turpel puissant. Après, au-delà de ça, je dois aussi appréhender un nouveau club, une nouvelle équipe et, même si je le connais, un nouveau coach. Il faut que je m’adapte.
Rejouer, ce sera un miracle?
Si je jette un coup d’œil en arrière, je n’arrive pas à croire que cela va être le cas. Et pourtant, ça va être le cas, je vais rejouer. Mais dès le premier jour après l’accident, je me suis promis que je rejouerai, alors que je ne savais même pas si je pourrais remarcher un jour! J’y ai toujours cru, je n’ai jamais abandonné.
Il faut envisager un premier match. Et donc un premier but. Vous y avez déjà pensé?
Non, tiens, je ne sais pas comment je le fêterai… Moi, là, rien que de jouer 20 minutes sur un terrain de DN, je serais vraiment content, alors un but… Vous avez raison, je vais commencer à y penser.
Vous reconduisez?
(Il sourit) Oui. Et je n’ai pas d’angoisses. La vie… la vie pourrait être mieux, mais je suis sacrément bien entouré et je me sens heureux.